Marion Rampal, le 19 au Cri du Port

Marion Rampal, le 19 au Cri du Port

Eternel féminin

Membre de la compagnie Nine Spirit de Raphaël Imbert depuis 2005, Marion Rampal, après avoir participé à divers projets, sort aujourd’hui un album qui lui ressemble : derrière elle, le carrefour des influences, et devant, sa voix.

Marion-Rampal-C-Sol%C3%A8ne-Pers.jpgEnfant, Marion Rampal étudia le piano et la flûte, avant de se tourner vers le théâtre, d’intégrer les cours de l’IMFP en 2002, puis ceux du Conservatoire de Marseille en 2004. Elle a œuvré pour Super Kali & the Fragili-Sticks, hommage pop aux compositeurs Disney, dont elle a gardé un goût pour les grands sacs, tendance à malices. Elle a réalisé une adaptation du Porgy & Bess de Gershwin intitulée I got plenty pour les Jeunesses Musicales de France, et fait des apparitions, en tant que chanteuse ou narratrice, dans plusieurs projets… jusqu’à ce disque, enregistré live en studio. La demoiselle se situe dans une dimension où se superposent et se télescopent les sons, les idées, les sens. Elle crée une atmosphère à laquelle participent tout à la fois son sens de la sémantique, son parti pris esthétique et les techniques, vocales, instrumentales et sonores, sans qu’aucun de ces paramètres ne s’impose au détriment des autres. Il en est de même pour cet ensemble, que l’on appellerait groupe en pop/rock, combo en jazz. On sent que ces musiciens forment un tout, où chacun trouve un espace évolutif et mouvant qui participe de l’harmonie générale et de la liberté qui s’en dégage. Marion use de mots à entrées multiples, en tire un sens nouveau, au confluent de ceux qui sont véhiculés. Le titre en est un excellent exemple : Virago est présent dans trois langues, l’anglais, le français et le latin, avec un sens différent. Ce terme va, sous l’éclairage de son disque, trouver en écho sa propre définition : sa propre virago, où domine la pugnacité de la racine latine et où la seule tyrannie qui s’exerce est de n’en céder, justement, à aucune. De là sa propension à être inclassable, parce que refusant de se figer dans un genre, dans une posture : Marion n’est pas une chanteuse de jazz, bien qu’elle en reprenne les standards à merveille, ni une chanteuse de rock, bien qu’elle puisse à l’énergie nous emmener très loin. De même, elle ne vit pas son rêve d’adolescente (faire un disque !) d’une façon béate qui lui garantirait tous les écueils des premiers albums : elle définit un champ d’exploration qui lui correspond au travers d’archétypes qu’elle peut rattacher à son expérience et à sa condition. Dans la galerie de figures mythologiques, mystiques ou amoureuses que déroule ce fil d’Ariane, se promène cette jeune femme, en équilibre dans cette problématique : on n’est jamais tout à fait seul en soi, et un peu de nous est en chaque autre. Pour résoudre cette équation, elle s’en réfère au plus petit commun multiple, pour un sublime voyage dans le temps et la différence où elle nous invite à papoter, autour du verbe être et de l’éternel féminin, avec Lucy (la fameuse australopithèque) ou Wattana, un(e) orang-outang rencontré(e) au Jardin des Plantes. Pour le reste, Marion a déjà deux projets en cours mais chut…

Texte : Frédéric Marty
Photo : Solène Person

Le 19 au Cri du Port, 21h. Rens. 04 91 50 51 41
Dans les bacs : Own Virago (Nine Spirit)
www.myspace.com/marionrampal