Rashômon de Akira Kurosawa

Cycle Akira Kurosawa à l’Institut de l’Image

Toiles de maître

 

A la suite du festival Lumière 2015 qui lui a rendu hommage avec une très belle rétrospective en octobre dernier, l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence profite de la réédition d’un bonne partie de son œuvre en copie restaurée pour nous offrir l’immense privilège de (re)découvrir Akira Kurosawa en salle.

 

« La plupart des cinéastes ont à leur actif un chef-d’œuvre qui a fait leur renommée. Kurosawa en a huit ou neuf. »

Francis Ford Coppola

« Akira Kurosawa fut un prodige de la nature, et son œuvre constitue un véritable don au cinéma et à tous ceux qui l’aiment. »

Martin Scorsese

« C’est le metteur en scène le plus complet que je connaisse : ses films sont les mieux tournés, les mieux montés, les mieux photographiés, les plus riches de dynamisme interne et d’inventions visuelles. »

Michael Cimino

« Je sens chez lui le spectacle total, qui est à la fois fable, histoire, roman, récit, apologie, message »

Federico Fellini

La litanie des louanges pourrait aisément remplir tout le journal tant le maître japonais, décédé en 1993, a eu une influence majeure sur le septième art. Mettant en scène une violence visuelle et une maestria des combats autant qu’une complexité inédite des scénarios et des personnages, la modernité de son cinéma explose dans chacun de ses films et trouve encore un grand écho dans la production actuelle, qu’elle soit à grand spectacle ou plus intimiste. Visuellement d’abord, son montage dynamique donne une fluidité et une explosivité créant avant l’heure les codes du film d’action. Les scènes de combat de son chef-d’œuvre le plus connu, Les Sept Samouraïs, restent, soixante ans après, certaines des batailles les plus épiques jamais tournées.
Par-delà ses qualités visuelles et son rythme baigné dans une ambiance hypnotique toute asiatique, son inventivité scénaristique, qui éblouit l’Europe en 1950 avec Rashômon, fait montre d’une audace révolutionnant le cinéma populaire, quarante ans avant Reservoir Dogs, qui reprendra la trame d’une même histoire racontée de façon différente par tous ses protagonistes. Mais à la différence des comic strips tarantiniens, le cinéma de Kurosawa est imprégné d’une philosophie humaniste où les personnages, héros magnanimes ou marginaux torturés, tentent de porter un message et une vision du monde par-delà leurs contingences. Dans la variété des thèmes abordés, les questionnements humains restent au cœur de l’action. Films de samouraïs, films noirs, épopées ou drames sociaux constituent une mosaïque de formes toujours centrée sur des valeurs universelles, que ce soit l’héroïsme et la vertu (Les Sept Samouraïs, Yojimbo), la veulerie (Rashômon) ou l’inconscience (L’Ange ivre).
L’œuvre de Kurosawa apparaît alors comme la matrice du cinéma populaire mondial. Créant le paradoxe d’un cinéma classique par excellence mais débordant d’inventivité, elle surprend par sa créativité autant qu’elle rassure par sa familiarité, alors qu’elle prend souvent place dans une dimension parallèle : le Japon médiéval. Car la force du cinéma de Kurosawa réside précisément dans cet universalisme qui naît avec la société mondialisée et dont l’auteur a su se servir. En puisant d’abord dans la littérature européenne ou le cinéma hollywoodien, puis en devenant lui-même source d’inspiration essentielle — de John Sturges pour Les Sept Mercenaires bien sûr à George Lucas pour Star Wars. Mais surtout de Sergio Leone, formaliste de génie et grand admirateur du maître, qui a su en reprendre les codes pour renouveler le genre phare du cinéma américain en créant sa variation italienne : le western spaghetti, porte-étendard inattendu de ce brassage inédit des influences esthétiques planétaires.

Daniel Ouannou

 

Cycle Akira Kurosawa : du 2 au 28/03 à l’Institut de l’Image (Cité du Livre, salle Armand Lunel – 8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme complet du cycle Akira Kurosawa ici