Spiral of Fez de Seamus Farrell © J.C. Lett

Histoires Parallèles au FRAC PACA

Avis de recherches

 

Avec Histoires parallèles, le FRAC dévoile une exposition en forme de manifeste pour l’expérimentation, interrogeant par là même la création actuelle autour du lien texte/image.

 

Le FRAC PACA, c’est finalement plus un laboratoire qu’un musée. De par son ambition d’expérimentation notamment, et pas seulement d’exposition. Ainsi, Histoires parallèles célèbre dix années d’un partenariat inédit entre l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Un partenariat ayant pour objectif d’explorer, de questionner et de faire évoluer la relation texte/image. En revenant sur cette décennie passée, ce rendez-vous résonne au présent pour mieux appréhender la diversité de l’activité artistique et cerner les enjeux de la création actuelle. Les quatre espaces de l’exposition, conçus par un commissariat collectif, reflètent les quatre facettes de ce même partenariat, et tout autant d’histoires parallèles que le visiteur est invité à faire dialoguer à sa guise.
Le premier espace jette un coup de projecteur sur une décennie d’acquisitions réalisées par le FRAC. Une quinzaine d’œuvres sont présentées, chacune offrant des éléments de compréhension du monde contemporain. On y retrouve notamment la Spiral of Fez de Seamus Farrell, déjà présentée en 2007, et qui évoque à travers ses portières disposées en spirale et les mots gravés sur ses vitres, le lien paradoxal entre engagement et besoin de protection. Elle côtoie une œuvre magistrale de Bernadette Genée et Alain Le Borgne intitulée Couvre-chefs, représentant des képis de militaires retournés et accueillant, comme dans un nid, des effets personnels et des souvenirs. De quoi rendre les mots superflus.
La Plateau 2 et le Centre de documentation se révèlent les plus intéressants de l’exposition, car en lien direct avec cette revendication de laboratoire d’expérimentation formulée par la structure. Ils mettent en avant cette dimension de recherche, de création et d’innovation en exposant les travaux de huit binômes d’étudiants du programme. Intitulée Why, cette partie présente des œuvres comme des résultats concrets de questionnements réciproques, de partages d’expériences de deux institutions si différentes. On y découvre par exemple les photos de Pierre-Marie Drapeau-Martin représentant la maison de sa grand-mère. Comme des natures mortes qui évoquent un temps suspendu dans lequel Noémie Regnault s’est engouffrée pour imaginer une histoire fantastique où nos sens, aiguisés, nous font nous sentir vivants.
Le Centre de documentation expose quant à lui, de manière inédite, la création en train de se faire à travers différents documents illustrant les essais, les questions, les hésitations, les fragilités qui auront marqué les étapes de travail de ces binômes.
On en ressort avec plus de questions que de réponses. Mais aussi, peut-être, avec une plus grande envie d’expérimenter.

Géraldine Higel

 

Histoires Parallèles : jusqu’au 7/02 au FRAC PACA (20 boulevard de Dunkerque, 2e), dans le cadre du Festival La Photographie Marseille.
Rens. : 04 91 91 27 55 / www.fracpaca.org / www.laphotographie-marseille.com