La photographie à Barcelone autour des années 1960

Entre le milieu des années 1950 et la mort du dictateur en 1975, ont vécu à Barcelone quelques grands photographes qui ont renouvelé le regard porté sur la capitale catalane durant les vingt dernières années du franquisme. Nous limiterons notre exposé à quelques noms, représentatifs de ce renouveau de la photographie espagnole durant la période : Francesc Català-Roca (1922-1988), dont le premier livre, publié en 1954, portait déjà sur cette ville ; Leopoldo Pomés (1931-2019), qui prépare en 1957 un livre sur Barcelone d’une grande modernité… mais qui ne sera publié que 60 ans plus tard ! Par contre, le livre de Joan Colom (1921-2017) sur le Barrio Chino (Izas, rabizas y colipoterras, 1964, avec un texte de C. J. Cela) et celui de Xavier Miserachs (1937-1998), Barcelona blanc i negre, publié en 1965, sont deux monuments de l’histoire des livres photographiques en Espagne. Enfin, avec les années 70 – davantage contre-culturelles et subversives –, deux jeunes photographes vont délaisser les images surréalisantes qui les caractérisaient à l’époque, pour nous offrir deux regards documentaires sur Barcelone. D’abord sur la ville elle-même, avec Bernard Plossu (1945), qui découvre et photographie la ville en 1974 – et par là-même un pays où il résidera par la suite plusieurs années, ouvrant ainsi la voie à un « Plossu espagnol », peu connu du public français. Ensuite, sur l’un des hauts lieux de la vie nocturne Barcelonaise durant le franquisme, avec un reportage sur le music-hall El Molino, réalisé vers 1975-76 par Joan Fontcuberta (1955), qui nous livre là un surprenant travail, à l’opposé de ses photomontages dadaïstes de l’époque. Découvertes dans les années 2010, ces deux séries montrent que certaines photographies argentiques ont parfois besoin de dormir un demi-siècle dans les boîtes d’archivages, avant d’être révélées au public.