Sous l'angle « Algérie France, vue par », historiens, artistes et jeunes générations sont invités à partager leurs regards et leurs histoires, interrogeant ainsi la complexité des héritages collectifs et individuels.
14h—ouverture par Benjamin Stora
14h30—Algérie France, vue par Raphaëlle Branche et Christian Phéline – modération Florence Hudowicz
15h30—Algérie France, vue par Magyd Cherfi et Faïza Guène – modération Naïma Yahi
16h30—Algérie France, vue par Jacques Ferrandez et Slim – modération Tewfik Hakem
18h—Plateau Radio Grenouille avec le collectif L’Algérie au cœur
19h—Algérie France vue par les jeunes générations - Plateau Radio Grenouille
(focus podcast Sauce algérienne)
20h30—Concert : Les Héritières – Tribute to Rimitti
En ouverture du Festival Magic Barbès 2021, FGO-Barbara a accueilli quatre chanteuses engagées pour une création nommée «les héritières - Tribute to Rimitti», en l’honneur de la regrettée pionnière du raï Cheikha Rimitti.
Sous la codirection artistique de Mustapha Amokrane et du directeur musical Nassim Kouti, cette création a mis en scène les talents de Souad Asla, Samira Brahmia, Hadjla et Nawel Ben Kraïem.
Cheikha Rimitti : la transmission d’un genre par une âme libre
Disparue en 2006, celle que l’on nommait «la mamie du raï» ou encore la «mère du raï moderne» est une figure emblématique, elle-même héritière du raï bédouin.
Femme au talent exceptionnel et au caractère bien trempé, cette native d’Oran, aura fait grandir avec elle toute une nouvelle génération de chanteurs raï, des plus confidentiels aux plus connus, comme Cheb Mami, Cheb Khaled, Boutella Safi ou encore Cheb Abdou. La chanteuse et musicienne, accompagnée de ses tambourins guellal et de ses flûtes gasba, savait émouvoir ou provoquer, transformant des textes poétiques en pamphlets engagés au potentiel émotionnel ahurissant. Quand Rimitti montait sur scène, ce n’était pas franchement pour plaisanter : elle irradiait la salle, transcendait les codes du raï traditionnel pour en faire un langage féministe, engagé et éruptif. D’une modernité absolue, elle pouvait aussi bien évoquer la religion et la spiritualité que le sexe, la fête et l’hédonisme.
De sa notoriété grandissante dès 1954 avec la sortie de son album « Charrag » à sa consécration par l’Académie Charles-Cros qui lui décerne son Grand Prix en 2000 pour son disque « Nouar », Cheikha Rimitti aura inscrit ses lettres de noblesse au raï, lui insufflant une modernité, une ouverture et un rayonnement que jamais jusqu’alors ce genre de musique n’avait connu.
«Remettez ! Remettez !»
Elle a révolutionné la chanson algérienne et a littéralement importé le raï en France dès les années 80, mais elle a aussi fasciné par sa dimension mystérieuse et son humanisme. De Saâdia Bedief (son véritable nom), on sait qu’elle aimait les gens, la connivence et la fête.
Et l’origine de son nom d’emprunt provient d’une anecdote d’ailleurs assez croustillante, quand la chanteuse, grisée par la fête et les discussions arrosées entre amis, scandait au serveur «Remettez ! Remettez !» en parlant bien sûr d’une dose dans les verres. Avec l’accent, cet impératif s’entendait «Remitti».
Une place parisienne à son nom, Cheikha Rimitti a passé toute sa vie à Paris, et principalement dans le quartier de la Goutte-d’Or, qui fut pour elle une source d’inspiration gigantesque de par ses cultures protéiformes.
Quatre chanteuses pour un hommage haut en couleurs :
Les chanteuses Souad Asla, Samira Brahmia, Hadjla et Nawel Ben Kraïem chanteront lors de cette création originale pour célébrer Cheikha Rimitti, la figure de proue de ce patrimoine musical gigantesque. Elles interpréteront des chansons de Cheikha Rimitti ainsi que des titres de leur répertoires respectifs.
Raphaëlle Branche
Raphaëlle Branche est professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris-Nanterre. Ses travaux portent essentiellement sur les violences en temps de guerre, de leurs conceptions à leurs perpétrations et à leurs mémoires. Centrés sur la guerre d’indépendance algérienne, ils s’articulent autour de la nature des armées engagées, des normes mobilisées dans ces conflits particuliers que sont les guerres de guérilla et des dimensions genrées des conflits armés en général. Son dernier ouvrage paru est Papa, qu'as-tu fait en Algérie ?, La Découverte, 2020. Elle est également récemment l’autrice de En guerre(s) pour l’Algérie, une série documentaire de six épisodes co-écrite avec Rafaël Lewandoswski.
