Alex Wolf

RIAM #10 à Marseille

Dix ans d’avance

 

Nous avions eu peur, l’an dernier, que la neuvième édition des RIAM sonne le glas du rendez-vous défricheur d’arts nouveaux. Mais nous voilà rassurés : le festival rempile et nous livre sans chichis sa « version parallèle, underground et excitante de la ville ». Une belle manière de souffler ses dix bougies.

 

« La technologie doit évoluer de pair avec la pensée philosophique. L’être humain n’est pas qu’une machine. De toute manière, tout s’influence. » Ainsi Philippe Stepczak, moitié de Technè (structure portée à bout de bras aux côtés de Pedro Morais), nous éclairait-il en ces pages sur sa façon d’aborder la création artistique. Et l’avenir. Car même s’il s’agira principalement de concerts, de conférences, d’expositions, il aura toujours été question de philosophie lors des indispensables Rencontres Internationales des Arts Multimédias. Donner du sens à l’approche, confronter les points de vue…. C’est tout le fort d’un pareil festival : composer une programmation en fonction « des enjeux artistiques actuels ». Ne pas envisager les choses en termes de publics (en finir une bonne fois pour toutes) mais selon leur pertinence. De par leur engagement auprès d’artistes et d’intervenants plus ou moins diffusés, les RIAM demeurent un socle neutre, jusque dans leur communication (le fait de ne pas choisir un milieu ou un autre permet de ne proscrire aucune esthétique), et brillant dans sa retenue (on y préfère la suggestion à l’affichage parasitaire). « Notre festival est à voir comme un constat sociologique et sociétal. Chaque mouvement s’inspire de l’esprit ambiant d’une époque… On ne fait pas de l’art pour l’art, on fait de l’art en général. » Sans intitulé précis (bien qu’on y évoquera les « recherches dans l’utilisation des technologies multimédias »), le déroulé de cette nouvelle édition est un bel aperçu de la bête : avec des moyens limités, inviter Marseille dans la grande danse des avant-gardes internationales (ils avaient même organisé un mini-RIAM à Berlin en 2011, le temps d’un soir). Convier ceux d’ici (Ideal Corpus, Diapositive, Poborsk, Virgile Abela, Amandine Guruceaga, Philippe Petit, Vie de Chien Rouge…) et les autres (Egyptology, Phœbe Jean And The Air Force, The Bells Angels, Jean-François Laporte, Gérome Nox, Alex Wolf…). Faire le pont entre les dauphins d’Internet et les rockeurs expérimentaux, l’art contemporain et le seapunk, la musique et les arts plastiques, la pop et le savant, le digital l’analogique, le sucré le salé. Bref, afin de rester inassimilable dans l’indépendance, les RIAM demeurent chaque année un peu plus, l’agora du futur.

Jordan Saïsset

 

RIAM #10 : du 22/10 au 10/11 à Marseille.
Rens. www.riam.info

La programmation détaillée au jour le jour, par ici

 

 

La sélection de Ventilo

 

Amandine Guruceaga – Nana’s Benz
> du 22/10 au 14/12 (vernissage le 22/10) à Diagonales 61
EXPO

Amandine Guruceaga« Les Nana’s Benz sont des femmes autodidactes qui ont su établir de façon matriarcale la domination sur la distribution du textile euro-africain, jusqu’à être nommées ainsi car elles étaient les premières à introduire dans le pays les grosses cylindrées allemandes Mercedes Benz… » Une proposition en plein dans l’une des problématiques contemporaines : dans un contexte mondialisé, que reste-t-il lorsqu’on prive les symboles de leur contexte originel ?

 

Ideal End Party : Phœbe Jean + Martin Dee + Alex Wolf + Ideal Corpus (soirée RIAM/Ventilo)
> le 26/10 aux Demoiselles du Cinq
CONCERT

Phoebe Jean © Eliot Wuao Glizaz

Phoebe Jean © Eliot Wuao Glizaz

« Citée comme révélation underground de l’année 2012 selon le New York Times, Phœbe Jean n’est jamais là où on l’attend. » En passe de se forger une belle réputation hors cadre (entre pop, hip-hop, funk, autre, dur de dire), la jeune Américaine jouera aux côtés d’artistes de sa génération : la nouvelle web culture, celle qui a pris le contre-pied de la recherche d’authenticité, qui se joue de l’impact des symboles sur nos psychés. Si le réel n’a jamais existé, ce n’est pas le cas du digital.

 

Optical Sound numéro un + Gérome Nox & Black Sifichi + Philippe Petit
> le 5/11 à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine
RENCONTRE & CONCERT

L’an passé, les RIAM invitaient les deux créateurs de la superbe revue Audimat, dans laquelle il s’agit principalement de disséquer la pop avec des outils trop souvent réservés aux musiques dites « savantes ». Cette année, ce n’est « ni un fanzine, ni un manifeste, mais un projet éditorial furtif » qui fêtera son lancement. Un support pour l’analyse de la « phase de transition » dans laquelle nous nous trouvons, sans tomber dans les poncifs de l’art pour l’art. S’ensuivront les performances musicales de Gerome Nox, sculpteur de matière sonore (noise, bruits, ambiances urbaines, autre), en duo avec le poète-performeur Black Sifichi, et Philippe Petit, expérimentateur de haut vol qu’il ne convient plus de présenter en ces pages.

 

Egyptology + Vie de Chien Rouge
> le 9/11 à l’Embobineuse
CONCERT

Egyptology

Egyptology

Duo formé par O.Lamm et Domotic, tous deux sortis de la cuisse des labels Active Suspension et Clapping Music, Egyptology fait de la synth music sur de vieux synthés analogiques et compilent brillamment les codes qui vont avec : l’Egypte fantasmée, la science-fiction, le futur à portée de main, la synthèse comme rapport au monde… En première partie : « Une expérimentation de tous les psychédélismes qui réunit dans une improvisation électro-krautrock des membres de Mina May, Piano Magic et The Eyes in the Heat. »

 

JSa