Cathy Heiting © Pixxxo

Identités Remarquables | Cathy Heiting

La voix à suivre

 

Le 10 novembre dernier, Cathy Heiting chantait sur la scène du Petit Duc à Aix dans le cadre de Jazz sur la Ville. Elle chantait, donc, mais en trio, avec Wim Welker à la guitare et Sylvain Terminiello à la contrebasse. L’occasion de revenir sur son parcours.

 

De sa voix grave et rauque, Cathy Heiting fait montre d’une polyvalence remarquable, puisqu’elle joue autant sur ses capacités de chanteuse que de comédienne, de compositrice ou d’auteure. Une identité à talents multiples, donc, oscillant entre lyrique, jazz et chanson française. De fait, son parcours s’avère assez insolite : après une maîtrise de Langues Etrangères Appliquées à la fac d’Aix, en ralliant Granada et Liverpool, puis un DESS de marketing, la chanteuse à la voix puissante et solaire bifurque vers la musique à l’âge de vingt-six ans. Elle deviendra artiste lyrique professionnelle à trente-trois. Sa tessiture vocale, digne des grandes, telles Gloria Gaynor, atteste d’un rare talent qui lui permet de passer de l’opéra au jazz, mêlant funk et groove dans le même geste. Avec la même sincérité, la même qualité.

Cathy Heiting participe ainsi à de nombreuses aventures. Combinant d’abord un large répertoire classique, avec de l’opéra dans diverses productions à Nice et Toulon, en passant par l’opéra de rue et le jazz, ou bien des récitals sur piano flottant… En 2007, elle signe de façon très originale un album, Bobzigua contre les méchants, avec Bobzigua, un groupe de chansons parodiques mixant jazz et musiques latines (sélectionné par Région en Scène en 2008). Elle décidera ensuite de se consacrer exclusivement à ses propres créations. En attestent par exemple ses deux projets phares de cette année : le Cathy Heiting Trio et un conte pour adulte, Le Conte du petit bois pourri

 

À travers son univers de prédilection (à savoir un domaine lyrico-déjanté), lui tient ensuite à cœur l’envie de monter un récital à partir de son répertoire de mezzo-soprano, illustré par une présentation absurde des compositeurs qui bifurquerait vers d’autres musiques. Elle imagine alors deux récitals en partenariat avec Jonathan Soucasse : il en résulte plus de cent cinquante dates sur tout le territoire. Grâce au dispositif Saison 13, le duo monte Bizet était une femme de 2007 à 2014, et Opéra Molotov de 2010 à 2013.

Cathy Heiting possède également à son actif l’écriture d’un spectacle destiné aux collégiens : Operatella, produit par la Compagnie La Rumeur. Œuvre digest record, de facto : il s’agit de toute l’histoire de l’opéra en quarante-quatre minutes et quarante-quatre secondes… Ni plus ni moins.

Cependant, son talent se dévoile aussi à travers d’autres expériences. Dans le domaine du jazz et des musiques actuelles, elle travaille en duo avec le pianiste Philippe Coromp depuis 2009. De cette collaboration sortira l’album Flâneries d’art en 2013. Par ailleurs, peu de temps avant, elle avait monté un projet de composition atypique avec Cyrille Levy à la guitare, Bouba à la basse et Sam Bobin à la batterie. Dans un répertoire bilingue se révélait ainsi la création d’un monde très personnel, Little Grovvy World. Petit monde qui remue, avec une première partie assurée par Sandra Nkaké au Café Julien et à la MJC d’Aubagne.

L’univers de cette chanteuse hybride, au riche parcours, s’ancre donc dans un éclectisme assumé. Avec un humour parfois décapant. Chevillée à la beauté d’une indubitable voix d’opéra, elle brode petit à petit un répertoire inédit peu commun : aux grands standards de jazz se frotte un savant choix de morceaux soul. Peu de personnes se voient ainsi capables de passer aussi bien, aussi naturellement, du jazz à l’opéra. Ainsi, fin janvier, elle présentera à La Déviation la première du Conte du petit bois pourri, spectacle pour adulte à son image : des histoires et des personnages déjantés, accompagnés de compositions originales qui feront l’objet d’un album, dont la sortie est prévue le même jour.

Et cette chanteuse généreuse se donne, sans aucune différence, entre musique et amour pour son public. Ainsi, en sortant de ses concerts, demeure l’impression d’avoir vu et entendu plus qu’un spectacle. Cela grâce à une recette différentielle qui dégage autant de force que d’émotion. Et d’univers complémentaires.

 

Aude Granier Chamboncel

 

Cathy Heiting en concert avec Tie Break : le 25/11 à la Salle Sévigné (Lambesc).
Rens. : www.lambesc.fr

Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/littlegroovyworldpetitmondequiremue