Portrait : FKClub

Portrait : FKClub

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Bienvenue au Club !

On était complètement passé à côté de leur album, We Spend All We Have, sorti durant l’été 2010. A l’occasion de la diffusion de leur — remarquable — premier clip, The Strange Art, nous avons rencontré Marc et Antoine (ça ne s’invente pas !), les deux hommes qui se cachent derrière FKClub, histoire de réparer cette injustice.

Sitôt mis en ligne, le clip, à l’esthétique très léchée, que l’on doit à Downtown Prod. (déjà responsable du très remarqué 83 Horses de Kid Francescoli), a fait le tour des réseaux sociaux, suscitant l’enthousiasme des fans de la première heure comme des néophytes. On peut y voir, après une intro très lynchienne, deux hommes dans une succession de scènes banales (toilette dans la salle de bain, lecture au coin du feu, partie d’échec, repas…) devant une poignée de spectateurs, présents eux aussi dans la vaste maison quelque peu délabrée qui fait office de décor. Les deux hommes en question, que l’on retrouve à plusieurs reprises « en live » dans le jardin, ce sont Marc Lapeyre et Antoine Germain, seuls et uniques membres de ce FKClub bien singulier.
A la ville, Antoine est infirmier. Marc se consacre quant à lui entièrement à la musique, domaine dans lequel il a développé une spécialité disons… spéciale. Depuis quelques années, entre deux Mix en Bouche (événements musico-culinaires dont il est le programmateur musical en chef), il compose en effet des B.O. de films X et s’occupe des illustrations sonores du Journal du Hard. En parallèle de ses activités dans le champ porno, ce multi-instrumentiste touche-à-tout (compositeur, musicien, producteur, arrangeur, vidéaste…) laisse libre cours à son imagination, très fertile, en créant son projet solo Finders Keepers à l’aube du XXIe siècle. Tout (ou presque) est déjà là : le mariage entre électronique et organique, l’esprit pop, les sons déviants, le groove sensuel, l’influence du cinéma et de l’underground américain. Il y a trois ans, Finders Keepers devient FKClub. Un nom plus court, plus « punchy », plus mystérieux aussi, comme pour mieux définir l’esprit du projet. Remarqué au Printemps de Bourges, Marc remixe Phoenix et autoproduit dans la foulée son (véritable) premier album, We Spend All We Have, dont les pépites électro-rock lui attirent les faveurs de la presse spécialisée (et hélas pas celles de la rédaction Ventilo, en vacances à ce moment-là).

FKCLUB – THE STRANGE ART from downtown-production on Vimeo.

Mais si composer en solo dans son home studio lui convient parfaitement, il en va tout autrement sur scène. D’où l’arrivée d’Antoine, batteur pour Big In Japan de son état, qui a lui aussi frayé un temps dans l’électro au sein de Two Heads On.
Entre les deux, l’alchimie opère immédiatement. Un constat que l’on peut dresser en les voyant sur scène comme à l’apéro. Tout est prétexte à disserter (et à rire) pendant des heures pour ces incorrigibles bavards, aussi passionnés qu’érudits : de la musique au cinéma — leur autre passion commune — en passant par les médias, les cartes postales moches, l’usage du « par contre » en bon français ou la domination d’Internet par les chats.
« Avec Marc, je m’amuse ! Et puis j’ai très envie de faire du live, comme lui ! », s’exclame Antoine. Et Marc de surenchérir : « Je veux bien sortir des singles, parce qu’il faut le faire, mais ce qui me plaît le plus, c’est de jouer. C’est le live qui me définit. » Avis aux programmateurs ! D’autant que pour avoir récemment assisté à l’un de leurs sets, on peut témoigner de la puissance qui s’en dégage. Au-delà du plaisir manifeste qu’il leur procure, le live représente peut-être aussi, à l’heure de la nouvelle donne dans l’industrie du disque, le moyen idéal de vivre de sa musique. Marc approuve : « Maintenant, ce sont les tourneurs qui mènent le jeu. La musique est plus libre, elle n’appartient pas qu’aux grosses machines. » « D’ailleurs, le dernier album que j’ai acheté, c’était pendant un concert », rajoute Antoine. Le duo se remémore avec nostalgie ses vieilles habitudes et les concerts au Moulin, dont il déplore — et nous avec ! — l’absence prolongée dans le paysage musical marseillais. Si notre duo n’a pas (encore) foulé la scène de la mythique salle, il a tout de même enflammé bon nombre de lieux des environs : Seconde Nature (deux fois), le Baby, la boutique Diesel, le Cabaret Aléatoire pour le Marsatac d’Hiver, la Salle Vallier pour le Festival de Marseille, le Portail Coucou… Autant de salles, aux antipodes les unes des autres, qui témoignent du fort potentiel attractif de leur musique, à la fois parfaitement calibrée pour les dancefloors et propice aux transports spirituels. A Ventilo en tout cas, on se laisse volontiers embarquer. Et on ne s’en lasse pas.

Texte : CC
Photo : Stéphane Naudin

Rens. www.myspace.com/iamthefkclub

Album We Spent All We Have, disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal