La place et l’image de la femme dans l’industrie du film arabe (V.O.)

Table ronde en deux parties modérée par Nicola Schieweck (programmatrice du festival Films Femmes Méditerranée, Marseille), avec les réalisatrices Sofia Djama, Farah Kassem, Faten Matmati, Shirin Abu Shaqra et Mathilde Rouxel

Première partie

Petite, j’avais toujours voulu faire de l’image, mais on me l’avait interdit. « Ce n’est pas un métier pour les filles »… extraits des entretiens avec Jocelyne Saab par Mathilde Rouxel.

Les personnages féminins de notre programmation, de la poétesse de Stefanie Brockhaus et Andreas Wolff en passant par la jeune Amal de M. Siam sont pour le moins déroutants, sans parler de Sofia dans le film de Meryem Benm’Barek ou encore du personnage principal du Jour où j’ai perdu mon ombre de Soudade Kaadan. Une nouvelle génération de réalisatrices arrive sur la scène internationale et bouscule notre vision des sociétés arabes. Comment le marché international (producteurs, distributeurs, programmateurs, jurys,…) influence-t-il le travail des réalisateurs.rices ? La vision occidentale de la femme arabe parvient-elle à influencer le travail des réalisateur.rice.s ? Et enfin, le nombre grandissant de femmes derrière la caméra (réalisatrices ou directrices de la photo) est-il en train de changer l’image de la femme à l’écran ?  Autant de questions que nous essaierons d’aborder au cours de la discussion.

Avec la participation des réalisatrices Sofia Djama (Les Bienheureux, 2017), Sarra Abidi (Benzine, 2017), Farah Kassem (Nettoyer Schaerbeek, 2017), Faten Matmati (Révélation, 2017), Shirin Abu Shaqra (What Happens to a Displaced Ant, 2017) et Mathilde Rouxel (auteure de Jocelyne Saab, la mémoire indomptée et doctorante à l’Université Sorbonne Nouvelle à Paris sur le thème: Cinéma des femmes en Tunisie, en Egypte et au Liban de 1967 à 2017).

Modéré par Nicola Schieweck (membre du comité de programmation de FFM-Films Femmes Méditerranée)

Deuxième partie

En deuxième partie les participant.e.s de la table ronde se pencheront sur l’état des lieux et la notion de genre dans l’industrie du film de la région Maghreb-Mashreq, ainsi que sur les diverses initiatives concrètes les illustrant, notamment dans le cadre du programme MedFilm, visant à renforcer un secteur du film sensible au genre.

Seront évoquées des pistes d’actions visant à relever les défis liés à la promotion du rôle des professionnelles du cinéma dans la région, dans un contexte marqué par un intérêt prononcé à l’adoption d’une approche sensible au genre en tant que levier de l’économie créative.

Modéré par Hicham Falah (Délégué général du Festival International du Film Documentaire à Agadir – FIDADOC et directeur artistique du Festival International du Film de Femmes de Salé).

Organisé en partenariat avec le Bureau de UNESCO pour le Maghreb, l’Association de Culture et d’Education par l’Audiovisuel et l’Association Tunisienne des Médias Alternatifs. Ce partenariat  s’inscrit dans le cadre du projet régional de l’UNESCO « Renforcement d’un secteur du film sensible au genre dans la région Maghreb-Machreq » cofinancé par l’Union Européenne dans le cadre de son programme MedFilm, et qui vise à promouvoir l’image et la place de la femme dans le secteur du film (cinématographique, télévisuel, sur le web/ fiction et documentaire) dans sept pays cibles : Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Libye, Maroc et Tunisie.

