Rodin, la lumière de l’antique au Musée Départemental Arles Antique

Auguste penseur

Le Musée Départemental Arles Antique fait revivre Auguste Rodin de manière inédite. Des œuvres du célèbre sculpteur et dessinateur côtoient des statues antiques dans une proximité artistique aussi réelle que confondante.

Auguste Rodin est surtout connu du grand public pour la beauté sculpturale de son travail et sa relation passionnelle avec Camille Claudel. La très belle exposition Rodin, la lumière de l’antique sort de ce cadre trop balisé pour décrypter son parcours à travers le prisme du processus créatif.
Capable d’amalgamer plusieurs genres statuaires en une seule figure, Rodin trouve dans les arts antiques une source d’inspiration quasi inépuisable. La grandeur de ses œuvres exposées à Arles côtoie ainsi la puissance visuelle de diverses sculptures gréco-romaines, dont certaines sont exhumées de la collection qu’il se constituera lui-même au fil du temps.
Parfois avec étonnement, le visiteur peut se rendre compte de ce singulier et incroyable équilibre atteint par l’artiste lorsque la matière antique transcrite par Rodin s’estompe et devient presque invisible tout en participant pleinement à son œuvre.
Le dynamisme sculptural du bronze L’Homme qui marche, par exemple, semble se placer dans une parenté flagrante avec Achille, un buste fragmentaire en marbre ancien. La beauté et la fragilité masculines sidérantes de L’Âge d’airain font écho à celle, stupéfiante, de ce Diadumine ancien, jadis découvert à Vaison-la-Romaine. Des exemples multipliés au cours de l’exposition, y compris à travers une prodigieuse statutaire féminine déclinée à l’envi. A noter que la fameuse Aphrodite dite Vénus d’Arles est de retour dans sa ville natale… Prêtée par le Musée du Louvre, elle est savamment placée devant une Eve en bronze de Rodin. Un placement et un rapprochement temporels osés mais pertinents.
Parmi les autres atouts de l’exposition arlésienne figurent de nombreux dessins de Rodin, eux-mêmes imprégnés de ses transpositions si caractéristiques de la féminité antique. On peut également apprécier des sculptures hybrides pour lesquelles le maître utilise des œuvres plusieurs fois centenaires comme matériau de base en y greffant directement ses propres plâtres. Le parcours se termine par un film poétique de Camille et  Manolo, du Théâtre du Centaure, où les figures du Centaure et de la Centauresse sont incarnées de façon vivante et troublante.
Dans une subtile renaissance incarnée, l’antique devient synonyme de modernité à travers le travail syncrétique et agile du sculpteur. Aussi éloignés soient-ils, les espaces-temps artistiques fusionnent tant que l’on ne sait plus lequel a précédé l’autre.

Valentin Lagares

 

Rodin, la lumière de l’antique : jusqu’au 1/09 au Musée Départemental Arles Antique (Presqu’île du cirque romain, Arles). Rens. 04 13 31 51 03 / www.arles-antique.cg13.fr

A lire : Rodin, la lumière de l’antique (catalogue de l’exposition), sous la direction de Pascale Picard (conservatrice au Musée Départemental Arles Antique), éditions Gallimard, 45 €