Les Rencontres à l’Echelle
Zone de désirs autorisés
Pour toutes celles et ceux qui n’ont pas pu profiter du festival Actoral, les Bancs Publics proposent une séance de rattrapage avec les Rencontres à l’Echelle : un mariage euphorisant des différentes approches de la scène.
Pour commencer, l’exposition de deux fonds photographiques à l’Espace Pouillon nous montre un regard démocratique de la prise de vue en studio où des familles redoublent d’inventivité pour se mettre en scène devant l’optique. Geste narcissique, envie d’un souvenir, besoin de donner des nouvelles à des proches dans l’idée de dire « On est toujours là, rassure-toi, tout va bien ». On touche le grotesque et le subtil dans un même élan et, surtout, on aborde le déroulé du temps et ce qui nous sépare des tirages noirs et blancs de cette époque. Pour cette édition des Rencontres, il sera beaucoup question du rapport entre Marseille, le Maghreb et l’Afrique, voire un peu plus loin avec des auteurs de Mayotte (Alain-Kamal Martial) et des Comores (Salim Hatubou). On parle du rapport à la colonisation ou comment les mots de la langue d’origine rentrent dans la langue française. On parle de l’immigré qui, depuis la France, depuis l’Europe, tente de mettre en scène son pays d’origine (If I Weren’t Egyptian,… d’Omar Ghayatt). On parle d’une mise en scène d’ici et d’aujourd’hui qui tente de réanimer des textes du passé (Sous la peau de Kamel Zekri). On casse les codes de la lecture dans un langage aléatoire à la manière de William S. Burroughs découpant la bande magnétique d’une cassette en plusieurs morceaux pour les recoller dans le désordre. On avance dans le temps de ce festival avec des formes toujours plus éclatées. Beaucoup de duos : la guitare de Jean Marc Montera associée à la voix et au texte de l’écrivaine Anne Savelli qui interrogent ces refuges bizarres pour rêves de femmes avec Décor Lafayette, ou encore les bruits organiques de Natacha Musléra et Catherine Jauniaux pour le concert de clôture.
Karim Grandi-Baupain