La Fabulerie
Le 7 avril : 14h-16h et 16h30-18h30
Entrée libre
www.lesrencontresdaflam.fr 
10 boulevard Garibaldi
13001 Marseille
04 86 97 19 88
06 13 06 88 52

Article paru le mercredi 20 mars 2019 dans Ventilo n° 425

Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam

L’ami de la famille

 

Du 1er au 7 avril, les Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam mettront de nouveau à l’honneur les cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient, dans divers lieux de diffusion de Marseille et sa région. Une occasion toujours exceptionnelle de découvrir une création dynamique.

  Certes, de nombreuses cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient trouvent leurs origines à l’aube du cinéma — on songe à l’Égypte, qui proposa ses premières projections un an après celles de La Ciotat. Or, plus de cent vingt ans plus tard, c’est bel et bien dans cette région du monde que le geste filmique conserve une éternelle jeunesse, toujours réinventée. À cela, diverses raisons, dont sans doute les modes de production, certes complexes, qui ont fait éviter aux œuvres du Maghreb et du Moyen-Orient l’écueil d’un mécanisme industriel cinématographique formaté. Les films qui nous parviennent aujourd’hui encore développent en grand majorité un regard saillant sur les sujets qu’ils abordent, empreint d’un sentiment d’urgence que le cinéma se doit de conserver. La cité phocéenne devient chaque année le témoin de la grande diversité des cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient, avec les excellentes rencontres proposées par l’équipe d’Aflam : pour sa sixième édition, la manifestation déploie une programmation passionnante, multipliant les angles de vues sur de nombreux pays du pourtour sud de la Méditerranée, avec, cette année, un fil conducteur universel et cependant prégnant dans les œuvres du Maghreb et du Moyen-Orient : la complexité des liens familiaux. Comme en témoigne le film d’ouverture, Le Déjeuner, huis clos familial dans lequel se reflète la société libanaise, que viendra présenter son réalisateur Lucien Bourjeily. Suivront alors une trentaine de films à découvrir sans réserve, parfois accompagnés des cinéastes, à l’instar de Benzine de la réalisatrice tunisienne Sarra Abidi (séance présentée par Films Femmes Méditerranée), Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia (l’une des belles surprises en salles de cette fin d’année passée), Of fathers and sons de Talal Derki, dont on avait aimé Retour à Homs et qui animera lors de ces rencontres une précieuse master class, Baghdad Station de Mohamed Jabarah Al-Daradji, La Traversée d’Ameen Nayfeh ou Le Convive d’Hakim Mastour. Citons par ailleurs la projection du formidable court-métrage de Romuald Rodrigues Andrade, Trace ta route, tourné à Vitrolles, où l’on retrouve au générique le jeune Idir Azougli, qui nous avait épatés dans Shéhérazade. Sans oublier, déjà encensé dans ces colonnes, le saisissant Amal, que le réalisateur Mohamed Siam accompagnera au Mucem, à l’Alhambra et au Méliès de Port-de-Bouc. Deux temps forts s’imposent en points d’orgue de cette programmation : l’hommage, d’une part, à l’un des plus grands cinéastes égyptiens, Youssef Chahine, dont un pan de l’œuvre considérable a fait dernièrement l’objet d’une restauration en version numérique. De Gare centrale à Un jour… le Nil, sans oublier sa tétralogie autobiographique — dont Alexandrie encore et toujours —, le cinéaste a tissé une œuvre d’une formidable intelligence à redécouvrir sans tarder ! Enfin, les Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam mettent chaque année à l’honneur, dans la section Au-delà des frontières, un pays voisin : pour cette nouvelle édition, le choix s’est porté sur le cinéma contemporain serbe, avec cinq films programmés. Si l’on ajoute à ces propositions les cafés-cinés, tables rondes ou ateliers, ces rencontres restent derechef l’un des temps forts cinématographiques de l’année développés dans la cité phocéenne.  

Emmanuel Vigne

 

Rencontres Internationales de Cinéma : du 1er au 7/04 à Marseille et en région Sud-PACA.

Rens. : www.lesrencontresdaflam.fr 

Le programme complet des Rencontres Internationales de Cinéma ici