Jean-Louis Spieser - Prisonniers au Château d'If

Rencontre avec l'auteur (et Patrick Madenspacher) autour de son livre, paru aux éditions Gaussen

Août 1914 : l'armée française fait une courte incursion en Alsace, puis, contrainte de se replier, elle arrête des milliers de civils, fonctionnaires (alsaciens ou allemands venus d'outre-Rhin après 1871) occupant des postes dans l'administration impériale, ou simplement personnes perçues comme germanophiles et donc soupçonnées d'espionnage. L'histoire de ces milliers d'Allemands et d'Alsaciens, déportés par l'armée française en 1914, est tombée dans l'oubli. Des centaines d'entre eux furent internés au large de Marseille dans les premiers mois du conflit, au château d'If, puis sur les îles du Frioul où ils rejoignirent des compatriotes arrêtés sur l'ensemble du territoire national au simple motif qu'ils étaient ressortissants d'une nation ennemie ; les uns travaillaient en France depuis des années, d'autres eurent juste le malheur de se trouver sur un bateau qui avait fait escale à Marseille fin août 1914. Jean-Louis Spieser a retrouvé et traduit onze de leurs témoignages. D'origines très diverses, ils racontent tous l'histoire pitoyable de femmes, d'enfants et d'hommes prisonniers dans des conditions effroyables. Ces textes révèlent une page de la guerre peu glorieuse et encore inconnue du grand public. "Pourtant, estime Jean-Louis Spieser, un siècle après, on peut bien en parler, non ? Je ne veux pas que ces voix tombent dans l'oubli"

Librairie Prado-Paradis
Le vendredi 27 avril 2018 à 17h
Entrée libre
http://www.librairiepradoparadis.fr/
19 avenue de Mazargues
13008 Marseille
04 91 76 55 96

Article paru le mardi 17 janvier 2017

Jean-Louis Spieser - Dr Max Brausewetter - Prisonnier des Français, journal clandestin d’un Allemand au Château d’If, au Frioul, en Corse, à Uzès et au Puy-en-Velay (1914-1916) (Éditions de la Fenestrelle)

Le grand mérite du livre de Jean-Louis Spieser est de jeter un éclairage nouveau sur un pan peu glorieux de l’histoire marseillaise : les camps d’internement des îles du Frioul. On connaissait déjà l’excellent travail de Jean-Claude Farcy sur les camps de concentration français ((Jean-Claude Farcy - Les Camps de concentration français de la Première Guerre mondiale (1914-1920) (Anthropos, 1995))). Désormais, il faudra compter avec Jean-Louis Spieser et son Prisonnier des Français publié aux Editions de la Fenestrelle, qui raconte l’incroyable épopée d’un médecin allemand, le docteur Max Brausewetter, parti secourir ses semblables et qui se retrouve deux années durant prisonnier des Français à traîner sa carcasse dans les pires camps d’internement dont le Château d’If. Car, n’en déplaise aux aficionados de Dumas, le Château d’If fut aussi, et bien plus longtemps qu’on ne le pense, le théâtre d’atrocités « vraies » qui se sont prolongées jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Mais la contribution de Jean-Louis Spieser va plus loin. Par son travail acharné et la qualité de ses traductions, le chercheur nous offre des témoignages très précieux parce qu’encore trop rares sans doute. On pense bien sûr aux carnets de guerre du tonnelier Barthas ((Louis Barthas - Carnets de guerre de Louis Barthas, Tonnelier, 1914-1918 (Editions La Découverte, 2013))), autre témoignage surprenant de la Grande Guerre qui possède, comme le récit de Brausewetter, la vertu hypnotique des récits bruts, sans fard.

François Billou