Le 17e arrondissement – Quartier Utopique

L’Interview
Véronique Mondini (Générik Vapeur)

 

Compagnie emblématique du théâtre de rue depuis trente ans, Générik Vapeur se lance un nouveau défi : la création d’un quartier éphémère et utopique, le 17e arrondissement.

 

Qu’est-ce que ce nouvel arrondissement ?
Il s’agit d’un quartier créé grâce à vingt-quatre containers que l’on a transformés. C’est un quartier éphémère et utopique, mais avec un véritable fonctionnement. Il y aura une bibliothèque, un cinéma, un théâtre, un salon de coiffure et même une poste de laquelle on pourra envoyer du courrier. Nous serons une centaine à faire vivre ce quartier, qui sera bien entendu ouvert au public comme n’importe quel arrondissement de Marseille. On pourra venir y prendre un verre, un café et admirer la vie.

Pourquoi avoir utilisé des containers ?
Générik Vapeur a toujours eu l’habitude de réutiliser et de détourner des objets de la vie quotidienne. Et puis nous sommes dans un port ; le container est l’un des symboles de cette ville. De plus, depuis 2009, nous sommes en étroite relation avec la compagnie chilienne Teatro Container, qui travaille de manière artistique avec des containers. On a été invité plusieurs fois à participer à leur festival. Durant la manifestation de 2011, on a eu le déclic pour ce projet. Au Chili, nous avions conçu un spectacle avec une horloge parlante. Elle est devenue la première étape du quartier éphémère.

En quoi ce 17e arrondissement est-il utopique ?
Ce n’est pas à prendre au premier sens du terme, nous n’avons pas conçu un quartier Bisounours ! Il est utopique car nous avons choisi de traiter le quotidien, la vie, les relations humaines, de manière décalée par rapport à la réalité que l’on connaît. On y questionne aussi l’habitat et l’architecture. Bien sûr, l’art est au premier plan, en premier lieu grâce aux interventions artistiques qui ont lieu toutes les heures. Et surtout, on a une réelle envie de partage et de mélange avec le public. Ce concept nous permet d’être plus proches et plus libres avec nos spectateurs.

Est-ce une manière de pointer du doigt ce qui ne va pas dans notre société ?
Nous n’avons pas une posture de donneurs de leçon, mais il y a bien sûr un engagement politique qui va plus loin que l’artistique. L’art sert aussi à faire passer des messages.
On a choisi le ridicule et le décalage pour montrer certaines absurdités de la réalité, ces choses qui ne fonctionnent pas.

Comment va s’organiser la vie du quartier ?
Elle sera marquée par des interventions artistiques de nos deux compagnies et des artistes que l’on a invités. Elles auront lieu durant les six jours, 24h sur 24, sous toutes les formes. On a envie de garder une certaine spontanéité, donc elles ne seront dévoilées que le soir pour le lendemain. On propose aussi des temps forts, à commencer par l’inauguration du quartier. On convie tous ceux qui le souhaitent à venir poser la dernière pierre et à découvrir avec nous ce que contiennent les containers. Il y aura aussi des soirées thématiques, dont une avec Tartar(e) et Gari Grèu, le marché bio, un grand pique-nique convivial…

Générik Vapeur est également à l’origine de la Clepsydre en savon de Marseille
Il s’agit d’un projet dans le cadre de MP 2013. Avec la Savonnerie du Fer à Cheval (avec qui on travaille depuis des années), on a créé une clepsydre en savon de dix-sept tonnes. Une clepsydre est une horloge d’écoulement du temps qui vient d’Egypte : c’est un thème cher à Générik Vapeur. Notre clepsydre va marquer l’écoulement du temps grâce à l’érosion du savon par l’eau qui coule du robinet installé au-dessus.
Avec ce projet, écologique puisque l’eau est en circuit fermé, on a voulu mettre en avant l’un des symboles de Marseille, et l’installation sur l’esplanade du J1 va dans ce sens. C’est un lieu d’exposition, avec beaucoup de passage…

En plus de ces deux projets, vous prenez également part à la Folle Histoire des Arts de la Rue…
Oui, on va faire partie de la clôture du festival avec Waterlitz. C’est un totem de dix-neuf mètres de haut, fait de containers là encore. Contrairement à notre manière de travailler, d’habitude plus ambulatoire, le spectacle sera fixe et à la verticale. Le public sera au pied du totem, qui prendra vie grâce aux comédiens et aux projections vidéo. On pourra déjà le découvrir dans le 17e arrondissement…

Propos recueillis par Aileen Orain

 

Le 17e arrondissement – Quartier Utopique : du 10 au 15/05 sur l’esplanade du J4.
Rens. www.generikvapeur.com