Caroline Sury © Damien Boeuf

Caroline Sury : portrait

Caroline sourit

 

Dessinatrice et co-fondatrice des éditions du Dernier Cri, Caroline Sury nous avait surpris avec Cou tordu, son deuxième roman graphique paru chez L’Association (1). Elle expose actuellement ses découpages et tableaux à l’Espace Ecureuil. Rencontre avec un personnage hors normes.

 

 

Quand on rencontre Caroline Sury, on peine à imaginer qu’elle puisse être l’auteur de ces dessins surchargés, torturés, dont l’érotisme dialogue avec l’effroi. Si, malgré un naturel réservé, la dessinatrice se montre avenante, la tension qui se dégage de son trait est pourtant bel et bien inspirée par son vécu, ses rêves, ses (res)sentiments.
Issue de l’école des beaux-arts de Bordeaux, elle fait ses premières armes à New York dans le dessin de presse pour revenir en Aquitaine et s’adonner à ses deux passions : le rock — noisy de préférence — et le dessin, puisqu’elle entame sa collaboration avec Paquito Bolino. De leur union naîtront un enfant, les éditions du Dernier Cri (tout d’abord à Paris, puis en exil à Marseille) et enfin un nouveau groupe de rock, Mug, qui s’illustrera lors du festival MIMI en 1996.
Si Caroline et le Dernier Cri, qui édite depuis 1992 la crème du dessin indé, sont indissociables, elle a su s’émanciper avec la publication de son premier album, Bébé 2000, en 2006 chez L’Association (qui édite les succès de Marjane Satrapi ou Joann Sfar). Elle qui jusqu’alors se contentait de dessiner des planches et affiches — notamment pour le périodique suisse Strapazin ou le fameux Ferraille des Requins Marteaux — a dû ainsi se frotter pour la première fois à la pratique scénaristique. A l’instar du travail de l’écrivain Hervé Guibert ou du dessinateur Mark Beyer, les histoires que Caroline raconte sont surtout les siennes, celles de rêves où ses grands-parents jettent des couteaux dans une rivière où elle nage nue et finit transpercée. Une famille, omniprésente, source de maux mais aussi d’inspiration, tout comme les « joies » du quotidiens — embouteillages et supermarchés en tête — souvent synonymes de situations cocasses. Quand d’autres choisissent le divan, ce sont les dessins hallucinés, la vision apocalyptique de la ville ou les découpages de Tikis (2) en ombres chinoises de Caroline qui soignent ses états d’âme à l’encre de chine, comme une catharsis. Ce qui lui permet d’afficher une certaine sérénité (comme en témoigne sa médaille d’argent aux sélections du championnat de France de Tai Chi en 2007) et de vivre… tout simplement.

Damien Bœuf

 

Douce comme un dragon : jusqu’au 29/04 à l’Espace Ecureuil (26 rue Montgrand, 6e).
Rens. 04 91 57 26 49 / www.fondation-ecureuil.fr

Dans les bacs : Cou tordu (L’Association)

Notes
  1. Voir chronique et couverture Ventilo # 269[]
  2. Représentation humaine sculptée de façon stylisée et assez grossière que l’on trouve sous forme de statue ou de pendentif, souvent en jade ou en os.[]