Marseille Objectif Danse invite Meredith Monk

Marseille Objectif Danse invite Meredith Monk

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Meredith l’enchanteresse

Dans la continuité de sa programmation américaine, à la suite de Simone Forti l’an passé et d’Yvonne Rainer plus récemment, Marseille Objectif Danse fait venir sur nos plateaux une autre force vive de la Judson Church : Meredith Monk la magicienne…

Il est naturel pour un membre de la Judson et de la Kitchen (autre haut lieu new-yorkais de la création contemporaine) de ne pas penser la danse à l’intérieur de ses propres frontières. Et si les œuvres des deux autres monstres sacrés que nous avons récemment pu voir à Marseille s’imprégnaient d’images animées et de mots, c’est avec la musique que Meredith Monk semble entretenir quelques affinités.
Très tôt, l’artiste se fait d’abord remarquer pour ses immenses qualités techniques. La tessiture presque cristalline de sa voix, l’ambitus de trois octaves qui la rend capable de naviguer entre les hauteurs soprano comme dans une voix de contre et les techniques de jeu improvisées qu’elle aime à manipuler font très tôt de son nom une légende vivante, qui enchante le monde au fur et à mesure de ses créations. Parce qu’elle se veut toujours en recherche et privilégie la situation performative, ses œuvres se (dé)multiplient, et ses collaborations aussi, que ce soit avec des cinéastes comme Godard, ou d’autres chanteuses exceptionnelles comme Björk.
Précédemment invitée dans nos contrées en tant que chanteuse et musicienne dans le cadre du festival MIMI en 2005, elle nous revient aujourd’hui sur le plateau de la Cartonnerie avec un programme concocté pour l’occasion par Josette Pisani, la directrice de Marseille Objectif Danse. En trois jours, nous pourrons ainsi assister à la projection de deux films, puis découvrir le projet Girlchild Revisited, composé du Solo from Education of a Girlchild et d’un concert de Meredith Monk avec l’Ensemble Vocal (Katie Geissinger, Ellen Fisher et Allison Sniffin) — l’occasion d’entendre le Raw Recital de ses débuts.
Enigmatique, empreint d’une poésie presque mystique, ce solo fut d’abord créé en 1972, avant d’être revisité en 2008 pour l’American Dance Theater (qui lui a par ailleurs remis un prix pour l’ensemble de sa carrière en 1996). Une douce et mystérieuse rêverie sur les différents âges d’un homme/femme, entre androgynie et hermaphrodie, dans un dépouillement mystique de la voix qui s’unit à la fragilité du geste pour un moment d’émotion rare, à n’en pas douter. Forte de sa maîtrise de la voix, du corps, et de sa présence théâtrale, Meredith Monk nous fait face, et se saisit avec magie de toutes les formes artistiques, pourvu qu’en émane la poésie, celle d’une grâce presque divine. Ames sensibles, ne (surtout) pas s’abstenir.

Texte : Joanna Selvidès
Photo : Girlchild revisited © V. Sladon

Projection de 16 Millimeter Earrings et Turtle Dreams : le 4 à 19h à la Friche la Belle de Mai.
Girlchild Revisited : les 5 et 6 à la Cartonnerie.
Rens. Marseille Objectif Danse : 04 95 04 96 42 / www.marseille-objectif-danse.org
NB : ce spectacle fait partie de Flux (voir Ventilo # 260) : www.fluxdemarseille.com