L'Enfant

Ode poétique par le Théâtre de l'Entrouvert, d'après La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck (1h). Conception, mise en scène et scénographie : Élise Vigneron. Avec Sarah Lascar (marionnettiste) et Julie Denisse (comédienne). Dès 14 ans

"Infans" : celui qui ne parle pas... et vit sans distinction le réel et l’imaginaire

L’Enfant nous plonge au cœur même du mystère de la pièce La Mort de Tintagiles, une œuvre écrite par Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature en 1911.

Ygraine vit sur une île dévastée, soumise à la volonté de la reine dont la présence invisible se fait entendre par le grondement d’une rumeur sourde, lointaine, rumeur qui fait planer le sentiment d’un danger permanent.
Le retour inattendu de l’Enfant, appelé Tintagiles, sur l’île la remplit tout autant de joie que d’inquiétude. Ygraine veut sauver l’enfant de cette menace et décide alors de faire face. Dans un acte de soulèvement, elle renverse l’ordre, fait s’effondrer les frontières, et va jusqu’à pénétrer là où les vivants n’ont pas accès pour entrevoir le monde infini du domaine des ombres.

Ode poétique, cette pièce raconte un acte d’initiation où l’équilibre de l’existence est maintenu par l’alternance des cycles de la nature et de la vie. Emportés au cœur du dispositif, nous sommes invités à le vivre de l’intérieur, à être les témoins privilégiés de ce monde infini. Tintagiles est représenté et animé par une marionnette manipulée à distance par de longs fils. Les matériaux animés et les scénographies éphémères reflètent un monde en perpétuelle mouvance et surgissements qui modifient notre perception du réel pour nous emmener vers un ailleurs partagé, le temps d’une traversée commune.

http://lentrouvert.com/

Portrait d'Élise Vigneron : https://www.journalventilo.fr/anywhere-par-le-theatre-de-lentrouvert-au-theatre-des-bernardines/


Théâtre du Gymnase
Du 26 au 28 févr. : mar, jeu 19h - mer 15h et 19h
10/16 €
www.lestheatres.net
4 rue du Théâtre Français
13001 Marseille
08 2013 2013

Article paru le mercredi 20 fvrier 2019 dans Ventilo n° 423

Les Enfants d’abord

Pousses, au théâtre !

 

Aborder des sujets d’actualité ou nager dans les eaux troubles de l’inconscient, imaginer de nouveaux super-héros mais aussi se réjouir de la revanche des anti-héros, danser, chanter, jouer… voilà une aventure savamment orchestrée et follement enjouée que nous proposent les Théâtres au cœur de leur saison, dans un temps fort dédié à l’enfance.

  Printemps précoce et hirondelles, ce ne sont pas moins de cinq spectacles qui vont animer les matinées et autres débuts de soirée de nos chers bambins — et les nôtres. Envie d’espoir ? Mo, jeune Guinéen pour qui « l’Europe sera toujours plus loin de l’Afrique que l’Afrique de l’Europe », nous emmène dans une folle aventure à la Méliès. Ici, Marie Vauzelle et sept autres artistes compères racontent en direct et à vue sur le plateau un périple qui n’a rien de triste, dans un beau bric-à-brac qui n’est pas sans rappeler celui de l’enfance. Plus sombre, et plus loin dans les méandres de l’âme et les tourments de l’âge fragile, L’Enfant d’Élise Vigneron, artiste marionnettiste désormais incontournable, s’inspire d’un conte de Maurice Maeterlinck pour nous emmener dans une installation théâtrale immersive, dans les recoins et espaces inconnus du théâtre. Dans une veine plus classique mais non moins inventive, Sept d’un coup regorge d’un bonheur à partager en famille, en reprenant le conte du Vaillant Petit Tailleur des Frères Grimm sauce gribiche moderne. Une valeur sûre et assurée par l’expertise de la metteuse en scène accomplie qu’est Catherine Marnas, qui s’entoure ici d’acteurs impliqués et tout simplement bons. Pour les plus jeunes et les poids plume, le duo dansé De tête en cape imaginé par Balkis Moutashar se lance dans une folle hybridation de héros, prend à rebrousse-poil le fameux dicton de la cape qui fait le héros, et réinvente avec beaucoup d’élan l’élégance de ceux qui sauvent le monde grâce à leurs super-pouvoirs. Enfin, pour les parents qui voudraient initier leur progéniture ou s’initier eux-mêmes au plaisir du drame chanté, on se tournera vers l’opéra pour enfants que signent Isabelle Aboulker et Sébastien Davis, dans la version lyrique d’un des Contes du Chat perché de Marcel Aymé. « Si les chenilles avaient des analystes, elles ne deviendraient jamais des papillons », écrivait Christiane Rochefort en 1976 dans Des enfants d’abord, ouvrage éponyme de la manifestation concoctée par les Théâtres. Affranchissant l’enfant des pressions adultes, capitalistes et consuméristes, on y revendique le droit à l’état de grâce de l’enfance. Donner vie, donner une forme, sans l’instrumentaliser ni l’asservir, voilà tout ce que revendiquent ici ces artistes, jeunes et/ou confirmés, loin de vouloir expliquer la vie à ceux qui débutent la leur. Si nous en sommes aussi convaincus, ce festival nous l’offre pour expérience : il y en aura pour tous les goûts et toutes les ossatures, alors sortez de vos cocons, croquez, mangez et, surtout, restez libres d’imaginer !  

Joanna Selvidès

 

Les Enfants d’abord : du 22/02 au 8/03 au Théâtre du Gymnase (4 rue du Théâtre Français, 1er) et au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).

Rens. : 08 2013 2013 / www.lestheatres.net

Le programme complet du temps fort « Les Enfants d’abord » ici