Le Songe d’une nuit d’été par la Cie L’Individu au Théâtre Gyptis

Shakespeare secoué

Après Notre Dallas (2009) et Le Quadrille amoché (la saison dernière), le Gyptis renouvelle son invitation à la compagnie L’Individu pour la création du Songe d’une nuit d’été, libre — et réussie — adaptation de la célèbre comédie de Shakespeare.

 

L’auteur, metteur en scène et comédien Charles-Eric Petit a souhaité rester fidèle à la dramaturgie de la pièce, dans sa structure comme dans son déroulement. On y retrouve tous les éléments : deux couples en proie aux tourments de l’amour, une dispute entre le roi et la reine des fées, une potion qui s’en mêle et une troupe d’artisans, comédiens amateurs, qui préparent une pièce pour le mariage d’un prince. Tous vont s’entrecroiser dans une forêt étrange, un peu magique, le temps d’une nuit d’été ensorcelante qui ressemble à un rêve. Sauf qu’ici, la forêt élisabéthaine prend la forme des coulisses désordonnées d’un théâtre. Le public prend place dans l’ambiance froide d’un éclairage au néon, accueilli par Titania et Obéron, moins souverains des fées que directeurs du lieu, tout occupés à monter une pièce. Les fées de la forêt sont devenues les régisseurs, les artisans sont les comédiens de la compagnie. Charles-Eric Petit réussit son adaptation en évitant de se prendre au sérieux ; on n’est jamais très loin de la parodie et du pastiche. Avec beaucoup d’humour, en jouant sur les anachronismes et en mêlant burlesque et comique de répétition, il évite le piège de la énième réécriture sur le thème du théâtre dans le théâtre. Les comédiens enchaînent les rôles avec beaucoup d’énergie, la mise en scène astucieuse joue sur plusieurs niveaux, les lumières créent une ambiance propre à la rêverie. En dépit d’une deuxième partie peut-être un peu longue, on replonge, avec plaisir et un peu d’avance, dans les douceurs d’une nuit d’été.

Thomas Delahaye

Le Songe d’une nuit d’été par la Cie L’Individu était présenté du 9 au 13/04 au Théâtre Gyptis