Conférence-débat avec Solveig Lelaurain (chercheure en psychologie sociale), Sophie N’Diaye (psychologue sociale) et Magdeleine Pillant (psychologue clinicienne)
À partir d’expériences issues de leurs trajectoires de psychologues, dans leurs pratiques professionnelles de recherche et clinique, comme dans leurs pratiques militantes, les intervenantes aborderont les enjeux politiques associés à la psychologie dans une société façonnée par des rapports de dominations systémiques (sexisme, racisme, homophobie etc…). Elles plaideront alors en faveur d’une épistémologie féministe des pratiques d’accompagnement.
L’essor de « la psychologie » s’accompagne de sa critique en tant que discipline favorisant le contrôle social en ce qu’elle tend à individualiser et à psychologiser les problèmes sociaux. Cela se concrétise notamment à travers des diagnostics plus sévères envers celleux qui s’écartent des normes dominantes (hétérosexualité, masculinité, blanchité etc.), tout comme une pathologisation des personnes jugées déviantes. Nécessairement façonné·es par les valeurs des sociétés dans lesquelles iels sont inséré·es, les psychologues peuvent être sujets à de telles pratiques reproduisant et légitimant les discriminations structurelles.
Pour répondre à ces critiques, les intervenantes s’appuieront sur les psychologies féministes, trop peu connues, enseignées et pratiquées en France. Celles-ci défendent un cadre d'analyse politiquement non-neutre où les souffrances individuelles sont avant tout replacées dans les contextes sociaux qui les génèrent. Ces psychologies questionnent également les rapports de pouvoir inhérents à la situation thérapeutique, où des théories dogmatiques mobilisées sous couvert d’« objectivité » et de « neutralité » dédouanent les psys de leur responsabilité dans la reproduction d’un ordre social dominant.