Germinal © Alain Rico

Germinal au Théâtre du Merlan

L’arbre technologique

Avec Germinal, Antoine Defoort et Halory Goerger livrent une nouvelle exploration d’un théâtre qui casse les codes du synopsis et met la scène à nu.

 

Disons les choses clairement : le Germinal d’Antoine Defoort est très loin du roman éponyme de Zola ; il a plus à voir avec le septième mois du calendrier républicain qui tire son nom de la fermentation et du développement de la sève de mars en avril. De développement, il en est fortement question, ou comment à partir de matériaux bruts (l’expérimentation en résidence), on assemble un tout qui génère du langage et de la forme. Si le propos peut paraître conceptuel (le propre du plasticien), l’ensemble tient en équilibre sur un fil proche de l’hilarité. A la manière de Buster Keaton, qui feint de ne pas savoir et se laisse déborder par la vitesse, Antoine Defoort et Halory Goerger découpent le temps et simulent la naïveté pour ramener l’homme à sa condition première, celle de l’émerveillement devant la complexité du monde (l’ère du numérique). L’individu devient une petite chose qui assemble des questions et des réponses dans l’effet de groupe. Il s’étonne de ce qu’il met lui-même en place devenant la victime d’un processus qui ne peut plus s’arrêter. Dans le prolongement des Chiens de Navarre, qui nous avaient impressionnés au festival ActOral, Antoine Defoort et Halory Groger aiment plus que tout interroger la relation au groupe, l’effet boule de neige, la question du jeu de l’acteur qui fait la peau au vaudeville et à sa mécanique huilée, au décor figé, au côté cour et côté jardin. Ici, on recommence à zéro, on se regarde dans les yeux et on dit « je ».

Karim Grandi-Baupain

 

Germinal : du 27 au 30/11 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).
Rens. 04 91 11 19 30 / 04 91 11 19 20 / www.merlan.org