Pompon Sauvage © Claire Malen

Sur les pavés le rock | C’est le pompon !

[Chroniques souterraines des nuits rock de Marseille]

Difficile de traîner les mômes en concert. Sauf quand c’est les potes. Voire presque la famille !

 

 

« Papa, on va voir Pompon sauvage ? » W.C Fields disait : « Ne travaillez jamais avec un animal et un enfant ». On connaît la chanson : difficile d’être mélomane quand la marmaille est de la partie. Mais là, pour traîner notre gamine en concert, aucune difficulté : Pompon Sauvage, duo féministo-punk marseillais, c’est quasi la famille ! Maëlle et Sophie, on les connaît depuis des années, avant même qu’elles ne fassent de la musique ensemble. Guitariste, Sophie a un peu plus de bouteille, se produisant depuis longtemps, notamment avec un set autour du répertoire de Bobby Lapointe. Quant à Maëlle, si, côté musique, elle est plutôt autodidacte, elle baigne dans le son depuis des lustres puisque son frangin est multi-instrumentiste et a fait partie d’un groupe que l’on regrette encore, Throw Panda Bat. Direction la Belle de Mai, donc. Et plus précisément le Petit Plateau de la Friche, belle salle pour une formation que l’on n’avait vue jusque-là que sur des scènes plutôt modestes, comme le C4. Maëlle, derrière son synthé, a déjà chaussé sa coiffe de pompon multicolore et Sophie sa tenue de diablesse. Notre gamine est aux anges et déjà au premier rang. Certes, les chansons de ce groupe, dont l’album s’intitule Desiderata, c’est pas forcément pour les gosses. D’autant que, nous dit notre fille, « maintenant, je comprends les paroles »… Mais elle exulte lorsque le duo attaque sa chanson préférée : « Elle mange ses enfants et tout ce qu’il y a dedans ! » Et nous, on retrouve avec plaisir l’énergie et les tâtonnements de cette formation dont les morceaux ne racontent pas que des histoires de sorcière, mais sont autant de réflexions sur la norme, la santé mentale… Si Sophie, à la guitare, donne au groupe une patine bien rock, Maëlle, elle, avec son vieux synthé aux sonorités très « années 90 », ira jusqu’à interrompre un morceau pour… aller chercher ses lunettes ! Le concert est au chapeau, on passe du rock au disco et on est suffisamment entre « happy few » pour qu’à la faveur du rappel le groupe fête les quarante ans d’un pote et gratifie notre môme d’une dédicace. Autant dire que c’est, pour amadouer notre fille (loin d’être sauvage), le pompon !

 

Sébastien Boistel

 

pomponsauvage.bandcamp.com