L’Art contemporain s’installe aux Puces de Marseille à la Galerie Saint Laurent

Arts nouveaux aux Arnavaux

 

Comme l’a démontré la récente disparition de la Tangente, le pari d’une galerie d’art contemporain au sein des Puces des Arnavaux semble un peu fou. La Galerie Saint Laurent relève le défi de fort belle manière. Une initiative à soutenir, car les idées les plus audacieuses sont aussi, souvent, les plus fragiles.

Si l’argent est le nerf de la guerre, il est aussi la condition sine qua non à l’existence et à la persistance de l’art contemporain et des structures qui le font vivre. Depuis toujours, Marseille compte sur un large réseau de galeries associatives et/ou subventionnées, dont la mission est moins de vendre des œuvres que d’aider les artistes à produire et à diffuser leur travail. Mais les temps étant ce qu’ils sont, de plus en plus de galeries inventent de nouvelles formules et tentent de combiner ce soutien aux artistes tout en s’inscrivant dans une logique commerciale, celles des collectionneurs et des foires d’art contemporain. Autant d’initiatives qui semblent réinventer le métier. En témoigne la galerie Saint Laurent qui, pour sa première exposition, mélange les genres avec succès.
D’un point de vue artistique, Jean-François Roux relève le défi en invitant les plus intéressantes personnalités artistiques marseillaises. Entre lampes et étagères vintage, on découvre des espaces investis et des mondes reconstitués par, entre autres, Frédéric Clavère, Aymeric Louis, Sylvie Reno, Laurent Perbos, Lionel Scoccimaro, Mijares et Domagala. Une belle vitrine offerte à des artistes en manque de visibilité et de reconnaissance durant cette année « Capitale ». Dans l’espace de Clavère, flamboyant, les peintures orange fluo revisitent des standards de l’histoire de l’art ou proposent une autre version de la peinture d’histoire, nous rappelant le cinéma trash de Robert Rodriguez. Ambiance plus acidulée chez Laurent Perbos, dont les sculptures pleurent, et les couleurs, matières et lumières crépitent… Dans le monde d’Aymeric Louis, les monstres piétinent des bonbons géants, tandis que l’uniformité du médium carton de Sylvie Reno tranche avec l’espace sadien de Scoccimaro. Au total, vingt-sept artistes s’inscrivent dans cette déambulation au milieu du bric-à-brac de la brocante. Des noms que l’on découvre, comme Mothi Limbu, Jean-François Ragaru et Vincent Delaroque, ou que l’on retrouve, à l’instar de Robert Comini, Claire Danzer ou Cedric Ponti.
D’un point de vue social, l’expérience est également une réussite. Certains diront qu’installer de l’art contemporain dans un quartier où la misère plombe n’est pas une priorité, mais l’anecdote de Jean-François Roux, relatant les remerciements d’une passante qui lui avouait ne jamais voir de jolies choses, donne à réfléchir, sans démagogie.
Grâce à une réflexion et à un commissariat bien pensé, la galerie Saint Laurent, devient de fait, et dès son premier coup d’essai, l’un des incontournables de l’art contemporain à Marseille.

Céline Ghisleri

L’Art contemporain s’installe aux Puces de Marseille : jusqu’au 17/02 à la Galerie Saint-Laurent (Marché aux Puces, Hall des Antiquaires, 130 chemin de la Madrague-ville, 15e).
Rens. 06 76 91 42 61 / 06 19 91 73 63