Tutuguri + We have decided not to die

Performances respectivement réalisées par Flora Detraz et Louise Siffert (30' & 55')

Tutuguri

Hommage au poème éponyme qu’Antonin Artaud consacre au rite du soleil noir chez les Tarahumaras du Mexique, le solo Tutuguri consiste en une « danse sonore » hallucinatoire. Flora Détraz y met en scène son corps ventriloque, celui d’une femme-médium possédée par une multiplicité d’esprits, d’identités et de récits, autant d’êtres non identifiés auxquels elle donne corps et voix. Jouant précisément sur leur dissociation, la performeuse fait entendre un large spectre de sonorités (chant, chuchotis, bribes de conversations, bruits d'animaux, cris de nourrissons ou cliquetis d’aliens) le plus souvent placées dans un rapport de télescopage ou de déphasage avec la gestuelle. Elle prend ainsi sur scène des formes déroutantes et devient ce monstre burlesque, parfois inquiétant, à la lisière des mondes qu’il semble avoir engloutis. Entre la poésie sonore et la performance chorégraphique, la pièce de Flora Détraz explore les interstices entre l’audible et le visible, occupant un écart où logent les possibles et fleurissent les imaginaires.

Flora Détraz est danseuse, chorégraphe, vocaliste et réalisatrice. Après un cursus en danse classique au conservatoire de Boulogne-Billancourt et des études littéraires et philosophiques en classe préparatoire à Paris, elle intègre la formation du centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, sous la direction de Maguy Marin. Elle rejoint ensuite le cycle de recherches chorégraphiques du Forum Dança, à Lisbonne, ville dans laquelle elle habite pendant 9 ans. Lors de son parcours, elle a l’opportunité de rencontrer des artistes telles que Meredith Monk, Marlene Monteiro Freitas, Vera Mantero, Meg Stuart ou encore Lia Rodrigues, qui inspirent sa propre pratique. Depuis 2013, elle développe au sein de la structure PLI, des projets chorégraphiques et vocaux qui explorent les liens entre le visible et l’invisible et interrogent les convenances sociales, à travers le corps.

 

We have decided not to die

WE HAVE DECIDED NOT TO DIE est un film et spectacle musical basé sur une exploration des corps en lien avec l’architecture. Inspiré par les archives du projet architectural Reversible Destiny- Healing Fun House, une "éco-communauté queer", imaginé par les artistes, poètes et architectes Madeline Gins et Shusaku Arakawa. Dans la droite lignée de ses travaux précédents Louise Siffert transforme ces archives en objet à travers une forme ludique, poétique et plus accessible, la plasticienne reproduit ainsi un espace scénographique et lumineux haut en textures et en couleurs. Dans cet environnement à l’esthétique prononcée, propice à l’expression des singularités, Louise Siffert renoue avec les intentions esthétiques et politiques du duo Gins et Arakawa qui élaborait des structures capables d’émanciper les corps des normes, des dispositifs de contrôle ou des processus d’idéalisation, et peut-être même de défier la mort.

Louise Siffert, née en 1988 à Strasbourg, se forme à la scénographie avant d’intégrer l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts à Paris. Elle est membre de DOC !, espace artistique autogéré à Paris.Monde du travail et aliénation, recherche du bien-être, place des habitudes : les performances de Louise Siffert interrogent et mettent en relation ces thématiques actuelles dans une mise en scène théâtrale et burlesque. Ancrant son travail dans des réflexions scientifiques et sociologiques (théories queer, études du genre, études décoloniales...) Louise Siffert crée des personnages aux caractères exacerbés, surexploitant les codes de langage et de comportement qui leur sont attribués.
Son travail a été montré au Palais de Tokyo, au MO.CO Panacée à Montpellier, à la synagogue de Delme, aux Laboratoires d’Aubervilliers, à L’Atelier de Paris - Carolyn Carlson, au Théâtre Nanterre Amandiers, au CAC Brétigny, au CAPC de Bordeaux et dans le cadre d’une exposition solo au BBB centre d’art à Toulouse. Elle est lauréate du projet «La Vie Bonne» en 2020, soutenu par AWARE : Archives of Women Artists, recherches et expositions et le CNAP-Centre national des arts plastiques. Ses œuvres sont dans les collections du CNAP et du CAPC de la ville de Bordeaux.

[mac] Musée d'art contemporain
Les 06 et 7 oct. : ven 19h30 - sam 15h30
Entrée libre sur réservation au 04 91 94 53 49
www.actoral.org
69 avenue d'Haïfa
13008 Marseille
04 13 94 83 51

Article paru le mercredi 13 septembre 2023 dans Ventilo n° 486

Festival Actoral

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En pleines formes

 

Filant la métaphore d’une couronne de pain dès son identité graphique, la nouvelle édition d’Actoral met en bouche notre temps et vient chercher l’appétit de tous nos sens.

