© Damien Boeuf

Les 25 ans de la Friche

Sortie dans l’espace

 

Par définition, une friche est une zone, un terrain ou une propriété sans occupant humain actif, qui n’est en conséquence pas ou plus cultivée, productive, ni même entretenue. Une définition qui ne s’applique de toute évidence pas à la Friche La Belle de Mai, dont on peut affirmer qu’elle en est l’antithèse. Visite des lieux, à l’approche du vingt-cinquième anniversaire.

 

Après avoir passé quelques jours au centre de cette petite ville « dans la ville », nous pouvons vous dire que ça fourmille, ça pétille, ça parle, ça se regarde, ça travaille, ça crée, ça transmet, ça se retourne, ça montre, ça roule des mécaniques, ça tourne, ça joue… Ça vit, tout simplement.

Pour commencer, entrer librement dans un lieu culturel est tout simplement plaisant, et rare.

Durant la journée, on peut voir des enfants, des adolescents et des adultes s’emparer de l’espace, investir son architecture, qui peut paraître abrupte de prime abord. Ils courent, jouent au basket, apprennent le skate, on leur offre une table de ping-pong gratuitement, ils vont aux jardins partagés, ils suivent un cours de graff…

Nous apprenons ensuite que dans la Friche résident à ce jour soixante-dix structures. Que 400 000 personnes viennent découvrir le lieu chaque année. Que plus de 600 propositions artistiques y sont nées et que 400 artistes et producteurs y travaillent chaque jour.

Une question vient alors immédiatement à l’esprit : comment fait-on pour s’y intégrer lorsqu’on est un artiste, une compagnie, un collectif ? Pour répondre à cette interrogation, nous avons rencontré plusieurs personnes travaillant dans les lieux. Beaucoup la qualifient de « jungle ». Une jungle qui possède ses codes, tous très spécifiques, et dans laquelle la hiérarchie est bien installée. Pas de décisions collégiales, comme on le laisse souvent entendre. Ainsi, la Friche n’offre pas à ce jour — et ne peut offrir, hélas — un véritable équilibre des chances aux artistes qui souhaitent intégrer le lieu. D’autres mots reviennent : le labyrinthe, la ruche, la fourmilière… que de métaphores utilisées pour nommer ce microcosme culturel qui, sans aucun doute, participe à l’épanouissement artistique de la ville ! Et effectivement, au cours de notre balade, on peut voir tout ce petit monde s’afférer, monter des expositions, faire découvrir le théâtre aux enfants, accueillir moult festivals… Imaginer et « fabriquer » la culture d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Ils seront nombreux à le faire également le 9 décembre pour cette journée anniversaire qui s’annonce riche en découvertes, entre portes ouvertes d’ateliers et d’espaces, spectacles, scène ouverte « dans tous les sons » et rencontre avec ceux qui font la Friche depuis un quart de siècle.

« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert », disait André Malraux. Rendez-vous dans vingt-cinq ans !

 

Marianne Schlegel

 

Les 25 ans de la Friche : le 9/12 à La Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : 04 95 04 95 95 / www.lafriche.org