Festival Avec le Temps

Francojolies

 

Avec le Temps, le festival dédié à la chanson francophone, jouit depuis vingt-cinq ans d’un succès stable et mérité. Fidèlement représentatif de ce que cette branche a de plus varié et moderne, l’événement mêle dans une volonté assumée le classique à l’inouï, le gros succès à l’émergence, avec une touche d’originalité dans les formes et les lieux de diffusion qui rend l’événement incontournable.

 

 

L’an passé déjà, le festival Avec le Temps pouvait se vanter d’avoir retrouvé une exploitation presque « normale » malgré quelques annulations covidées (citons Bertrand Belin, à qui l’on en a apparemment pas trop voulu, puisqu’il est reprogrammé le 18 à l’Espace Julien). Cette année, ça y est, programmateurs comme spectateurs peuvent enfin prévoir sans craintes et sans scans de pass sanitaires (c’est fou, cette capacité qu’on a à oublier certaines choses…) de folles semaines de concerts debout. C’est donc « confiants et la tête dans le guidon » que l’équipe s’apprête à lancer une édition très chargée. « On espère faire un grosse fête de deux semaines avec plein d’artistes qu’on aime », rêve Tom, fraîchement arrivé à la com’ de Grand Bonheur, coopérative musicale organisatrice du festival.

La jolie liste d’artistes proposée est intelligemment pensée pour que les têtes d’affiches de la chanson francophone nationale et plus soient mêlées aux pépites montantes du cru local. Une véritable opportunité pour les artistes émergents de se faire entendre par un grand public, peut-être parfois saturé auditivement par une prédominance radiophonico-victorieuses-de-la-musique… « On a la chance de pouvoir faire jouer un artiste sur différents lieux, dont on essaye d’imaginer la correspondance niveau jauge, que l’on veut adaptée à sa notoriété. » On ne peut du moins honnêtement pas retirer ça au festival très reconnu dans le milieu, qui de par sa popularité offre un véritable tremplin à des talents en devenir. Ainsi, au delà du parcours chanson dont nous vous parlions précisément il y a peu (manquait alors l’info d’un concert d’ouverture de Narcisse à la Maroquinerie, à Paris), les locaux de Château Forte et les Canadiennes montantes de Mayfly seront respectivement en première partie de Bertrand Belin et de Jeanne Added et Flavien Berger (au Silo, s’il vous plaît !), et Since Charles partagera la scène avec Adé et Fishback : « On annonce haut et fort ces artistes car à nos yeux ils ont autant de valeur que les têtes d’affiche, et ça incite les gens à les découvrir ! » Pour ces « gros » artistes, l’équipe « marche au coup de cœur… Il nous arrive de faire revenir des groupes qu’on a aimés parce que leur esthétique a évolué. On peut donc dire qu’on a des habitués, ça donne un côté familial à l’événement ! »

Remarque pour les non initiés ou ceux qui auraient hiberné depuis assez longtemps pour ne pas se prendre en pleines oreilles la remontée fantastique de la « chanson française » sous toutes ses formes, le festival propose un panel francophone qui va de l’électro à la pop, du poétique au plus slamé. « On pourrait associer à tort la chanson française à la variété, mais en réalité aujourd’hui, ce nom englobe énormément de styles, parfois bien loin du cliché, même si on aime quand même programmer du classique. » À noter en l’occurrence la présence d’une sélection rap, avec Creamy G et Joy C ou Wilko et Ndy (oui, ils sont de retour). Côté envies non assouvies, on nous parle d’ailleurs autant d’Étienne Daho que de Lous and the Yakuza…

Dans les à-côté à suivre de près, citons « le travail de l’ombre » orchestré par Ottilie [B], Amalia et Since Charles, qui, invités par Oxmo Puccino, travaillent à la réécriture et à l’interprétation de certaines chansons du répertoire de ce dernier pour et par les élèves de plusieurs écoles de la ville de Vitrolles. La restitution de cette création intitulée Naître adulte sera présentée le 21 mars, en présence des quatre artistes. Aussi, il serait dommage de louper l’originale proposition de promenade sonore dans le Panier, écouteurs vissés aux oreilles, imaginée et proposée oralement par l’écrivain Hadrien Bels, auteur de l’incontournable Cinq dans tes yeux. Nul doute sur le « croustillant » de l’expérience, au vu de la verve du romancier et du choix de quartier.

La chanson française, de sa parfois et ancienne ringardise et de son usuel kitsch désormais largement invoqués à sa modernité et son actualité montantes dans les plus jeunes propositions, a de très belles et diverses heures devant elle, et l’on n’est pas peu fiers d’accueillir cet évènement phare dans le milieu.

Puis, quand même, c’est pas mal de temps en temps de comprendre ce que les paroliers ont eu besoin de laisser sortir, non ?

 

Lucie Ponthieux Bertram

 

Avec le Temps : du 2 au 21/03 à Marseille, Aix, Vitrolles et Paris.

Rens. : https://festival-avecletemps.com

Le programme complet du festival Avec le Temps ici