Sans titre, série La Salle de classe de Hicham Benohoud courtesy Galerie VU

Des artistes dans la cité #1 et Splendeurs de Volubilis au MuCEM

Mars en Maroc

 

Avec deux de ses nouvelles expositions temporaires, le MuCEM nous emmène à la découverte du Maghreb. Celui d’hier, via les bronzes antiques de Volubilis, et celui d’aujourd’hui, à travers Des artistes dans la cité, qui propose un voyage dans l’actualité complexe de la société marocaine.

 

Des portraits de junkies portant les habits du Roi dans l’un de ses somptueux palais tangérois ; des miroirs découpés qui forment des lettres arabes ; le son indistinct d’un écran de télé ; des cocottes-minute accrochées au mur… Sept artistes interrogent les notions de pouvoir, d’éducation et de travail, soulevant par là même la question de la place de la création dans la société marocaine d’aujourd’hui.
L’une des œuvres de Simohamed Fettaka résume parfaitement l’impression qui nous reste à la sortie de l’exposition : un âne empaillé, qui « symbolise celui dont on attend qu’il se révolte pour accéder à des conditions meilleures mais reste impassible. » Tout comme ces élèves mis en scène dans des situations incongrues par l’artiste Hicham Benohoud alors qu’il était professeur. Sa série de photos questionne le rapport au pouvoir de l’enseignant face à ces élèves obéissants, impassibles eux aussi face à l’instrumentalisation dont ils font l’objet.
Quant à la seule artiste féminine de l’exposition, Batoul S’himi, elle illustre la « sourde révolte » d’un Monde sous pression grâce à une installation de dix autocuiseurs sur lesquels sont dessinés des pieds et des cerveaux. Dessins qui suggèrent que « tout individu est une force motrice et un être pensant capable de s’opposer à l’ordre établi. »
Le consentement au pouvoir qu’admet le fonctionnement de la société marocaine (et de toutes les sociétés d’ailleurs) est ici envisagé sous différentes formes, aussi surprenantes les unes que les autres. A travers une dizaine d’œuvres utilisant des médiums très variés (installation, photos, vidéos…), les artistes marocains livrent un regard tendre et critique sur leur société, aussi complexe que passionnante.
L’exposition Splendeur de Volubilis nous fait faire quant à elle un bond dans l’histoire, nous propulsant à l’époque gréco-romaine en Maurétanie — territoire de l’actuel Maroc et d’une partie de l’Algérie. On y découvre avec émerveillement les trésors antiques du pourtour méditerranéen mis au jour au XIXe siècle avec les premières fouilles archéologiques, notamment sur le site de Volubilis, ruine que l’on peut encore visiter dans le nord de Meknès. De nombreux objets et des chefs-d’œuvre de la statuaire en bronze nous racontent l’histoire étonnante du bassin méditerranéen, métissage de savoirs influencés par les courants gréco-romain et égyptien. Un beau regard sur le passé, pour mieux éclairer le présent.

Yasmina Er Rafass

 

Des artistes dans la cité #1 : L’Art en travail : jusqu’au 2/06.
Splendeurs de Volubilis : jusqu’au 25/08.
Au MuCEM – Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Esplanade du J4, Quai du Port, 2e).
Rens. 04 84 35 13 13 / www.mucem.org