    À l’heure où nous écrivons ces quelques ligne, les crayons de couleur de l’été sont un peu mâchouillés, et la rentrée de septembre nous accable déjà de ses nouveautés et de surinformation. Si c’est à contrecœur que nous quittons la nonchalance estivale, on peut se consoler en se rappelant que septembre est aussi le mois d’un rendez-vous devenu incontournable dans cette rentrée culturelle qui s’étirera jusqu’à la mi-octobre. Si le festival Actoral est synonyme de profusion, il n’en est pas moins aux antipodes du consumérisme appauvrissant qui nous entoure : ici, chacune des soixante-douze propositions est une petite pépite en soi, la signature d’un regard délicat et parfois en même temps une œillade provocatrice envers une société qui s’emballe. Dans la cour de Montévidéo, la petite équipe nous attend pour un point presse avec Hubert Colas, fondateur de cet événement qui a acquis sa dimension actuelle en 2013, il y a dix ans. Celui-ci se plaît d’ailleurs à rappeler le rendez-vous confidentiel que furent les toutes premières éditions, qui réunissait quelques aficionados de la littérature poétique et autres mordus de théâtre, avant que d’évoquer les différentes propositions des deux cents artistes invités au festival cette année. Mais comme à son habitude, Hubert étant de ceux qui se mettent aussi au service des autres artistes, il offre la primauté du tour de parole à trois artistes alors en résidence dans ce formidable outil qu’est Montévidéo : Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong Castaing nous parlent ainsi de leur installation performative intrigante sur les hikikomori (voir ci-dessous), tandis que le jeune Darius Dolatyari-Dolatdoust nous parle de son amour pour le textile, davantage passionné par le réinvestissement de ce qui existe déjà que par la création, dans une perspective écologique plus que louable dans l’art du vêtement, et dont on peut voir les immenses fresques brodées sur les murs de Montévidéo jusqu’en octobre. Tout les distingue, mais on flaire une même dynamique, sensible au monde qui les entoure et immergée dans celui-ci, bien loin d’une expérimentation incongrue et confidentielle menée dans une tour de verre. De ce même lieu, épicentre du projet d’Actoral menacé par une expulsion comme beaucoup le savent déjà, nous ne parlerons guère dans ces colonnes car l’heure est aux délicates négociations. Nous apprenons que l’État et la Ville de Marseille semblent avoir répondu à l’appel à l’aide d’Hubert Colas, tous conscients de l’incontournable utilité de cet espace de fabrication des œuvres les plus singulières, souvent reconnues par la suite dans les plus gros lieux de diffusion, et maillon incontournable de la vitalité artistique de notre temps pour la ville, l’hexagone et au-delà. Non sans un certain paradoxe, la question devient presque patrimoniale pour la création contemporaine. Estimant cet archipel fertile et prolixe, une ordonnance 45 du ministère de la Culture impose désormais une pérennité de l’usage culturel de ces bâtiments. Puisse le propriétaire l’entendre aussi de cette oreille, c’est tout ce que nous leur — et que nous nous — souhaitons ! Pour revenir à notre présent, l’édition 2023 d’Actoral reprend les ingrédients et les (bonnes) recettes qui ont fait son succès : un investissement du territoire marseillais avec un week-end d’ouverture qui se lie aux dix ans du Mucem, une politique de partenariat avec des grands théâtres comme avec de petites librairies, une polymorphie des formes proposées et une dynamique festivalière qui, par sa programmation journalière sur quatre semaines et ses moments festifs, permet une densification et une unité du public qui se retrouvera de soir en soir, au fil des propositions. Un public à qui ces artistes semblent vouloir faire écouter ce que la société éveille en eux, dans une pluralité de formes « souvent aux confins du burlesque et du macabre »… Vaste programme, dans lequel nous vous invitons à prendre le risque sur quasiment chaque proposition, tant l’ensemble est alléchant. Faisant fi de l’exhaustivité, mais conscients que notre lectorat reconnaîtra beaucoup de noms dans la programmation faite de fidélités artistiques (Christophe Fiat, Mohamed El Khatib, Laura Vazquez, Dorothée Munyaneza, Tommy Milliot, Léa Drouet, Rodrigo Garcia, Dieudonné Niangouna, Dana Michel, la Need Company… et tant d’autres qui échappent à ce name dropping, faute d’espace), nous avons sélectionné des propositions qui arrivent tôt dans l’agenda. Affaires sensibles, à faire, à suivre…  

Joanna Selvidès

 

Actoral : du 21/09 au 14/10 à Marseille.

Rens. : www.actoral.org

Le programme complet du festival Actoral ici

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