René Perrot (1912-1979) fut un artiste prolifique, expérimentant sans cesse de nouveaux styles et de nouvelles techniques. Il est particulièrement connu pour ses tapisseries, destinées à orner bâtiments officiels, ministères ou ambassades à travers le monde. Cette exposition propose de redécouvrir la richesse et la sensibilité de son travail à travers près de 200 dessins, peintures, tapisseries et objets issus des collections du Mucem, du Mobilier national mais aussi de collections privées. Profondément pacifiste, la production de René Perrot est marquée par l’histoire de son temps et ses bouleversements, la Seconde Guerre mondiale constituant un tournant dans son parcours.
Fils d’instituteurs et petit-fils d’agriculteurs, René Perrot a étudié à l’École nationale des arts décoratifs avant de travailler comme affichiste jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Antimilitariste convaincu, il dénonce l’absurdité de la guerre à laquelle il participe dans des gravures. Après la défaite française face à l’Allemagne, il enquête pour le musée des Arts et Traditions populaires, portant un regard artistique sur les campagnes françaises. Comme ce fut le cas pour un certain nombre d’architectes, de décorateurs et d’artistes, la protection du musée lui évite d’être trop inquiété en raison de ses positions politiques dans ce contexte troublé. C’est dans son village natal de Cuse (Doubs) et ses environs qu’il commence son enquête en 1942 et 1943 ; il la poursuit dans le Cantal en 1944, puis dans les Pyrénées-Orientales en 1945.
Il réalise ainsi de très nombreuses peintures et gravures dont près de quatre-cents sont conservées au Mucem. Ces œuvres documentent des thématiques variées, de l’architecture au paysage, de l’artisanat à l’agriculture, et des réalités de la vie quotidienne au spectacle des fêtes. Ce travail dresse un portrait interrogatif et songeur d’une France en pleine transformation : il en ressort une image à la fois précise et idéalisée, à la fois quasi-scientifique et quasi-utopique, de la France rurale.
Après cette expérience sur le terrain, René Perrot consacre l’essentiel de son travail à la tapisserie et à l’enseignement. Il est profondément attaché à la nature et aux animaux qui finissent par remplacer presque complètement, dans sa production artistique, les humains qui l’ont peut-être déçu. C’est dans la faune, la flore, les fonds marins et les minéraux qu’il trouve son inspiration : leurs formes et leurs couleurs éclatantes nourrissent l’univers poétique de ses œuvres. Dès 1945, il contribue à la relance des ateliers creusois de basse-lice, auxquels il restera fidèle. Il réalise plus de quatre cents cartons de tapisseries à partir desquels sont exécutées des tapisseries par les Manufactures de Felletin, d’Aubusson ou des Gobelins, participant aux côtés de son aîné Jean Lurçat au renouveau de cet art mural.
Commissariat :
Alice Bernadac, conservatrice de la Cité internationale de la Tapisserie, Aubusson
Raphaël Bories, conservateur du patrimoine, responsable du pôle Croyances et religions, Mucem
Marie-Charlotte Calafat, conservatrice du patrimoine, responsable du département des collections et des ressources documentaires, Mucem
Scénographie : Yves Morel
Graphisme : Fabien Hahusseau
Co-production : Cité internationale de la Tapisserie, Aubusson
Isabelle Rainaldi