Je parle à un homme qui ne tient pas en place

Seul en scène autour de la mer, entre théâtre, vidéo, danse et musique de et par Jacques Gamblin (1h30). Co-écriture : Thomas Coville

Que Jacques Gamblin swingue avec le jazz du compositeur Laurent de Wilde ou qu’il laisse son cœur scintiller, depuis qu’il a décidé d’interpréter ses propres textes au théâtre, ses spectacles font mouche à tous les coups. Car le comédien se sent libre de vagabonder où bon lui semble, et même de naviguer épistolairement sur les océans en compagnie de son ami Thomas Coville qui détient le record du tour du monde à la voile en solitaire. L’aventure partagée entre terre et mer sort du cercle discret de l’intimité de leurs mails pour épouser la lumière de la scène dans Je parle à un homme qui ne tient pas en place, une lecture à haute voix, avec vidéo, danse et musique, sur une histoire d’amitié entre un artiste qui parcourt la France d’un plateau à l’autre et un sportif qui affronte les éléments autour de la planète. Deux hommes de passion, de quête et de conquêtes ; deux partitions en solo à la dimension chorale peu commune, sensible.

https://www.journalventilo.fr/retour-de-je-parle-a-un-homme-qui-ne-tient-pas-en-place-au-theatre-du-gymnase/

Théâtre de l’Olivier
Le dimanche 1 mars 2020 à 17h
5/23 €
http://www.scenesetcines.fr/
Place Jules Guesde / Boulevard Léon Blum
13800 Istres
04 42 56 48 48

Article paru le mercredi 11 dcembre 2019 dans Ventilo n° 439

Retour sur Je parle à un homme qui ne tient pas en place au Théâtre du Gymnase

Traversée en solidaire

 

L’amitié a le vent en poupe entre le comédien Jacques Gamblin et le navigateur Thomas Coville. De leur correspondance nait un seul en scène émouvant et fraternel.

  Hiver 2014. Thomas Coville se lance dans le record du tour du monde en solitaire à la voile. « Je parle à un homme qui ne tient pas en place », constate Jacques Gamblin à celui qui deviendra peu à peu un ami. Sa décision est prise, il va l’encourager quotidiennement dans cette traversée en instaurant une correspondance aux premières allures unilatérales. 30 janvier 2014. Thomas Coville est contraint d’abandonner la course, pris au piège de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Le nœud amical s’ancre. Du désir solitaire d’écrire de Gamblin nait le besoin tout aussi solitaire de communiquer avec le navigateur. Besoin transmis, reçu et grâce à cette épreuve, désormais réciproque pour Coville. Certainement une définition de l’amitié : un besoin commun d’être en dialogue. En effet, l’isolement du navigateur l’autorise à s’abandonner. Il se livre, écrit des choses essentielles sur lui en réponse aux mails quotidiens de celui qui gagne alors à être désigné comme son ami. À partir d’anecdotes quotidiennes et vécues se tisse un dialogue dense sur la quête de mouvement perpétuel, de silence et de liberté. Une correspondance de deux ans s’écrit entre ces deux aventuriers solitaires, l’un en mer et l’autre sur scène. Novembre 2019. Jacques Gamblin incarne cette conversation, seul sur scène. Le déplacement par la parole prend le pas sur le déplacement géographique. Les mots forment un mouvement aussi dense que les vagues à affronter en mer. Le plateau est une corde tendue entre la danse et le théâtre. Un espiègle jeu de déséquilibres physiques et verbaux incarne les trajectoires de chacun, dans lequel le dialogue s’avère une force solide construite sur les fragilités de chacun. De la délicatesse du choix de chaque mot nait une fraternité à l’épreuve de la plus rude des tempêtes : le temps.  

Nadja Grenier

 

Je parle à un homme qui ne tient pas en place était présenté du 27 au 30/11 au Théâtre du Gymnase