"L'avenir n'est plus ce qu'il était, la science Vaudou est passée par là" + "Gilets jaunes : émergence de zombies dans la vie politique française ?"

Une conférence animée par Jean-Paul Fitoussi (essayiste et économiste) et Christophe Alix (journaliste), suivie d'une table ronde proposée par le magazine Marianne avec Natacha Polony (journaliste, essayiste, directrice de la rédaction), Jean Viard (sociologue) et Kévin Boucaud-Victoire (rédacteur en chef débats et idées)

«L'avenir n'est plus ce qu'il était, la science Vaudou est passée par là»

Au fond, lorsqu’on y réfléchit, les choses sont beaucoup plus simples qu’on ne le dit. La pseudo complexité est soit le moyen de dire aux gens que ce dont on leur parle leur échappe, soit le reflet de la propre incompréhension de celui qui porte la bonne parole. Et il y a légion dans ce groupe.
L’économie Vaudou – l’ensemble des théories qui n’en finissent pas d’errer parmi nous après leur « mort » - va déployer sa puissance dans deux directions. La première est de nous convaincre que tout a été fait pour résoudre les problèmes lancinants auxquels nous sommes confrontés : chômage, précarité, inégalités. Malheureusement rien n’y a fait. A force de répéter cela, nous devenons persuadés que rien n’y fera. C’est malheureux, mais il faut bien faire son deuil de l’impossible.
La seconde direction est plus concrète et aboutit à la mise en œuvre de mesures effectives. Nous serions (collectivement) responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons, parce que notre comportement est égoïste et que nous sommes rétifs à toute réforme. Ni les chômeurs, ni les pauvres ne se « bougent » suffisamment pour alléger le fardeau qu’ils font peser sur la société. Nous refusons la baisse des salaires, la réforme des retraites, la réforme de l’indemnisation du chômage, la réforme du droit du travail, en bref tous les changements où nous laissons des plumes. Le temps est venu de se demander ce que nous pouvons faire pour notre pays. Après mille réformes, nous en sommes encore là. On pourra toujours dire que ce résultat témoigne de ce que nous n’avons pas su être aussi bon que les habitants du pays X ou Y. Encore un petit effort.
Je m’emploierai à montrer quelles sont les théories zombies qui viennent au secours de ce double mouvement et pour quelles raisons politiques, elles sont mobilisées.

«Gilets jaunes : émergence de zombies dans la vie politique française ?»
Un beau jour de l'automne 2018, comme surgis des profondeurs du monde, ils ont envahi des ronds points pour ne plus les quitter pendant des mois. Puis ils se sont répandus dans les rues des villes, portant sur eux tous les stigmates d'une infection contractée de longue date et soudainement impossible à contenir. Peu à peu, il se sont approchés des vitrines des commerces, tels les zombies encerclant un centre commercial dans le film éponyme de Georges Romero. Et tout s'est embrasé pendant que leurs visages se déformaient sous un tir nourri de projectiles. Les passerelles entre les Zombies et les Gilets Jaunes sont nombreuses et mobilisent des disciplines variées. S'il fallait isoler un seul de ces liens, ce slogan si souvent entendu dans les rassemblements des « GJ » : « « Nous voulons vivre ! » À croire qu'ils étaient déjà morts. Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne, examinera les causes de cette étrange maladie avec le sociologue Jean Viard.

TNM La Criée
Le jeudi 1 janvier 1970
6/13 €
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