Le Fuzz

C’est arrivé près de chez vous | Le Fuzz

Fuzz l’éclair !

 

Le Fuzz, c’est la petite salle marseillaise qui peu à peu fait son trou en mettant en avant la scène locale, nous donnant à nouveau envie de traîner du côté du Cours Julien.

 

 

Que les choses soient claires : il n’y a guère que les promoteurs immobiliers et autres marchands de vide qui peuvent bombarder le Cours Julien dans la short-list des quartiers les plus « hype » de la planète. Et, malgré la fin de Plus belle la vie, les ruelles qui serpentent autour nous donnent de plus en plus l’impression d’être dans un décor de carton-pâte pour touristes. Mais, soyons honnête, le quartier ne manque pas de ressources, notamment quand il s’agit de se mettre quelque chose dans l’oreille.

Certes, on reste inconsolable à l’idée que l’Asile 404, ce temple bruitiste et expérimental en haut de la rue d’Aubagne, héberge désormais des stages de yoga, mais il est un lieu que, petit à petit, on a inscrit dans notre circuit de pérégrination nocturne : c’est le Fuzz, du nom de cette pédale de distorsion que tous les guitaristes adeptes d’amplification et de saturation connaissent sur le bout des orteils.

Olivier, le patron du lieu connu pour, entre autres, ses activités de disquaire, arrête les vinyles : « Oui, les vinyles, même si j’y suis très attaché, j’arrête. Ça a tellement augmenté que c’est devenu un produit de luxe », explique-t-il derrière le comptoir où il nous prépare un café. Les murs attendent la prochaine exposition et, au fond sommeille la scène où l’on a vu, ces derniers temps, de très bons concerts.

Dans une vie antérieure, Olivier a été photographe mais aussi projectionniste au cinéma Les Variétés : « Le Fuzz, ça remonte à peu près à cette époque. Avec un collègue, on avait envie d’organiser une sorte de ciné-club idéal. Ce qu’on n’a pu faire aux Variétés mais que l’on a lancé, entre autres, à la Mesón. Avec des séances mêlant films et concerts. Mais vous savez ce que c’est quand on organise quelque chose et qu’on n’est pas chez soi : on ne peut jamais vraiment faire ce que l’on veut… »

Le Fuzz vient donc de loin. Et revient de loin ! « Après des gros travaux, on a ouvert en 2020. Je m’en souviens, c’était un vendredi 13. Inauguration, concert, c’était blindé, c’était parfait ! Et puis, trois jours plus tard, c’est le confinement. Obligés de fermer ! » Olivier fera le gros dos et ne pourra rouvrir véritablement qu’un an plus tard.

S’il met en avant les expos — notamment des pointures de l’affiche rock comme Chuck Perry ou Ron Donovan — ou encore les pâtisseries vegan et la bière artisanale, son lieu, à mi-chemin entre disquaire, salon de thé et bar, est en train de se faire un nom et un trou grâce à sa programmation. « Tout le monde a en tête l’image de Marseille comme la ville du rap et du hip-hop, mais c’est oublier son identité rock », insiste-t-il.

Le Fuzz fait donc la part belle à la scène locale. Outre Medium Match et The Sobers dont on vous a parlés récemment, on a eu la chance d’y voir la prestation exceptionnelle de Monastr, un groupe de post-metal que l’on n’avait vu jusque là qu’à la Salle Gueule et dont la puissance sonore est telle que, ce soir-là, ce duo guitare-batterie a eu les pires difficultés à se caler pour un morceau encore en jachère, les plus prudents au sein de l’assistance ayant choisi de suivre le concert depuis l’extérieur !

« Y a du rock, du metal, bien sûr, mais aussi de la noise, de l’électro », égrène le patron du Fuzz. En la matière, on se souvient de l’excellent Ventre de Biche et si Olivier se fait parfois épauler par le label Cœur sur toi (un des artisans qui continue à faire des K7), la programmation, pour l’essentiel, « c’est ce que j’écoute », précise-t-il.

D’où des pépites comme le quatuor le plus noisy de la cité phocéenne, Gériatrie, au sein duquel officie au « chant » une autre figure des nuits marseillaises, Cookie. Mais aussi des vétérans comme Conger Conger ou Catalogue (voir page XX). Des groupes qui, sans surprise, ont officié en novembre dernier lors de la première édition de Rock solidaire, un mini-festival dans lequel la mairie de secteur était de la partie et Olivier aux manettes.

Après une fin d’année bien chargée, Olivier lève donc un peu le pied. Mais avec des idées plein la tête : « Ici, il y a eu des scènes ouvertes. Et pourquoi pas refaire des projections ? Sinon, j’ai un passé de gamer et j’aimerais bien faire quelque chose autour de la musique dans les jeux vidéo, du retro-gaming. » C’est un peu ça, le Fuzz, une petite salle un peu cachée sur laquelle on est tombé par hasard et où l’on peut trouver de véritables pépites…

 

Sébastien Boistel

 

Le Fuzz, 12 rue Bussy l’Indien (6e).

Rens. : www.facebook.com/lefuzzdisquairecafe