ie Pepenas (1h). Chorégraphie : Pepe Elmas Naswa " />
Des rues de Kinshasa à la scène, « la danse du serpent » imprégnée de rage et de frustration bat son plein sur les rythmes endiablés de DJ Samantha, le tout orchestré par le jeune chorégraphe Pepe ‘Elmas’ Naswa.
Quand la nouvelle « star » de la danse à Kinshasa croise la danse du serpent des enfants des rues et des enfants de gangs avec la danse contemporaine, le cocktail s’avère explosif ! Plus que jamais, Pepe ‘Elmas’ Naswa relève avec brio le défi de marier les contraires : imaginer une chorégraphie sophistiquée sans jamais effacer son caractère urbain, populaire et citoyen ; conserver sur scène l’énergie inventive et le style fougueux de la danse du serpent influencée par les rythmes des boîtes de Kinshasa ou le hip-hop. L’alliance de danseurs issus de la rue, d’un DJ et d’un chanteur en maître de cérémonie est la clé de la réussite, car le temps de se mettre Dans la peau de l’autre, la danse devient le miroir de la résilience d’une génération abandonnée à son sort…
Karim Grandi-Baupain
© Pierre Gondard[/caption]
Quelle ouverture haute en couleurs que ce Sacre du Printemps interprété par 300 Marseillais amateurs, issus de diverses écoles de danses ou structures socio-culturelles de la ville !
Depuis plusieurs semaines, une vingtaine de petits groupes se sont retrouvés pour créer un Sacre pluriel, selon le concept inventé en 2018 à Gand par Alain Platel. Un Sacre constitué d’une assemblée multi ethnique, culturelle, intergénérationnelle et paritaire, représentative de la ville qui l’accueille et prouvant que la danse appartient à tous. La version de cette œuvre culte, qui sera présentée au Parc Borély, est agencée par trois artistes marseillais : Yendi Nammour, Isabelle Cavoit et Samir M’Kirech (danseur chez Alain Platel). Une manière positive et puissante de gommer les différences par la danse.
MA
© Janto Djassi[/caption]
Après les Cabaret Crusades qu’il avait présentées à Marseille en 2013, Wael Shawky revient avec une audacieuse proposition, celle de nous présenter la très chrétienne et médiévale Chanson de Roland traduite ici en arabe et chantée sous forme de fidjeri, d’une tradition de chant millénaire venue du Golfe Persique. A travers le récit de la bataille de Charlemagne contre les Sarrasins et dans une scénographie faite de 600 miniatures qui lient Alep, Bagdad et Istanbul, 21 chanteurs nous envoûtent de leurs mélopées féériques et de leurs percussions, dans une subtile et transgressive évocation de ce qui constitu(e)(a) les relations entre l’Orient et l’Occident, en un temps où le pétrole ne dictait pas le jeu. Une mine d’or pour vos yeux et vos oreilles, un voyage au-delà des frontières physiques et une première française.
JS
© Danny Willems[/caption]
Après Love Zoo de Felix Ruckert (2004), la danse invite de nouveau le public à venir modifier le déroulé d’une représentation. Dans cette nouvelle création de Seppe Baeyens, le travail du danseur devient une réflexion sur l’avenir immédiat, le contretemps, ou comment reprendre le fil d’une conversation interrompue. Le spectateur se prend au jeu et découvre de nouveaux horizons, de nouvelles possibilités de rencontres. L’un dans l’autre, une expérience prend forme dans le calme et la sérénité pour mieux appréhender, dans l’ivresse de la musique live, une explosion des sens.
KGB
© Foppe Schut[/caption]
Trois musiciens et une chanteuse, venus des quatre coins du monde, entourent l’étoile montante du flamenco contemporain, Vanesa Aibar. Luminescence est le nom du projet non moins brillant que porte Amir ElSaffar, entre New York et Bagdad, ici ou là. Mais ici, vous ne verrez pas que du flamenco. Si la prestigieuse Fondation Royaumont a décidé de le suivre, c’est bien parce qu’on ne s’y contente pas de réunir les pointures de cante, de flamenco, de percussions ou de maqâm arabe – encore que. Ici on veut le duende, ici on veut le twarab. On les cherche, on les étire, on les tourne, et à force de compas, on accède à une forme d’extase, sans syncrétisme ni fusion culturelle, mais dans la naissance d’une transcendance qu’on dirait universelle parce qu’intime. Nul doute à parier la force du moment, dans une tension montée avec brio et virtuosité.
JS
© Dorthea Tuch[/caption]
Après le très captivant En alerte, le chorégraphe marocain Taoufiq Izeddiou retrouve le Festival de Marseille pour une ode à la différence. Avec Botero en Orient, il nous parle de son corps « hors normes » pour la danse et notre société si calibrée. Ce fou d’architecture aborde la question du poids par le biais du volume. Prenant pour références la rondeur et l’exubérance des œuvres de Botero, il suit la voix de la chanteuse marocaine Fatima Ezzahra Nadifi, et les mots sublimes de la poétesse et peintre libanaise Etel Adnan pour aborder les luttes aussi intimes qu’universelles. Sensualité, force, vibrato de chair, poésie et matière à penser à l’affiche ! Égérie flamboyante d’Olivier Dubois (précurseur de la sublimation des corps « atypiques » dans la danse contemporaine), Karine Girard fait partie de cette belle distribution.
MA
© Nadia Lauro[/caption]
Œuvrant sans relâche depuis plus de quinze ans, Latifa Laâbissi est une icône militante, une activiste de la danse contemporaine. Et pour sûr, on ne ressort indemne d’aucun de ses actes artistiques. Ici, elle s’attaque au marronnage, nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l’époque coloniale. De là, elle donne à sa pièce la forme d’un quatuor où on se faufile, on s’évite, on se contourne, on se fuit dans un treillis végétal imaginé comme un maquis par sa fidèle et inestimable scénographe Nadia Lauro. Ajoutez à cela un casting de rêve : l’intrépide Volmir Cordeiro, la troublante Jessica Batut, l’impertinente Sophiatou Kosssoko et l’époustouflante Latifa elle-même au plateau. White Dog sera assurément l’un des grands moments de danse de cette édition.
JS