À l’origine de mon travail, une double question.
D’abord, le temps. Non pas le temps qui se mesure, mais celui plus poétique, plus existentiel, qui se perçoit ; Ce temps là ne peut se penser sans la question de la disparition.
Et puis l’écriture ; celle qui pourrait être un « au delà du langage » (R.Barthes), une volonté de signifier autrement, contre la norme du lisible.
L’écriture illisible pour évoquer le non-dit, l’interdit, ce qui fait écart ou lien entre le dicible et l’indicible.
J’ai dès lors engagé un travail sur le signe, la trace, l’écriture spéculaire, la répétition du geste comme engagement physique du temps en mouvement.
Chaque jour, comme une pulsion de vie, je suis à l’atelier…
Il y a d’abord une nécessité dans la mise en œuvre.
Elle démarre toujours par une matérialité affirmée : la cire, le torchon, le papier.
Puis je décide de l’identité narrative.
Par tâtonnements et ajustements successifs, le protocole se précise ensuite dans l’expérimentation ; formes, couleurs, assemblages, mes choix se font avec la matière, sans croquis préalable.
Le geste obsessionnellement répété en définit la topologie.
Une œuvre après l’autre, le mode d’intervention se déplace à peine, la série se dessinant imperceptiblement dans cette frêle évolution.
Épigraphies est la recherche en creux d’une écriture ancienne sous jacente, Le texte n’est quasi pas visible, seule demeure une géographie incisée dans la cire, révélant par endroits la profondeur de la matière.
Pascale Hugonet
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Généralement, le dessin est une première pensée, une anticipation de l’œuvre à venir. La plume peut courir librement, parcourir la surface sans la délimiter, rester libre de son point de départ et de son avenir. Le dessin est un point de départ qui ne préjuge ni ne présume du résultat final, si ce n’est dans les grandes lignes.
Dans l’œuvre de certains (et de Pascale Hugonet, en particulier), le dessin n’est pas un outil, une étape, une anticipation mais une finalité. Il ne précède rien que d’autres dessins, au nombre illimité, à qui il prépare la voie, déblaie le terrain, ouvre des pistes. Le suivant ressemblera un peu à celui qui le précède et assez aussi à celui qui le suit. Mais aucune gémellité, impossible de se tromper ou de les confondre. Malgré un air de famille prononcé, chacun possède une personnalité affirmée, issue de même règle matière et couleurs. Et chacun s’intègre dans une famille évidente, à peine recomposée.
Bien sûr, les formats identiques, l’esthétique de la page pleine, l’aspect d’écriture barbare ou antique, la répétition de modules discrets, l’acharnement symptomatique à finir malgré tout tissent des rapprochements irrémédiables. L’obsession remplit l’espace selon des processus régissant chacune des séries et que l’on identifiera ou pas, c’est selon l’angle de visions, l’éloignement du sujet, la lumière portée.
Car autant que la finesse du trait, le noir de l’encre, la trace du scalpel ou l’épaisseur de la cire, sont présents l’ombre de l’épigraphie, le fantôme de l’estampage Han, l’empreinte d’artistes rares et presque oubliés du vingtième siècle, le support enfoui des tablettes coraniques et les planches millénaires des portraits du Fayoum. L’apparente absence d’épaisseur du trait, l’impalpabilité du support se remplissent aussi de cette impalpable et obsédante culture, toujours plus envahissante qu’elle paraît invisible.
Dessiner autant qu’écrire, écrire en même temps que dessiner, il y a quelque chose du livre invisible dans le travail de longue haleine de Pascale Hugonet. Mais dans le trait cursif ou rigide, dans l’écriture bâton ou presque cunéiforme, dans le lacis ou le damier, dans la résille et la grille, se glissent parfois un sens, des références et même, pourquoi pas une voix ancienne à ceux qui, pour l’entendre, se rapprocheraient dangereusement du papier.
— Francois Bazzoli (2016)
Pascale Hugonet, vit et travaille à Marseille
Expositions personnelles
2020 : Epigraphies, Galerie Patrick Bartoli, Marseille
2016 : Supervues, Hôtel Burrhus, Vaison La Romaine
2014 : Galerie du Tableau, Marseille
2013 : Skandhaus, Marseille
Motifs et Traces, Galerie Andiamo, Marseille
Hétérogène, Marseille
Expositions en duo
2020 : Traces, N°5 Galerie, Montpellier
2018 : Azul, Galerie La porte étroite, Toulon avec Didier Petit
2017 : Saisir le silence, Galerie Gabrielli, Montpellier avec Alexandre Gilibert
Expositions collectives
2020 : Les sources du geste, Beijing/Nîmes #2 / Le Colisée, Nîmes
2020 : Salon du dessin contemporain, Narbonne
2019 : Les sources du geste, Fondation Li Keran / Pekin (China)
une expostion organisée par Nîmes Métropole et le CACN de Nîmes
2019 : Solid’Art, Friche de la Belle de Mai, Marseille
2019 : Parcelles2, Galerie Martagon, Malaucène
2018 : Parcelles, Galerie Martagon, Malaucène
A vendre, Château de Servière, Marseille
2017 : De la nature du lien Cabane Georgina, Marseille
2016 : 13 à l’aise, La Théorie des espaces courbes, Voiron
Perfect Paper, L’Appartement, Marseille
La Métis du renard et du poulpe, Cabane Georgina, Marseille
La peau, Art Manda, Barjols
Rencontres 47, La Vigie art contemporain, Nîmes
2015 : Petits formats, Galerie Martagon, Malaucène
Formats raisins, MAC Arteum, Châteauneuf le Rouge
Noir et Blanc, Look and Listen, Saint Chamas
2014 : Formats raisin, Espace Vallès, St Martin d’Hères
2013 : Formats raisin, Galerie Martagon, Malaucène
A vendre, Chateau de Servière, Marseille
L’Appartement, Marseille
2012 : A la plancha, Saffir Galerie nomade, Marseille
Hétérogène, Marseille
2011 : La Trocade, Marseille
Publication
2017 : Opening book (008), édition numérique