Se réclamant des mouvements artistiques Dada et Fluxus, cet artiste autrichien déploie son travail depuis les années 1980 à travers sculptures, vidéos, performances, etc.
La création d’une œuvre pour Erwin Wurm est une procédure d’émancipation. Il libère les objets de leur contexte familier, les remet en question et leur donne un sens hors du commun à l’image de ses célèbres One-Minute Sculptures où le spectateur est invité à interagir avec les objets du quotidien. Drôles et immédiatement accessibles, ses œuvres jouent avec le réel pour en souligner les codes, les angoisses et les absurdités.
"Je m’intéresse à la vie de tous les jours. Tous les matériaux qui m’entourent peuvent être utilisés,"aussi bien que les objets, les sujets impliqués dans la société contemporaine. Mon travail parle de l’être humain"dans toutes ses dimensions : physique, spirituelle, psychologique et politique".
Erwin Wurm
Cette exposition est traversée de pensées fondamentales sur l'écologique et la condition humaine. La métaphore de l'obésité est à l'image du dérèglement du désir ou de sa disparition dans sa propre consommation. Un humour corrosif s'en dégage qui dialogue avec l'année de la gastronomie.
https://www.erwinwurm.at/artworks.html
Dans les One Minute Sculptures, des objets pris dans un environnement immédiat et des modèles faisant preuve d’une certaine « docilité » sont associés sans hiérarchie les uns aux autres ou à des éléments architecturaux (murs, sol…), en intérieur ou en extérieur, pour former autant de sculptures provisoires, reposant sur un équilibre précaire, qui laisse en suspens la catastrophe imminente et programmée. Les One Minute Sculptures (1997-1998) du Mnam déclinent sous la forme d’un ensemble conséquent de photographies ce concept global (et rétrospectif) de sculpture éphémère, initié dès la fin des années 1980 et incluant également dessins (instructions) et vidéos. Le propos est pourtant des plus sérieux : celui d’une sculpture à renouveler fondamentalement, d’une sculpture moins cloisonnée et porteuse d’infinies potentialités grâce, en particulier, à la malléabilité corporelle et psychique. Si le travail d’Erwin Wurm s’inscrit aussi dans une certaine tradition autrichienne de la performance, c’est avec un esprit radicalement opposé, teinté d’ironie et d’humour : l’intensité dramatique, qui caractérisait notamment l’actionnisme viennois, bien que toujours présente, réside surtout dans la menace qui pèse sur ces agencements inutiles et dans l’audace que doivent assumer ceux qui veulent bien accueillir toutes sortes d’objets incongrus comme prothèses, quitte à perdre, l’espace d’un instant, leur dignité. (Sophie Duplaix)
Théo Renoux