Fuzzy Logic © GM Creative Studio

Identités Remarquables | Fuzzy Logic

D’amour et d’électro fraîche

 

Nous avons fait le point sur le parcours de Fuzzy Logic, musicien électronique entre Bombay et Marseille.

 

Ce talentueux Indien nous arrive donc directement d’Inde, où il est déjà connu. Sa notoriété, il la doit d’abord à des contributions cinématographiques, comme le film d’animation en stop motion créé par Joey Ellis, diffusé au TEDx Delhi, dans lequel apparaît le morceau Pretty Child tiré de son EP Foe on the floor, qui sera bientôt diffusé en ligne. Fuzzy Logic ? La presse en parle, de Rolling Stones à NME en passant GQ ou Time Out. MTV Indies l’a même défini comme l’un des dix artistes « indie electronica » à ne pas manquer.

Fuzzy Logic aborde, en particulier à travers son activité de producteur de B.O., le lien entre l’acoustique et le jeu pictural. Il se définit d’ailleurs lui-même comme un autodidacte de la musique, aussi bien lors de ses premières expériences rock que comme producteur de musique électronique ayant appris tout seul le maniement des logiciels. Depuis janvier 2017, l’artiste est aussi en résidence à Aubagne, lauréat du prix de la Pépinière d’artistes de la ville. Pour son dernier EP, Mrs You, videz votre esprit pour sentir le son.

Ce quatrième opus pourrait se définir comme de l’électro house, non sans un bon sens de l’harmonie. Pour la petite histoire, pas des moindres, si Fuzzy Logic a récemment élu domicile à Marseille, c’était avant tout pour y rejoindre son amoureuse. Cet EP nous parle donc surtout d’amour. Un amour en forme de voyage. Avec un joli jeu de mot : I Miss  you, Mrs You : « tu me manques » et « tu seras ma dame ». Miss You est par ailleurs un joli clin d’œil à l’album du groupe Trentemoller, que l’Indien affectionne particulièrement et cite comme influence majeure. Ce n’est donc plus un secret, Mrs You est une déclaration d’amour. En témoignent indubitablement des titres tels que Joy Ride ou Lost In love.

Au premier abord, le son se veut un mélange de pop, penchant vers de la house par ses basses, trempé de voix mélodiques et de textures synthétiques, mais aussi par ses tempos qui vont croissant et décroissant, et cette profondeur… Avec déclinaison de bruits liquides, qui impliquent que vous vous décidiez de danser, ou pas. On pense, sans nul doute, à certaines performances de Laurent Garnier, dans le style d’I Funk Up. Nonobstant, même si l’ascendant se veut maintenant un peu lointain pour l’artiste, l’auditeur se souviendra aussi, comme un écho, des Chemical Brothers période Hey Boy Hey Girl. Mais, fort de sept titres dont trois remixes, on croise surtout dans Mrs You le savoir-faire de French 79, Diapositive ou Audio Pervert…

Chez Fuzzy Logic, les mots sont glissants, prometteurs. « Let me take you on a ride », « so now we play a game »… Bref, un total « merry go round », un manège affectif hyper physiologique auquel s’ajoutent des instruments plus classiques. Beaucoup de sensations s’en dégagent. Non sans quelques réminiscences à la Tame Impala, qui peuvent surgir à l’improviste chez l’auditeur, témoins d’une belle originalité. Du son coulant, une voix qui ressasse à outrance, et des moments anti-mélodiques qui accélèrent ou décélèrent le rythme cardiaque. S’y dessine un refrain qui revient en fusion de notes reconnaissables, sorte de jingle acoustique corrélé. D’ailleurs, il serait abusif d’affirmer que cette singularité ne découle que des synthés. Elle s’affirme bien plutôt par l’élégance de l’artiste.

Cependant, difficile de définir pleinement la musique de Fuzzy Logic. Coïncidence, le « fuzzylogic », en anglais, désigne l’algorithme électronique de l’imprévisible… Un flou artistique revendiqué.

Après un premier clip exclusif, primé en 2015 pour le morceau Guerilla Monsoon par la VICE’s Thump Channel (qui l’a fait décoller), la musique ne s’écoute pas ici sans images. Impossible ainsi d’oublier le clip allant de pair avec le titre qui donne son nom à Mrs You. On y voit notre homme à la course sur un paquebot, celui qui le mènera jusque dans les bras de sa bien-aimée. Des images de voyage récurrentes par le truchement de l’acoustique et de la cinématographie. La mer, toujours présente, symbolique marseillaise, des panoramiques déformés… pas mal d’évolutions depuis son album Jerry Paper. Un passage d’une électro presque expérimentale à une musique plus figurative, touchant directement les sens. L’idée de se laisser aller au changement. De ne pas se coincer dans une vie mais, au contraire, d’en accepter le flux.

 

Aude Granier Chamboncel

 

Fuzzy Logic : le 9/12 au Cabaret Aléatoire (Friche La Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e) à l’occasion du festival Meltin’Art.
Rens. : meltinart-festival.blogspot.fr

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