Avec des classiques (Grémillon, Lubitsch) et des films plus « insolites », le mois d’avril sera éclectique à l’Institut de l’image, avec notamment une rétrospective en trois films de la courte mais passionnante filmographie de Michael Roemer (Nothing But A Man…), considéré comme l’un des plus grands réalisateurs américains indépendants, dont la redécouverte paraît aujourd’hui essentielle. À redécouvrir aussi, deux films du début des années 80 du cinéaste philippin Mike De Leon : Kisapmata, thriller familial basé sur un fait divers, et Batch’81, brûlot contre le totalitarisme et l’endoctrinement, bousculent les normes de la société philippine, ce qui vaudra à son réalisateur les foudres de la censure à une époque où le dictateur Ferdinand Marcos faisait régner la terreur dans son pays. À noter également la ressortie du film de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, récemment élu « meilleur film de l’histoire du cinéma » par la revue anglaise Sight & Sound ! Delphine Seyrig sera d’ailleurs à l’honneur dans cette programmation, avec également la réédition de son documentaire féministe, Sois belle et tais-toi !, et deux autres films interprétés par l’actrice (Peau d’Âne et Le Charme discret de la bourgeoisie) dans le cadre du week-end « Capsule 70 ».
Né à Berlin en 1928, Michael Roemer part, comme des milliers d’enfants juifs, en Angleterre en 1939, avant de migrer à Boston, où il sera admis à Harvard. C’est là qu’il se désintéresse du théâtre pour le cinéma, réalisant d’abord un film documentaire, avant trois longs-métrages de fiction sur trois décennies, tout en enseignant le cinéma à la Yale University School of Art.
Né en 1947 à Manille, Mike De Leon est un enfant de la balle : son père est le producteur Manuel De Leon et sa grand-mère, Narcisa De Leon, la fondatrice de LVN Pictures, mythique studio philippin. Dès Itim(Les Rites de Mai), son premier long-métrage réalisé en 1976, Mike De Leon aborde des questions sociales et politiques à travers des images puissantes et parfois dérangeantes. Couvrant presque cinq décennies, sa filmographie scrute l’évolution de la société philippine avec une audace déconcertante, recourant aussi bien au cinéma de genre qu’au film d’auteur.
Emmanuel Vigne