Casimir et Caroline © Matthieu Touzé

Casimir et Caroline par la Cie Qué Mas

Et le rêve ? Bordel !

 

Le nom de sa compagnie — Qué Mas (quoi de plus) ­— illustre bien l’exigence artistique et le petit plus de folie que Léa Chanceaulme veut insuffler à l’adaptation du Casimir et Caroline d’Ödön von Horvath. Le Théâtre du Gymnase prendra sous sa mise en scène des allures de foire et de Fête de la Bière munichoise où se côtoient toutes les monstruosités, celles propres à chaque individu comme celles que génère la société.

 

Par choix, la compagnie Qué Mas a joué les quatre premières représentations de Casimir et Caroline au Garage, lieu alternatif du 18e à Paris. Recommandée auprès de Dominique Bluzet, directeur des Théâtres, qui rêvait depuis longtemps de montrer ce texte d’Ödön von Horvath, Léa Chanceaulme se voit offrir une coproduction et la scène d’une institution. Encore en création, elle plaisante de cet état d’urgence dans lequel son équipe se trouve à quelques jours de la première : « On va jouer dans un beau théâtre, alors on va “cradosser” (ndlr : expression bordelaise) le plateau ! Pour la dernière ligne droite, je ne veux surtout pas être sage. Mais finalement, c’est dur d’organiser un bordel. » (rires) Voilà qui promet.
La pièce se déroule en 1930, à Munich. Un jeune couple, Casimir et Caroline, est venu se divertir à la Fête de la Bière. Casimir a perdu son emploi de chauffeur et s’imagine que Caroline veut le quitter pour cela. Ils se disputent et se séparent. Caroline continue seule la soirée, en quête de plaisirs immédiats et d’ascension sociale sur fond de montée du nazisme. Les thèmes de la désillusion, de l’amour, du chômage et de la crise font écho à notre époque. Ce qui intéresse Léa : « C’est parler de nous à nos contemporains et montrer une jeunesse qui étouffe dans un monde où, malgré tout, elle continue de rêver… Pour gagner du temps dans les répétitions et faire avancer la réflexion, avec Etienne Baydon (scénographe) et Romain Francisco (assistant metteur en scène), nous avons inventé un storyboard comme pour un film. Etienne a construit une maquette à l’échelle avec tous les personnages et les éléments de décor, des sortes de playmobil. Puis nous avons travaillé dessus, scène par scène, en prenant des photos, pour régler la lumière, les déplacements des comédiens, du décor, le son. Une sorte de stop motion comme pour certains films d’animation. La pièce est initialement découpée selon les événements sur des lieux différents, la brasserie, le champ de foire, l’hippodrome… Nous l’avons réduite à huit mouvements. Les comédiens ne verront pas le storyboard, ils n’auront que les marques de déplacements que nous leur donnerons, le travail au plateau se fera à l’intérieur de cela dans les jours qui vont suivre, en espérant être prêts pour le 11 ! »
Cette création préfigure un collectif de huit jeunes artistes mis en place par les Théâtres pour les cinq saisons à venir. L’idée étant de leur offrir un accompagnement en bénéficiant d’un panel d’outils, du plateau à la diffusion, et de pouvoir se produire sur une des scènes des Théâtres, y compris les Bernardines, afin de garder l’esprit de recherche initié par Alain Fourneau.

Maryline Laurin

 

Casimir et Caroline par la Cie Qué Mas : du 11 au 13/05 au Théâtre du Gymnase (1 rue du Théâtre français, 1er).
Rens. : 08 2013 2013 / www.lestheatres.net

Et aussi le 22/05 au Théâtre Le Sémaphore (Rue de Turenne, Port-de-Bouc).
Rens. : 04 42 06 39 09 / www.theatre-semaphore-portdebouc.com