Marseille 2013 OFF

Monter la capitale

 

Clairvoyant chant d’amour à la ville, le OFF de la Capitale entend décliner, avec impertinence et une bonne dose de surréalisme, l’identité de la cité aux mille paradoxes. Retour sur une aventure initiée il y a huit ans déjà par un collectif d’agitateurs à l’imagination débridée.

« Cet été-là (NDLR : 2000, année où Avignon fut Capitale européenne de la Culture), les intermittents du spectacle se sont fait conspuer par les restaurateurs et commerçants du coin… On voulait soulever cette injustice et, surtout, associer intimement les artistes à une manifestation de grande ampleur. » Derrière ce « on », un collectif à géométrie variable (de trois à treize mille membres, suivant les estimations) qui, sans attendre la municipalité, se lance le pari fou de faire de la cité phocéenne la Capitale européenne de la Culture en 2013. Qu’elle obtienne le fameux label ou pas. Nous sommes alors en 2004. La marque « Marseille 2013 » est déposée, tout comme le nom de domaine Internet. Jusqu’en 2008, année pendant laquelle la ville obtient enfin son sésame au prix d’un mariage forcé avec la Provence entière, le site Web de nos joyeux drilles se fait le réceptacle de plus de deux cents projets lancés par les artistes du coin. La plateforme devient aussi, peu à peu, un espace de réflexion critique sur la Capitale culturelle, qui ne prend pas le chemin rêvé par le collectif. A savoir un événement populaire au sens noble du terme, impliquant au maximum les habitants du territoire et qui ne profite pas aux seuls secteurs du tourisme et de l’immobilier.
En 2010, l’association décide d’offrir un OFF à la Capitale, afin de montrer « qu’il existe une autre manière de penser la ville et sa culture, au-delà des feux d’artifices et des expos de morts depuis deux cents ans. » Sous influence surréaliste (une bonne partie de l’équipe, issue de la « promotion TGV 1998 », vient du Nord, notamment de Belgique), la manifestation aura pour but de retourner les clichés véhiculés par la ville en gestes artistiques. Et Marseille n’est pas avare en la matière… Comme elle n’est pas la dernière pour détromper son monde dans un même mouvement, agissant « comme un aimant qui aurait le plus et le moins sur le même côté. » D’où l’idée de décliner la programmation du OFF autour de quatre axes incarnant les nombreux paradoxes phocéens : « Merguez Capitale » (une ville cosmopolite avec une mentalité de village), « Mytho City » (une ville certes en mutations, « mais qui se la raconte (grave) »), « Poubelle la Ville » (« une belle fille de Méditerranée, mais qui a les ongles sales ») et Kalachnik’OFF (quand la solidarité et le système D répondent à la violence et à la pauvreté). Loin du fantasme de grande métropole méditerranéenne qui agite les politiques et les promoteurs immobiliers, l’image de Marseille donnée par le OFF correspond à la ville telle qu’on la vit. Elle traduit avec (im)pertinence la relation passionnelle que l’on entretient avec « Marseille la rebelle ». C’est la raison pour laquelle Ventilo est heureux et fier de s’associer au OFF, que l’on vous racontera mois après mois. Avec toute la passion que cette belle aventure nous inspire.

CC

 

Rens. www.marseille2013.org