Binaire © Pixxxo

La Rue du Rock #2 : rue Consolat

L’interview
Vincent Fraschina

 

La Sérénade, No Country, Mr Thousand & Ramirez, Malin, Big Panda, Big Fat Papa’z, Binaire, La Coupure, Lee Zeirjick, Mutacion Nacion… Deuxième Rue du Rock pour l’équipe de Phocéa Rocks qui, non contente de rassembler tout un pendant (quinze groupes) de la nouvelle scène rock marseillaise sur une même fin d’après-midi, rend par là même un vibrant hommage à une rue à forte teneur en DIY du centre-ville : Consolat.

 

Qu’est-ce qui caractérise la Rue du Rock ?
Le côté garage est peut-être le plus simple pour résumer, mais l’on n’entend pas par là uniquement « rock garage », c’est plus lié aux lieux proposés, avec un décor tourné vers la rue, des garages ouverts… Cette désignation pointe aussi le côté « fait avec des bouts de ficelles », mais qui n’est pas complètement vrai, puisque le matériel installé est tout à fait performant pour restituer le son de manière correcte. C’est donc plus les aspects lo-fi ou DIY qui caractérisent cette journée.

 

Ne peut-on voir derrière cet événement une volonté d’injecter la pratique du live dans le quotidien ? Une place qu’elle n’occupe, finalement, que très peu en France. Sans parler de cette fausse réponse à la faible pratique musicale en amateur que représente la Fête de la Musique…
Cette volonté n’est que sous-jacente. Mais par contre, contrecarrer ce mauvais événement qu’est la Fête de la Musique, oui. La Rue du Rock ne sera pas la fête de la merguez, loin de là. Elle demeure très musicale. D’ailleurs, aucun stand de nourriture et de boisson n’est proposé. Ce qui nous intéresse, c’est de toucher un public très large en plus des amateurs avertis. Des parents avec leurs enfants, des passants…

 

Ce sont souvent, pour généraliser, les villes ouvrières et minières qui jouissent d’un activisme rock très marqué. Qu’en est-il de Marseille ?
La scène rock a toujours existé ici. La taille d’une ville comme Marseille génère obligatoirement une grande quantité de groupes et une scène très vivante. Par contre, la spécificité d’événements comme ceux de Phocéa Rocks, réunissant une vingtaine de formations sur plusieurs scènes dans un temps plutôt court, un peu dans une urgence festive, qui plus est gratuitement ou pour un tarif modique, est un concept original qui nous caractérise. De l’activisme en concentré.

 

Cette scène est tout particulièrement implantée dans le centre-ville…
Certes, mais il fût un temps où des lieux périphériques comme le Sous-Marin à Vitrolles ou l’Espace Culturel Mirabeau (ex-MJC), dans le quinzième, fonctionnaient bien. Des lieux qui sont aujourd’hui fermés. Effectivement, le rock se retrouve désormais dans l’hyper centre… Mais vouloir se placer rue Consolat n’émane pas d’une volonté centralisatrice. D’ailleurs, on a aussi envie de tenter de décentrer notre activité pour un prochain événement. C’est en projet.

 

Il semblerait qu’il soit resté gravé dans les esprits un âge d’or du rock : les années 90. Pourtant, la décennie suivante est très loin d’être négligeable.
Je ne suis pas spécialiste de toute cette histoire. Après, il y a peut-être effectivement eu une période un peu floue à la fin des années 90. Et puis ce renouveau punk/rock… redécouvert et joué aujourd’hui par les enfants de la génération des années 80. Une culture s’est-elle transmise ? J’ai en effet l’impression qu’une boucle s’est faite. Un phénomène de mode ? Je n’en sais rien. En tout cas, la culture rock’n’roll reste très ancrée, en Occident tout du moins.

 

La place des musiques indépendantes n’est plus la même aujourd’hui…
C’était peut-être plus facile avant d’être étiqueté « indé ». Comme une sorte de label du « tout permis » des années 80. Le milieu musical reste dominé par une industrie puissante, et la musique un bien de consommation qui génère beaucoup d’argent. Mais heureusement, il existera toujours des initiatives alternatives, rebelles et sincères.

 

Peut-on parler d’une communauté, ou bien est-ce une idée fausse ?
Nous avons constaté que plein de groupes, d’associations, de genres musicaux et de générations différentes ne se croisaient pas forcément… Par contre, on a effectivement l’impression qu’une bande s’est créée à l’issue de nos événements. Ce n’est qu’une perception, mais il semble désormais exister une forme de reconnaissance des uns envers les autres. On veut y croire car c’est l’un des objetifs de notre asso’. Mais le mot « communauté » est un peu trop angélique à mon sens, un « tissu » serait plus juste.

 

Propos recueillis par Jordan Saïsset

 

La Rue du Rock #2 : le 20/09 de 16h à 20h, rue Consolat.
Rens. : www.phocearocks.com