« L'empire de la bêtise »
« Nous ne souffrons que d’une chose : la bêtise. Mais elle est formidable et universelle. » La passion de Flaubert, ce qui le fascine et l’enrage, ce qui le met en fureur et le rend malade c’est la bêtise dont il est l’un des premiers à explorer dans son oeuvre l’étendue sans limite. D’autres s’y emploieront, Musil, Barthes, par exemple, mais peu d’écrivains ou de penseurs mettront la même ardeur haineuse à la traquer : « Je connais la Bêtise. Je l’ai étudié. C’est là l’ennemi. Et même il n’y a pas d’autre ennemi. Je m’acharne dessus dans la mesure de mes moyens. L’ouvrage que je fais (il s’agit de Bouvard et Pécuchet) pourrait avoir comme sous-titre : « Encyclopédie de la Bêtise humaine ».
Bêtise de la politique, bêtise de la littérature, bêtise de l’intelligence, bêtise de la morale bourgeoise. Et voilà qu’au nom de la moralité il faudra un jour supprimer les classiques grecs et romains et aussi Shakespeare, Goethe, Cervantès, Rabelais, Molière, la Fontaine, Voltaire, Rousseau et non content de cette épuration, il faudra aussi supprimer les livres d’histoire qui souillent l’imagination. Quelle préfiguration de la cancel culture et de la bêtise contemporaine dans cette lettre à Maupassant qu’il faudrait relire !
— Françoise Gaillard
Du noble art de la déconnante
Alors que les cons sont légion, le déconneur est rare. Et précieux. Car si la connerie est affligeante, la déconnante est réjouissante. Elle n’est pas donnée à tout le monde, elle se travaille. Au prix de quelques malentendus : ironiste distingué à en croire Platon, Socrate est en réalité un personnage burlesque et farcesque. Quant à Jean-Baptiste Botul, dans son mystère même, il demeure une promesse inépuisable de déconnante.
- Frédéric Pagès
J'en peux rien si je suis un gros con !
Les caméras cachées de François L'embrouille ou la connerie du dedans
Avant de s'imposer comme un acteur important du cinéma contemporain, François Damiens a eu une première carrière d'humoriste et renouvelé le genre de la caméra cachée. Sous les traits de François L'Embrouille, déguisé en garagiste de contrôle technique, cuisinier de friterie ou vendeur de portable, il incarne un personnage de "gros con" qui invective et déstabilise ses clients en les confrontent à une forme de bêtise délirante toujours au bord de la rupture. Où comment la connerie assumée et revendiquée permet d'explorer les limites de la rationalité.
— Martin Legros
Romane Charbonnel