Pascal Poyet - Prends ton temps !

Solo poétique (45')

« Une des questions qui me taraudent depuis longtemps, c’est : Comment ça tient ensemble ? Et cette question, ce comment faire tenir ensemble, je crois que c’était à ça que s’évertuaient les personnages du cinéma burlesque. Lorsqu’un Buster Keaton essaie toutes les positions possibles pour tenir dans une automobile au plafond bas sans ôter son chapeau haut-de-forme, eh bien ça me semble être cette question qu’il se pose, qui se pose ou plutôt qui s’impose, à lui. Et dire que ça tient ensemble, cela veut dire que chaque chose se tient là dans toute sa singularité — qu’elle brille par sa singularité, sans être écrasée par la voisine. Et pour que ce soit possible, il y a une chose que je crois importante, c’est que le tout qu’ils forment ne soit pas décrété d’en haut, mais dessiné à partir de chaque élément. D’ailleurs ce n’est pas à proprement parler un tout, mais plutôt un état. Un état possible des choses. Au fond, tout cela, passer d’une langue à l’autre, aller de l’écrit à la parole et de la parole à l’écrit, opérations de traduction, de lecture ou de transcription, d’écriture et d’édition — tout cela est assez burlesque. C’est-à-dire relève de l’acrobatie nécessaire — corde raide et patatras, revanche organisée, concentration — pour faire tenir ensemble des états de choses fondamentalement différents, sinon opposés. Tout cela même d’une certaine manière foncièrement comique. »
— Pascal Poyet


Poète traducteur, éditeur, Pascal Poyet a récemment publié J’ai dormi dans votre réputation : traduire mais les Sonnets de Shakespeare(Héros-Limite / Éric Pesty). Il est aussi notamment l’auteur de Regardez, je peux faire aller Wittgenstein exactement où je veux(TH.TY., collection Intraduction), Un futur(L’Ours Blanc, Héros-Limite), Draguer l’évidenceet Linéature(Éric Pesty), Un sens facétieux (Cipm). Il a traduit de nombreux poètes et artistes de langue anglaise, dont David Antin, Lisa Robertson, Rosmarie Waldrop, David Shrigley, Juliana Spahr, Rachel Levitsky, Etel Adnan. Il a créé en 1998 les éditions contrat maint avec l’artiste Françoise Goria. Depuis 2019, il dirige Le Journal des Laboratoires / Mosaïque des Lexiques, revue des Laboratoires d’Aubervilliers.

cipM - Centre international de Poésie Marseille
Le samedi 14 octobre 2023 à 11h
Entrée libre
www.actoral.org
2 rue de la Charité
Centre de la Vieille Charité
13002 Marseille
04 91 91 26 45

Article paru le mercredi 13 septembre 2023 dans Ventilo n° 486

Festival Actoral

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En pleines formes

 

Filant la métaphore d’une couronne de pain dès son identité graphique, la nouvelle édition d’Actoral met en bouche notre temps et vient chercher l’appétit de tous nos sens.

    À l’heure où nous écrivons ces quelques ligne, les crayons de couleur de l’été sont un peu mâchouillés, et la rentrée de septembre nous accable déjà de ses nouveautés et de surinformation. Si c’est à contrecœur que nous quittons la nonchalance estivale, on peut se consoler en se rappelant que septembre est aussi le mois d’un rendez-vous devenu incontournable dans cette rentrée culturelle qui s’étirera jusqu’à la mi-octobre. Si le festival Actoral est synonyme de profusion, il n’en est pas moins aux antipodes du consumérisme appauvrissant qui nous entoure : ici, chacune des soixante-douze propositions est une petite pépite en soi, la signature d’un regard délicat et parfois en même temps une œillade provocatrice envers une société qui s’emballe. Dans la cour de Montévidéo, la petite équipe nous attend pour un point presse avec Hubert Colas, fondateur de cet événement qui a acquis sa dimension actuelle en 2013, il y a dix ans. Celui-ci se plaît d’ailleurs à rappeler le rendez-vous confidentiel que furent les toutes premières éditions, qui réunissait quelques aficionados de la littérature poétique et autres mordus de théâtre, avant que d’évoquer les différentes propositions des deux cents artistes invités au festival cette année. Mais comme à son habitude, Hubert étant de ceux qui se mettent aussi au service des autres artistes, il offre la primauté du tour de parole à trois artistes alors en résidence dans ce formidable outil qu’est Montévidéo : Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong Castaing nous parlent ainsi de leur installation performative intrigante sur les hikikomori (voir ci-dessous), tandis que le jeune Darius Dolatyari-Dolatdoust nous parle de son amour pour le textile, davantage passionné par le réinvestissement de ce qui existe déjà que par la création, dans une perspective écologique plus que louable dans l’art du vêtement, et dont on peut voir les immenses fresques brodées sur les murs de Montévidéo jusqu’en octobre. Tout les distingue, mais on flaire une même dynamique, sensible au monde qui les entoure et immergée dans celui-ci, bien loin d’une expérimentation incongrue et confidentielle menée dans une tour de verre. De ce même lieu, épicentre du projet d’Actoral menacé par une expulsion comme beaucoup le savent déjà, nous ne parlerons guère dans ces colonnes car l’heure est aux délicates négociations. Nous apprenons que l’État et la Ville de Marseille semblent avoir répondu à l’appel à l’aide d’Hubert Colas, tous conscients de l’incontournable utilité de cet espace de fabrication des œuvres les plus singulières, souvent reconnues par la suite dans les plus gros lieux de diffusion, et maillon incontournable de la vitalité artistique de notre temps pour la ville, l’hexagone et au-delà. Non sans un certain paradoxe, la question devient presque patrimoniale pour la création contemporaine. Estimant cet archipel fertile et prolixe, une ordonnance 45 du ministère de la Culture impose désormais une pérennité de l’usage culturel de ces bâtiments. Puisse le propriétaire l’entendre aussi de cette oreille, c’est tout ce que nous leur — et que nous nous — souhaitons ! Pour revenir à notre présent, l’édition 2023 d’Actoral reprend les ingrédients et les (bonnes) recettes qui ont fait son succès : un investissement du territoire marseillais avec un week-end d’ouverture qui se lie aux dix ans du Mucem, une politique de partenariat avec des grands théâtres comme avec de petites librairies, une polymorphie des formes proposées et une dynamique festivalière qui, par sa programmation journalière sur quatre semaines et ses moments festifs, permet une densification et une unité du public qui se retrouvera de soir en soir, au fil des propositions. Un public à qui ces artistes semblent vouloir faire écouter ce que la société éveille en eux, dans une pluralité de formes « souvent aux confins du burlesque et du macabre »… Vaste programme, dans lequel nous vous invitons à prendre le risque sur quasiment chaque proposition, tant l’ensemble est alléchant. Faisant fi de l’exhaustivité, mais conscients que notre lectorat reconnaîtra beaucoup de noms dans la programmation faite de fidélités artistiques (Christophe Fiat, Mohamed El Khatib, Laura Vazquez, Dorothée Munyaneza, Tommy Milliot, Léa Drouet, Rodrigo Garcia, Dieudonné Niangouna, Dana Michel, la Need Company… et tant d’autres qui échappent à ce name dropping, faute d’espace), nous avons sélectionné des propositions qui arrivent tôt dans l’agenda. Affaires sensibles, à faire, à suivre…  

Joanna Selvidès

 

Actoral : du 21/09 au 14/10 à Marseille.

Rens. : www.actoral.org

Le programme complet du festival Actoral ici

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