Philippe Chancel - Datazone

Photos. Commissariat : Michel Poivert

Philippe Chancel a mené durant quinze ans une exploration de sites sensibles sur notre planète, pour ausculter le monde et observer les symptômes les plus alarmants de son déclin. Faire oeuvre de telle manière ne correspond à aucun genre identifié dans les pratiques photographiques. C’est pourquoi Datazone est une invention qui parvient à englober les signes les plus tangibles de la catastrophe annoncée : écologie traumatique, désindustrialisation chaotique, revers toxiques de la modernisation. De la Chine aux États-Unis, en passant par l’Afrique et l’Europe, c’est le monde entier qui hurle à nos yeux. Et aucun refuge n’est en vue. Philippe Chancel est un photographe classique, ce qu’il construit nous confirme que le monde moderne n’a pas tenu ses promesses. C’est par l’assemblage des images qui témoignent d’une profonde sensibilité au monde que peut se constituer un grand récit.
Michel Poivert

Église des Frères Prêcheurs
Tlj 10h-19h30
Forfait journée : 23/35 €
www.rencontres-arles.com
Rue du Docteur Fanton
13200 Arles
04 90 49 67 27
06 10 53 12 88

Article paru le mercredi 3 juillet 2019 dans Ventilo n° 432

Les Rencontres d’Arles 2019

Chambres avec vues

 

Elles ne cessent d’attirer les visiteurs venus des quatre coins de la France et au-delà… Les Rencontres d’Arles soufflent leurs cinquante bougies avec autant d’expositions dans toute la ville. Zoom sur quelques temps forts, à nicher dans vos focales.

  « J’ai seulement rêvé du monde, je ne l’ai jamais vu », soulignait Evangelia Kranioti dans Obscuro Barroco, son premier film documentaire. À la Chapelle du Méjan, elle vient nous présenter sa série Les Vivants, les morts et ceux qui vont en mer. Depuis 2005, l’artiste touche-à-tout poursuit une recherche artistique et anthropologique sur la vie maritime. D’abord sous l’angle de son propre héritage culturel, puis dans les voyages et l’intimité des matelots méditerranéens à travers le monde. S’inspirant de la figure du marin dans l’œuvre de Nikos Kavvadias, Evangelia l’est devenue elle-même et a traversé mers et océans sur des pétroliers, cargos et porte-conteneurs. Unique femme à bord, elle tient la barre et l’objectif dans l’exploration de sa propre conscience. À l’Espace Van Gogh, une exposition rend hommage à Helen Levitt, pionnière de la street photography, active pendant près de soixante-dix ans. Assistante d’Henri Cartier-Bresson et de Walker Evans, qui décideront de sa vocation, elle commence dès la fin des années 30 à photographier les dessins à la craie des gamins des rues new-yorkaises à qui elle enseigne les arts plastiques. Un beau moment dédié à « l’art de l’accident poétique ». Le photographe québécois JJ Levine présente pour la première fois ses œuvres au Ground Control. Une exploration de l’identité, de la sexualité et des espaces, avec des portraits intimistes incroyablement puissants. Militant et conférencier, il est réputé pour « déjouer la matrice hétéronormative », selon Dayna McLeod. Des portraits de rues aux visages du monde, les œuvres de Philippe Chancel viendront remettre les pendules à l’heure. Depuis les gratte-ciels de Fukushima à un aéroport hors sol des Émirats Arabes Unis, jusqu’à une autoroute déserte de Corée du Nord, il viendra chambouler notre vision avec sa Datazone. Via une écriture singulière, le photographe cherche à montrer, sous leurs multiples, des territoires surexposés, ou au contraire inconnus des radars médiatiques. Depuis sa série sur les mineurs de platine en Afrique du Sud en 2013, déjà exposée à Arles, il vient confirmer l’état de notre planète et de ses systèmes. Les Rencontres d’Arles, c’est une aventure à vivre en famille ou entre amis parmi les cinquante expositions proposées. Des choix esthétiques et sensationnels. Une destination estivale où il faut aller, en prenant le temps de pause…  

Zac Maza

 

Les Rencontres d’Arles : jusqu’au 22/09 à Arles.

Rens. : www.rencontres-arles.com/

Le programme complet des Rencontres d’Arles ici