Ersilia

Solo entre musique actuelle et danse de et par Alvise Sinivia (conception et performance)

Le point de départ de Ersilia est un dispositif, à la fois sonore, scénographique et chorégraphique, qui permet d’explorer la relation entre corps/mouvement et piano/son. Alvise Sinivia cherche comment l’engagement intégral du corps peut produire de la musique et comment ce jeu engendre du geste en retour : l’interdépendance geste-son propre à toute pratique instrumentale est ici portée à son paroxysme.

« Dans la continuité de mes précédentes créations, le but de ce dispositif est encore de trouver de nouvelles manières de lier mouvement et son. […] Mon travail n’est qu’une amplification de cette relation, soit le corps devenu un archet vivant. » [Alvise Sinivia]

Le titre de la pièce Ersilia vient du nom d’une ville du livre d’Italo Calvino Le Città invisibili (Les Villes invisibles). Elle est une source d’inspiration très importante pour cette création. Les notions de traces, de mémoire et d’architecture ont nourri la dramaturgie et la scénographie de la pièce.
« … à Ersilia, pour établir les rapports qui régissent la vie de la ville, les habitants tendent des fil qui joignent les angles des maisons, blancs, ou noirs, ou gris, ou blancs et noirs, selon qu’ils signalent des relations de parenté, d’échange, d’autorité, de délégation. Quand les fils sont devenus tellement nombreux qu’on ne peut plus passer au travers, les habitants s’en vont : les maisons sont démontées ; il ne reste plus que les fils et leurs liens. »

Le Module / Friche La Belle de Mai
Du 14 au 18 mai : mar 19h - sam 17h
6/10 €. Pass soirée : 16/22 €
http://gmem.org/festivals/les-musiques-2019
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 96 20 60 16

Article paru le jeudi 2 mai 2019 dans Ventilo n° 428

Le festival Les Musiques 2019

Ingénieux du son

 

Depuis plus de trente ans, le festival Les Musiques redessine les contours de la création contemporaine. Tour d’horizon en compagnie du directeur du GMEM, Christian Sebille.

  En ces temps où nos politiciens, de tous bords, se désintéressent de la culture en général et de la musique en particulier, Christian Sebille et le GMEM veulent faire entendre des musiques de notre temps dans de plus en plus de lieux, de quartiers, investissant de nouveaux espaces dans la ville. Faire partager la musique, la création. Dans son édito, le directeur du GMEM explique très clairement ce qu’il entend de plus en plus mettre en place. Le GMEM réfléchit à son fonctionnement, à ses méthodes de travail. À sa finalité, à son fonctionnement. C’est ainsi qu’un « collectif » d’amis, d’amateurs, de passionnés, venus de différents quartiers dans et hors Marseille, aura l’occasion de participer à des moments de réflexions, de partage vers la mise en place de nouvelles modalités. Dans l’immédiat, c’est un festival Les Musiques fort d’une douzaine de créations qui propose son édition 2019, à suivre dans également une douzaine de lieux, parfois habituels (la Friche et ses multiples espaces, Klap, le BNM, la Criée...) ou bien plus inattendus (du moins pour ces musiques) comme le Temple Grignan, la Maison de Quartier de la Cayolle, la Résidence des Tilleuls à Frais-Vallon ou encore les Galeries Lafayette Marseille Prado, dont les cabines d’essayage recevront des installations sonores. Côté compositeurs, on retrouvera de grands noms, comme Michaël Levinas qui, autour du grand classique de la littérature persane La Conférence des oiseaux, rencontrera le compositeur marseillais Régis Campo, mais aussi Guigou Chenevier, Jean-Marc Montera, Pascal Gobin ou Peter Sinclair, spécialiste d’installations sonores innovantes (et dont la création Selfie Orchestra, avec le compositeur Owen Chapman, intégrera les spectateurs)… et bien d’autres personnalités à découvrir.   Les Musiques de Christian Sebille Il se définit lui-même comme un « paresseux ». Mais ce paresseux, qui tout au long de l’année se démène pour donner toujours plus de vie au GMEM, s’avère terriblement actif. Et quand on lui demande pourquoi il continue ce festival né il y a déjà trente-deux ans, il répond que c’est « pour garder cette partie visible de l’iceberg» La manifestation représente beaucoup de diversité, beaucoup de collaborations et de co-réalisations (l’Opéra, le Festival de Marseille, ActOral...), de programmations partagées. Il y a aussi la raison historique de poursuivre quelque chose après la fin de Reevox. Pour Christian Sebille, ce festival a une image de créativité. Et il s’inquiète parce que la culture, la créativité — surtout en musique — fait peur aux politiciens et n’est donc pas favorisée par les institutions. Selon lui, la musique est un vecteur très étrange ; elle existe avant même l’apparition du langage, in utero — il dit que le compositeur « babille » —, et elle est un lieu à la fois de fascination et de liberté. Cette créativité, il veut qu’elle se développe, même si d’aucuns regrettent quelque peu le temps où, Raphaël de Vivo alors aux commandes, le festival offrait plus d’œuvres du répertoire. Il y reviendra sans doute, mais plus tard... Pour l’instant, il privilégie des œuvres plus emblématiques de jeunes compositeurs, des parcours de découverte, des cheminements nouveaux. Il faut aller voir ailleurs, toujours échanger. C’est ainsi notamment qu’est né le projet de la Cayolle, parti de rien, juste d’une idée de la présidente du CIQ... Ces quelques jours à venir, c’est aussi des moments de partage avec le public, des lieux inédits à investir, à animer (le Théâtre Nono, le Conservatoire, les cabines d’essayage d’un grand magasin...), des projets qui se développent sur deux ans, qui mêlent aspect social, culture et habitat. Et qui n’ont pas peur de voir la création comme un acte politique. Des projets peut-être un peu fous mais que, avec toute son équipe, Christian Sebille, du fond de sa paresse, anime avec passion ! Des moments à ne pas manquer ? « Tous ! », répond-il instantanément. Pendant une dizaine de jours, le public est ainsi invité à parcourir la ville, à s’ouvrir les yeux et les oreilles aux musiques, celles de notre temps et de l’avenir. Pour un temps plein d’excitation.  

Gisèle Laval

 

Festival Les Musiques : du 9 au 18/05 à Marseille.

Rens. : 04 96 20 60 16 / http://gmem.org/festivals/les-musiques-2019

Le programme complet du Festival Les Musiques ici