Cabaret New Burlesque au Théâtre du Gymnase : Julie Atlas Muz, Mimi Le Meaux, Kitten on The Keys, Roky roulette , Catherine D'Lish, Dirty Martini © Touhid Loudin

Retour sur le Cabaret New Burlesque au Théâtre du Gymnase

Un chaud show qui a du chien

 

Après un premier spectacle frondeur, tendant par moments vers la subversion sous une patine débridée et délurée, le Cabaret New Burlesque nous a fait l’honneur d’un passage prolongé sur Marseille pour y présenter son nouveau show. Plus pop mais toujours au top(less).

 

L’équipe est quasiment identique à celle rencontrée il y a trois ans dans ce même Théâtre du Gymnase : les années ne semblent pas avoir entamé l’apparente cohésion de la troupe et la motivation de ses acteurs, qui ont su écrire de nouveaux tableaux mettant tout autant en avant (et en valeur) leur corps que leur personnalité.
Sans vouloir dévoiler quoi que ce soit (après tout, les intéressés savent très bien s’y prendre, dans tous les sens du terme), disons qu’il sera question de champagne, de chevalerie, d’un drôle de cygne, de voiles sensuels et poétiques, d’orque non tueuse ou encore de policière viciée autant que vicieuse.
Les pétulantes girls du Cabaret ne s’adonnent pas à un banal strip-tease, mais à un véritable numéro artistique qui nous charme autant qu’il nous chavire. Ce n’est pas la mise à nu qui importe, mais la mise en scène qui l’accompagne. L’effeuillage sur lequel se base le néo-burlesque fait monter la température et l’émotion dans le public, tout comme celle de la marguerite laissait présager de la tiédeur ou de la chaleur des sentiments de nos amours adolescentes. Pour ce nouveau show, la chute des pétales a donné son verdict : à la folie !
Le corps des femmes est un objet que l’art s’est approprié sous toutes ses formes, mais la société actuelle persiste à le réduire à un standard, calibrage simpliste de la beauté. Alors, quand s’avancent sur la scène du Gymnase ces femmes felliniennes, glamour ou indomptables, bien en chair et vêtues de costumes délirants, comment ne pas avoir envie de les rejoindre dans cette ode à la féminité ? Comment ne pas envier cette forme de liberté ? Oubliés les magazines, les régimes et les complexes : face à nous, la cellulite s’affiche fièrement sur les fesses de Dirty Martini, hilarante en super héroïne. Derrière le divertissement se cache ainsi un « message » politique qui fait honneur au manifeste féministe des barricades de 68 : « Disposer de son corps librement, l’assumer en se départissent du jugement d’autrui. »
Les girls brandissent l’étendard du culte de la différence ayant à cœur de faire des émules. Le look Marilyn de Mimi Le Meaux succède au charme années 40 de Catherine D’Lish baignant dans le champagne ou à celui très Betty Boop de la maîtresse de cérémonie, l’intrépide Kitten on the Keys. Le style punk-rock de Julie Atlas Muz n’a rien à envier au corps Renaissance de Dirty Martini dans le Lac des Cygnes.
Le vulgaire n’a pas sa place ici. Les girls cachent leur intimité sous de jolis et amusants ornements, se montrent impudiques seulement dans ce qu’elles donnent à voir de l’effet du temps qui passe sur leur corps. Plutôt que de cacher leurs imperfections, elles en jouent. L’extravagance est leur respiration, la joie leur oxygène et les feux de la rampe leur source d’énergie. Et lorsque l’explosive Julie Atlas Muz, déguisée en policière, s’invite dans les premiers rangs, braquant de son postérieur les derniers récalcitrants, certains frisent l’apoplexie, et nous, l’étouffement par fou rire.
Il convient de noter la présence de deux hommes, Ulysse Klotz, musicien et touche-à-tout technique, et Roky Roulette, danseur-effeuilleur. Ce dernier est l’unique performeur «  mâle » de la troupe et le seul membre à la physique parfaite (sic). Il n’est pas uniquement là pour ravir le cœur de ces dames ­— et de ces messieurs — par sa plastique d’Adonis : il propose les numéros parmi les plus exaltants grâce à une gestuelle cartoonesque, une écriture drôlissime et une accessoirisation au diapason, tout en exubérance.
Puisant son inspiration dans le music-hall, la troupe du Cabaret New Burlesque s’accommode à merveille du nouveau souffle apporté par les vidéos du plasticien Pierrick Sorin. Des effets visuels qui apportent une dynamique supplémentaire aux multiples scénettes et permettent de compenser un petit manque de liant dans l’enchaînement des différents tableaux. La symbiose entre leurs deux univers est tellement parfaite que l’on se prend à rêver à la bombe scénique qu’aurait donné un spectacle totalement pensé et écrit en collaboration.
Unanimement, ce show s’avère un remède contre la déprime et le conformisme. Plus efficace qu’un lifting, il sublime le corps et égaye l’esprit. Clou du spectacle, la petite boutique d’accessoires installée en sortie de scène met le fantasme à la portée du spectateur enchanté.

Maryline Laurin / Sébastien Valencia

 

Cabaret New Burlesque était présenté du 3 au 7/02 au Théâtre du Gymnase.
Rens. : www.cabaretnewburlesque.net