3 questions à… Karma Cramé

3 questions à… Karma Cramé

Ils s’inscrivent dans le sillage des VRP/Nonnes Troppo et détonnent dans le paysage de la scène chanson locale. Présentations d’un tandem à suivre, à l’occasion d’un passage au Festival de la Chanson en Pays d’Aix.

karma-crame.jpgKarma Cramé, vous vous revendiquez de la chanson « pararéaliste ». C’est-à-dire ?
Vlad : L’appellation « pararéaliste » est une sorte de pied de nez aux clichés « chansons à textes » et aussi une façon de définir notre imaginaire. Honnêtement, la chanson « réaliste », de Bruant à Mano Solo, n’a absolument pas bercé mes fantasmes musicaux, elle laisse trop peu de place aux possibilités d’imagination des auditeurs. Le pararéalisme, c’est un peu la pataphysique appliquée à la chanson : on prend une situation ou une réflexion quelconque et on la pousse jusqu’au paradoxe, jusqu’à l’impasse logique où elle prendra un sens inattendu, peut-être le bon.
Blah-Blah : « Pararéaliste », c’est aussi pour signifier que nous écrivons souvent pendant nos séjours respectifs dans les divers centres psychiatriques du grand Sud-Est.

Karma Cramé, vous n’êtes que deux mais vous n’en pensez pas moins. Qui incarne le karma, qui incarne le cramé ?
Blah-Blah : Karma Cramé, c’est une des interprétations possibles de nos chansons respectives, nous avons choisi celles qui faisaient parties d’un même univers. Sinon, autant Vlad que moi-même avons à notre actif pas mal de créations : Le Professeur Sombre et Valse à Risque pour Vlad, Les Mèches Folles et On vend la caravane pour moi, sans parler de nos projets perso. Pour « l’esprit » Karma Cramé, il est dans l’intitulé : ceux qui font des excès de Yin comprendront…
Vlad : C’est l’association de deux types qui ont passé beaucoup de temps à bosser chacun de leur côté avant.

Karma Cramé, vos textes ne font parfois pas dans la dentelle. A l’heure où le discours s’uniformise de plus en plus, la chanson peut-elle encore avoir une résonance politique ?
Blah-Blah : J’écris et je joue des chansons, c’est une traduction de mon quotidien. Si certains s’y retrouvent politiquement, c’est bien, si les autres ne s’y retrouvent pas (ou les prennent sur le biais du visage), c’est mieux.
Vlad : La résonance politique d’une chanson, c’est quand elle se transforme en hymne. On n’écrit pas tous les jours Guns of Brixton ou El pueblo unido… Il faut être dans une situation bien particulière pour écrire efficacement une chanson « engagée » qui attaque un sujet frontalement. En ce qui nous concerne, on tente de faire passer ça insidieusement, par le biais de l’illustration. Il vaut parfois mieux évoquer une situation qui parle d’elle-même plutôt que les problèmes qu’elle soulève. Et puis la situation est étrange : comment les Béru soulèveraient-ils les masses aujourd’hui avec un Salut à toi sur MySpace entouré de publicités animées pour des bagnoles et des loteries ? Sinon, politiquement, on trouve que Notre Président fait du bon boulot. La France a rarement eu à sa tête quelqu’un qui faisait si rapidement entrevoir à son peuple les ficelles grossières unissant le pouvoir et l’argent sale…

Propos recueillis par PLX

Le 2 à la salle du Bois de l’Aune dans le cadre du Festival de la Chanson en Pays d’Aix, avec Marthélène et Maison Rouge
www.myspace.com/karmacrame