Goldie 1. de Tilt

Love etc. à la Galerie David Pluskwa

Quality Street

 

La galerie David Pluskwa entérine sa place dans le milieu de l’art contemporain avec une ligne artistique tournée vers l’art urbain. Si l’exposition Love etc. dévoile les nouvelles œuvres des artistes phares de la galerie comme Jonone ou Jef Aérosol, elle est aussi l’occasion de découvrir les artistes nouvellement intégrés comme le Marseillais STF Moscato.

 

Une œuvre justifie à elle seule la visite de cette exposition sur le thème amoureux : celle de Thomas Canto, street artist inscrit dans le courant du graffuturisme (1). Attiré par l’esthétique singulière de l’œuvre — un cadre américain de multiples fils tendus sur fond d’image graphique géométrique —, le visiteur sera inévitablement fasciné par l’impression de mouvement qui s’en dégage. Il suffit de pencher la tête pour découvrir de nouvelles combinaisons tridimensionnelles. Plongé dans cet irréel graphique, on se laisse à penser qu’il s’agit d’une œuvre purement abstraite, avant de reculer de deux pas et d’apercevoir un cœur distendu surgir…
Surgissement d’un index pointé vers le visiteur cette fois, l’œuvre de Feng Gé interpelle. Le chassé-croisé des nuances offre profondeur et volume à cette main gigantesque, évoquant la gestuelle des calligraphes asiatiques. A ses côtés, Pro176, qui a fait ses armes auprès du géant du graffiti new-yorkais Seen, nous comble d’envie à force de courbes. Les distorsions aux couleurs intenses cernées par le trait noir épais caractéristique de l’artiste ne sont pas sans rappeler l’iconographie des comics qui le fascinent tant.
Le pochoiriste et affichiste marseillais STF Moscato, à l’univers post-punk, réjouit quant à lui avec une dame de cœur sensuelle et intrigante, dont le regard blanc persan symbolise toute la maîtrise de l’artiste. De l’autre côté de la galerie, Tilt, père de la bubble letter à la française, nous offre sa vision de l’amour : une lèvre mordue par des dents en or… L’envie immédiate de déchiffrer les lettres de l’artiste gagne le visiteur. L’histoire de l’œuvre a son importance, celle entre l’artiste et l’édition, l’harmonie entre la pratique viscérale du graffiti et sa réappropriation sur la toile, à travers l’écriture, masquée, cachée, bombée…
Si l’amour est souvent synonyme d’une passion agréablement naïve, il peut être aussi le théâtre d’une décadence, à l’instar de l’œuvre de Luke Newton : un paquet de clopes se vide peu à peu et l’amour dédié à chaque cigarette explose. Addictif, l’amour se consume sous nos yeux comme les petits tubes de tabac. L’art, lui, ne s’use que si l’on n’y prête pas attention.

Elise Lavigne

 

Love etc. : jusqu’au 19/04 à la Galerie David Pluskwa (53 rue Grignan, 6e).
Rens. 04 91 04 61 38 / 06 72 50 57 31 / www.david-pluskwa.com.

 

Notes
  1. Terme créé par l’artiste Poesia en 2010 (qui se définit lui-même comme « Graffiti Futurist Artist ») et regroupant une pléthore d’artistes travaillant autour des notions d’abstraction, d’énergie et du rapport à la ville.[]