L’Interview : Dewi (Words Failed to Talk)

Même si les mots ne suffiront pas, nous avons voulu en savoir un peu plus sur l’un des secrets les mieux gardés de la vague pop/rock locale.

 

Comment décrirais-tu votre musique ?
Je la qualifierais de pop/rock équilibriste. Il s’agit, dans un cadre rock, de développer des mélodies au long cours, de les pousser plus loin qu’on ne fait d’ordinaire, tout en préservant une certaine immédiateté. La musique est centrée autour de la voix, parfois exubérante, parfois éplorée. C’est une musique équilibriste car elle tend le fil de la mélodie, jusqu’à ce qu’il se rompe. Ainsi, bien souvent les chansons n’ont pas une structure linéaire : des ponts, des nouveaux thèmes, des dérives instrumentales viennent la modifier. L’unité est dans le tout, mais il peut y avoir de nombreux accidents en cours de route.

Quelles sont vos influences ?
Deux grandes influences: la pop anglaise (Beatles, Smiths, Radiohead) et le mouvement lo-fi américain des années 90 (Sebadoh, Guided by Voices, Red House Painters). Par ailleurs, j’aime énormément des songwriters comme Neil Young, Leonard Cohen, Elliott Smith, et des groupes un peu plus déjantés comme les Talking Heads ou les Pixies.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans l’amour de la pop music en son sens le plus noble : la recherche de mélodies audacieuses et efficaces qui se déploient en un temps très court. Dans l’absurdité du quotidien, la fantaisie qui nous en sauve, les joies et les déceptions des relations humaines…

Plutôt pop d’intérieur ou pop d’extérieur alors ?
(Sourire) En fait les deux. Pendant longtemps, j’ai joué ces chansons seul dans ma chambre. Le côté intimiste et mélancolique était plus présent, les sonorités, plus folk ; mais depuis que Words Failed to Talk est un trio, le pop-folk est devenu  pop-rock : plus électrique, avec plus d’énergie et moult cavalcades instrumentales. La profusion mélodique et l’aventure prennent maintenant le dessus.

Quel a été ton premier choc musical ?
Les premiers albums de Eels et de Placebo, sortis la même année, en 1996.

Y a-t-il, selon toi, un fil conducteur entre vos morceaux ?
L’idée de chaque morceau, c’est qu’il ne finisse pas comme il a commencé ; ou bien s’il le fait, c’est que quelque chose d’autre s’est passé entre-temps. Ce principe peut se moduler selon qu’il s’agit d’un morceau pop léger, d’une ballade, ou d’un morceau rock. Ne pas se répéter, aller voir ailleurs, je crois que tous nos morceaux portent ça d’une manière ou d’une autre. Quand une chose est bien dite une fois, ça suffit.

Tu as débarqué de Bretagne il y a quelques années pour t’installer ici. Cet événement déteint-il dans ta façon d’aborder la musique ? Dans sa couleur ?
J’ai pas mal voyagé avant de m’installer à Marseille, j’ai notamment passé plusieurs années en Allemagne où j’ai enregistré un EP à quatre mains. Depuis que je vis à Marseille, mon horizon musical s’est modifié : de purement rock et anglo-saxon, il s’ouvre au jazz, aux musiques arabes, orientales. Cela m’a beaucoup apporté en tant que musicien ; même si ça ne s’entend pas dans la musique qu’on joue aujourd’hui, ça viendra peut-être un jour.

Le présent ?
Des concerts en trio pour peaufiner notre répertoire; en solo aussi ponctuellement.

Le futur ?
Ouvrir le groupe à d’autres musiciens, et envisager l’enregistrement d’un album. Et évidemment composer de nouvelles chansons, plus folâtres et vagabondes encore.

Propos recueillis par Jordan Saïsset

 

En concert le 24 au 104 rue d’Italie (6e) dans le cadre du cycle Autour d’un café.
Rens. www.autourduncafe.com

Leur premier maxi From Nowhere Seen est en écoute sur www.soundcloud.com/wordsfailedtotalk