Quetzal Snakes © Pierre Gondard

Portrait : Qúetzal Snåkes

Serpents soniques

 

Depuis deux ans, les Marseillais de Qúetzal Snåkes font parler d’eux dans le monde des groupes à guitares. Nous avons joint les musiciens lors d’un break en studio à Toulouse, au cours duquel ils ont pu reprendre leur souffle entre deux dates.

 

Des riffs énergiques, des mélodies psychédéliques, un chant lancinant. Difficile de caser les Qúetzal Snåkes dans l’une des cases étriquées habituelles, et les adjectifs utilisés sont d’ailleurs nombreux pour qualifier leur musique : du « spacerock punk » au « garage rock », en passant par le pointu « heavy psych / heavy melodic psych-punk » jusqu’au fourre-tout bien pratique « psych garage indie »… Il faut dire que le groupe semble ne se fixer aucune barrière, comme nous l’a confié son chanteur, Alex Cyprine : « On aurait du mal à définir notre style, ça vient spontanément. On écoute tous beaucoup de musiques dans des styles très variés que nous avons assimilés et qui nous influencent de manière inconsciente. »
Dans les faits, on pourrait les rapprocher des débuts de certains de leurs contemporains (plus ou moins) à succès que sont Black Rebel Motorcycle Club, Crocodiles, The Big Pink ou The Black Keys (qui se sont tous plus ou moins perdus entre temps, soit dit en passant). Sans vouloir les offenser par une comparaison maladroite, l’esprit rock semblant plus prégnant chez la formation sudiste, composée de cinq amis : Julien à la basse, Emiliano et Nikolai à la guitare, Matt à la batterie, emmenés par Alex aux chant et guitare. Le destin de leur rencontre s’est scellé à l’occasion d’un concert des Américains Night Beats, bien qu’ils se connaissaient « tous déjà de vue » avant de commencer à jouer ensemble en 2013.
C’est sur scène que les jeunes Marseillais se sont forgé une excellente réputation, leur mur du son les ayant propulsés dans les médias nationaux et étrangers. Désormais habitués aux salles moyennes comme aux plus grandes, ils ont partagé l’affiche avec Oh! Tiger Mountain, figure tutélaire du rock à guitare de la ville, lors d’un concert au Poste à Galène en février dernier.
Depuis un an et demi, la bande des cinq n’a pas chômé et a signé un premier EP, Lovely Sort of Death, chez Howlin Banana Records et Retard Records. Ce dernier a, pour l’histoire, été cofondé par Alex Cyprine et son ami rennais Thomas, en hommage à Jay Reatard, regrettée icône moderne du punk. A ce sujet, un album de reprises de son LP Blood Visions, paru début 2015, représente la seconde sortie vinyle d’un label plutôt habitué aux sorties digitales et sur cassettes audio. Ce projet, qui regroupe quinze artistes internationaux, leur tient particulièrement à cœur car les Qúetzal Snåkes avaient partagé la scène avec Jay Reatard et les Destruction Unit, avant sa mort en 2010. L’hommage à l’artiste n’est pas anodin pour les Marseillais car « Jay Reatard était un artiste qu’on affectionnait beaucoup. (…) S’il y a bien une personne qui représente notre milieu culturel, c’est lui ! »
En pleine ascension, le quintette bosse sur la suite à Toulouse, chez Lo Spider, et le succès auprès du public l’incite à aller de l’avant. Le secret de la réussite de la bande passe avant tout par sa cohésion : « On est tous très impliqués dans le groupe. » Un fait qui se constate en live, où les musiciens se montrent survitaminés, frisant l’hyperactivité. « On a déjà plein de dates de prévues, et on compte encore tourner dans des endroits nouveaux. » La prochaine tournée devrait avoir lieu cet été ; d’ici-là, nous ne pouvons que souhaiter à nos serpents à sonnette une carrière aussi florissante que celle des pierres qui roulent anglo-saxonnes.

Clarisse Treilles et Sébastien Valencia

 

Rens. : 04 91 55 62 65 / quetzalsnakes.bandcamp.com