Christian Phéline
Ayant longtemps exercé des responsabilités dans l'administration de la culture et des médias, Christian Phéline est l'auteur de plusieurs essais. Lié à l'Algérie par sa famille depuis plusieurs générations et y ayant travaillé comme coopérant peu après l'indépendance, il a publié plusieurs ouvrages sur la société coloniale, notamment Les Avocats « indigènes » dans l'Alger coloniale(Riveneuve, 2016). Il a également co-écrit, avec Agnès Spiquel,Camus, militant communiste : Alger 1935-1937(Gallimard, 2017).
Magyd Cherfi
Magyd Cherfi est né à Toulouse le 4 novembre 1962.
Dès le lycée, il écrit des scénarios de films amateurs. En 1981, il participe à la création de l’association Vitecri pour la promotion des cultures de banlieues. Cette association produira des courts métrages vidéo, des pièces de théâtre, et toutes formes de spectacles vivants et donne naissance au groupe Zebda.
Chanteur et parolier de Zebda, groupe issu des quartiers nord de Toulouse, Magyd vit une aventure humaine où chaque membre s'est frotté aux doutes de la question politique, aux contradictions de l'engagement et de sa traduction artistique. Ils publieront six albums entre 1992 et 2015. En solo, Magyd est l'auteur-compositeur et interprète de deux albums Cité des Etoiles(2004) et Pas en vivant avec son chien(2007).
Magyd est aussi l’auteur de deux recueils de nouvelles, parus aux Editions Actes Sud. Le premier, Livret de famille, publié en 2004 révéla un talent de conteur inédit, confirmé par La Trempeen 2007. Magyd Cherfi y explore les thématiques liées à la vaste question de l’identité. Une écriture vive, poétique, et un ton souvent ironique font de ces textes des récits percutants et tendres. Son nouveau récit « Ma part de gaulois» est sorti le 17 août 2016, toujours chez Actes Sud, en lice pour le prix Goncourt 2016.
Il sort son troisième album Catégorie Reineen avril 2017, produit par sa propre structure de production indépendante LKP, et part pour une tournée nationale mise en place par le tourneur toulousain Bleu Citron.
Le 19 août 2020, sort La part du Sarrasinchez Actes Sud, suite directe de son précédent ouvrage Ma part de Gaulois.
Faïza Guène
Faïza Guène est née en 1985. Révélée par le livre Kiffe kiffe demain, best-seller traduit en vingt-six langues, elle n'a que 19 ans lorsqu'elle prend la plume pour évoquer la vie des jeunes dans la cité, milieu dont elle est elle-même issue. Elle publie ensuite Du rêve pour les oufs, Les Gens du Baltoet Un homme, ça ne pleure pas. Avec La discrétion, elle rassemble les fragments d’une histoire intime qui vient bouleverser le récit national. Faïza Guène est également scénariste et réalisatrice.
Jacques Ferrandez
Jacques Ferrandez naît en 1955 à Alger. Après l’École Nationale des Arts Décoratifs de Nice, il se tourne vers l’illustration et la bande dessinée et ses premières publications paraissent dans la revue (A SUIVRE) dès 1978. En 1987, il débute Carnets d’Orient, une fresque sur les 132 ans de présence française en Algérie, de la conquête à l’Indépendance. Spécialiste incontesté de la question algérienne, il adapte chez Gallimard BD l’œuvre d’Albert Camus avec L’Hôte en 2009, avant de transposer de façon magistrale L’Étranger en 2013 puis Le Premier Hommeen 2017. Ses livres font l’objet de nombreuses expositions, en France et en Algérie, et notamment aux Invalides en 2012, à l’occasion des 50 ans de la fin de la guerre d’Algérie. Il a reçu pour ses Carnets d’Orientle prix spécial du jury Historia 2012. Avec Suites algériennes, Jacques Ferrandez aborde l’histoire contemporaine de l’Algérie depuis 1962 jusqu’à nos jours.
Menouar Merabtène, dit Slim
Menouar Merabtène, dit Slim, né en 1945 à Sidi Ali Benyoub, dans l’ouest de l’Algérie, est dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées.
Slim croque ses personnages Bouzid et Zina, aventuriers des temps modernes, dans des bandes-dessinées distribuées en Algérie et en France et il collabore avec de nombreux journaux et magazines internationaux. Il publie notamment dans L’Humanité entre 1995 et 1997.
En 2009, un hommage officiel distinguant son œuvre et reconnaissant sa contribution au patrimoine culturel de l’Algérie lui est rendu dans le cadre de la 2e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Alger (FIBDA). Wolinski dira un jour de lui : « Si vous voulez connaître l’Algérie, lisez les albums de Slim. »
Slim collabore aujourd’hui avec Le Soir d’Algérie, quotidien francophone algérien dans lequel il publie une planche hebdomadaire (Tout Va Bien) les jeudis. Il a par ailleurs participé à des missions pour la FAO (Food and Agriculture Organization) en Égypte et en Tchécoslovaquie.
MB