Le rhum marseillais Manikou

Le rhum marseillais Manikou

Festival de canne

 

Nous avons fait le point sur le rhum Manikou à l’occasion d’une rencontre avec l’héritier d’une grande famille de rhumiers marseillais, Rémi Anglès.

 

Faire connaissance avec Rémi Anglès, l’héritier du Rhum Manikou, versé depuis la mi-novembre dans nos verres, revient à participer à une grande fête. Musique, rhum… un grand mix. Rencontré dans sa maison, cet ancien disquaire, DJ de profession, mixe d’ailleurs encore du vinyle. Pas étonnant, dès lors, qu’il se mette à mixer du rhum avec un savoir séculaire. Au détour d’une visite de la cave familiale, au milieu de bouteilles datant parfois de la fin du XIXe, en vous présentant la dive de Manikou (retrouvée en Martinique sous un volcan par l’un de ses aïeux), il raconte. Rémi vous explique par exemple comment, petit, il confectionnait le Shrub (rhum de Noël aux oranges et aux épices) avec son grand-père, et vous dévoile les arcanes générationnelles depuis la disparition de la branche qui vivait aux Antilles.

Manikou. Nom mythique. Elixir à séduire un peu mystique, surgi d’une secrète recette ressuscitée. Manikou, marque légendaire et familiale par laquelle vous redécouvrez toute l’histoire de la filière rhum de Marseille. Probablement le grand manitou du rhum, des rhums marseillais en tout cas, comme en atteste le succès obtenu à la dernière Rhum Fest pour son lancement. Ce jour-là, on retrouvait Rémi aux côtés de Guillaume Ferroni et Maristella Vasserot (de chez Cristal Limiñana), les trois imparables de ce renouveau. Et là, autant les spécialistes que les non connaisseurs y appréciaient le Manikou, non sans en redemander.

Le Manikou existe depuis 1877. Sa renaissance, projet fou lié à un verre de trop pour Rémi et Guillaume ? Loin de là. Le marché redevient favorable pour le rhum, notamment auprès d’un jeune public sensibilisé au Havana Club, mais désireux de s’aventurer dans d’autres sphères qualitatives. Le Manikou, c’est donc un assemblage savant de rhums des Antilles Françaises, de la Jamaïque et de l’Ile Maurice. Dans la même perspective, Cristal Limiñana devrait d’ailleurs se lancer dans l’aventure rhum avec sa propre marque, le Old Manada, juste après le Manikou, or véritable, fruit d’une économie localisée et des circuits courts.

Un nombre précieux de bouteilles au design sobre, élégant, à l’esprit marin, représente bien l’assemblage et la saveur du Manikou. Un goût boisé, un peu fumé, avec une touche finale penchant sur la banane : telles sont les notes exotiques qui expliquent en partie son arôme, ses racines jamaïcaines étant loin de déplaire au fan de reggae qu’est Rémi… Il produit et distribue donc à présent le Manikou, en mettant une priorité sur Marseille, sa ville, celle de ses ancêtres. Modeste à propos de son succès, Rémi affirme devoir sa réussite au souffle familial qui le porte, une histoire écrite qui s’incarne, le kaïros, en somme. Une histoire en or, à la couleur de cet ambré fabuleux qui renaît de ses cendres et tient toutes ses promesses : le plus hygiénique des stimulants.

 

Aude Granier Chamboncel

 

Soirées Degust’ Mix à Marseille en 2018 dans des lieux atypiques (bars, restos, hôtels, pubs, espaces de co-working…)

Rens. : www.rhummanikou.fr / www.facebook.com/comptoirmarseilllaisdesrhums