Rencontre autour de la maison d'édition et présentation des livres de Florence Pazzottu, Frédérique Guétat-Liviani et Paul de Briançon
Fondée en 2008 par Catherine Tourné, maison d’édition nantaise et parisienne, Lanskine, attentive à la modernité, publie principalement de la poésie et des textes littéraires d’auteurs francophones porteurs d’une exigence langagière ou d’un ton.
Au gré des rencontres ou des découvertes, elle est aussi ouverte aux traductions, aux romans et à tout texte qui par-delà de ses qualités stylistiques porte en lui une nécessité de langue.
www.editions-lanskine.fr
Présentation de j'aime le mot homme et sa distance, de Florence Pazzottu; Il ne faudra plus attendre un train, de Frédérique Guétat-Liviani; et Difficile d'en sortir, de Paul de Brancion.
Dans j’aime le mot homme et sa distance (cadrage débordement)Florence Pazzottu emprunte au rugby le cadrage-débordement et ses trois temps, face-à-face, feinte et échappée, pour proposer, dans une traversée réjouissante des formes et des genres, une véritable aventure poétique, dans un sens que ce livre contribue à renouveler. S’ouvrant sur un éloge du ratage et du dévoiement dans lequel mythes et faits d’Histoire voisinent et fusionnent avec les expériences les plus contemporaines, triviales parfois. J’aime le mot homme et sa distance joue sans cesse, entre vers et prose, entre jaillissement et précision de la pensée, récit serré et saut risqué, autobiographie et adaptation de contes japonais du Xe siècle (avec invention de poèmes-sms), et surprend autant par son accueil de l’imprévisible (dont Florence Pazzottu fait une discipline) que par l’exigence de sa composition.
Dans Il ne faudra plus attendre un train, le dernier livre de Frédérique Guétat-Liviani, un mère meurt. Pas une mère au sens courant du terme. Celle-là a toujours revendiqué sa détestation de la famille et son ardeur à la fugue. Mais maintenant elle ne peut plus partir et ce sont les mots qui la quittent, l’un après l’autre. Les trous s’imposent. C’est avec eux qu’il faudra écrire, afin que le silence n’arrache pas la langue mais la tire, l’étire, vers le poème à venir.
Difficile d’en sortir, de Paul de Brancion, est une réflexion sur la manière dont le pouvoir s’exprime notamment à travers l’emploi du vouvoiement dans la sphère privée et publique. Chaque texte s’ouvre sur un extrait détourné et plein de drôlerie d’une fable de la Fontaine. La deuxième partie, Maître Corbarek XXI, est une fable de circonstance sur le Covid. Maître «Corbarek» observe les hommes « malades de la peste » et essaie d’en tirer une leçon « qui vaut bien un fromage sans doute. »
Florence Pazzottu est née à Marseille, où elle vit actuellement. Elle a co-fondé à Paris (avec Christiane Veschambre) et co-dirigé (avec Thierry Trani puis avec Isabelle Garron) la revue Petite (1995-2005), a été membre du comité de rédaction d’Action poétique (de 2005 jusqu’à la fin de la revue en 2012), et a pris en 2017 la direction des « Cris poétiques » au Vélo-Théâtre d’Apt (Lubéron). Elle a publié une quinzaine de livres chez différents éditeurs (LansKine, Commune, Flammarion, Al Dante, Seuil, L’Amourier, Cadastre8zéro…), et réalise des films dont plusieurs ont été sélectionnés en festivals. Certains de ses textes ont été, par elle-même ou par d’autres, adaptés au théâtre ; elle écrit aussi parfois pour la compagnie Les Guêpes rouges de Clermont-Ferrand. Son dernier film, produit par Alt(r)a Voce, Un faux roman sur la vie d’Arthur Rimbaud, d’après le texte éponyme de Jack Spicer traduit par Éric Suchère, a fait partie de la sélection du FID de Marseille et a été déclaré « meilleur film expérimental du mois de septembre par le Blackboard International film festival en Inde, en 2021.
Frédérique Guétat-Liviani est née à Grenoble le 22 mai 1963. En 1987, après cinq années d’études à l’école des Beaux-Arts d’Avignon et l’obtention du DNSEP, elle met en chantier Intime Conviction, non-lieu de création artistique qui, au bout de 7 ans de réflexion, donnera naissance aux éditions Fidel Anthelme x à Marseille. Elle fait des installations qui parlent du langage, écrit des textes qu’elle construit comme des images. Elle n’appartient ni à la caste des poètes, ni à celles des artistes et se réjouit de cette impureté. Derniers livres parus : Nireineniroi(Horstexte n°1, avec des images de Jérôme Jean, Ze Tract, 2021), Hop là !(L’âne qui butine, 2021), Go(Julien nègre éditeur, 2018), Espèce(Le Temps des cerises, 2017).
Écrivain de romans et de poésie, Paul de Brancion est rédacteur en chef et fondateur de la revue SARRAZINE (www.sarrazine.net). Il s’implique régulièrement dans des projets artistiques transversaux notamment avec des compositeurs de musique contemporaine, organise et anime les Rendez-Vous du Bois Chevalier, rencontres annuelles consacrées à la littérature, aux sciences et à la poésie. Il dirige L’ours et la vieille grille, café culturel parisien ; et aux éditions LansKine, la collection Régions froides. Derniers livres publiés : L’ogre du Vaterland(Bruno Doucey, 2017), Tu veux savoir comment je m’appelle ?(LansKine, 2019), Glyphosate for ever(Rougier V. Ed., 2020).