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Autophagies

"Eucharistie documentaire et didactique" par la Cie La Part du Pauvre (1h15). Texte : Eva Doumbia (mise en scène) et Gauz. Représentations suivies d'un repas partagé sur scène

Derrière chaque aliment se dévoile l’histoire d’une migration, d’une conquête coloniale ou de différentes formes d’exploitation des hommes ou de l’environnement.

Dès l’entrée en salle, le spectateur sent bien que quelque chose est différent. Aux disciplines traditionnelles s’en ajoute une qui fait souvent l’unanimité : la cuisine. 

Aux côtés d’un chef-comédien qui s’affaire, un musicien, deux comédiennes qui dansent, un danseur qui joue et pourquoi pas une maîtresse de cérémonie conduisent notre imaginaire dans un lieu entre l’Afrique, l’Asie, l’Amérique et l’Europe, un lieu où tous les ingrédients s’unissent pour célébrer une grande fête sensorielle. 

Pourtant, avec ce spectacle conçu comme « une eucharistie documentaire et didactique », Éva Doumbia — metteuse en scène et autrice — et Gauz — auteur — proposent de manière parallèle de s’interroger sur la dimension politique des nourritures.

Éva Doumbia questionne poétiquement les identités multiples, et tente la construction sensible de ponts entre l’Europe où elle est née et vit, les Amériques et l’Afrique. Son travail croise les formes et les disciplines. Régulièrement, elle sort des théâtres et propose des performances ou petites formes dans des lieux atypiques (salons de coiffures, barres d’immeubles, galeries d’art…). Auteure, metteuse en scène, comédienne, elle est une découvreuse de textes et d’ailleurs l’une des toutes premières à collaborer avec Dieudonné Niangouna et à faire connaître sur les scènes françaises le burkinabé Aristide Tarnagda et la romancière Léonora Miano. Fondatrice du collectif ‘Décoloniser les Arts’, elle est artiste associée aux Ateliers Médicis. 

Friche La Belle de Mai, Petit Plateau
Les 08 et 9 oct. : 20h
8/16 €
www.actoral.org
41 rue Jobin
Friche de la Belle de Mai
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 29 septembre 2021 dans Ventilo n° 451

Les immanquables de la deuxième quinzaine d’Actoral

L’Étang de Robert Walser par la Cie Gisèle Vienne

[caption id="attachment_35424" align="alignleft" width="300"] © Estelle Hanania[/caption] L’Étang a une distribution des plus séduisantes : la passionnée et passionnante Adèle Haenel, la comédienne suédoise Ruth Vega Fernandez, vue chez Tiago Rodriguez (Bovary) ou avec le TG Stan, et le musicien drone Stephen O’Malley. Le choc vient de la mise en scène de l’artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne, qui est en ce moment sur toutes les scènes. Elle fait de ce qui définit le théâtre, la danse ou la technique de la marionnette un terreau fertile où faire pousser une autre forme d’art au service de sujets sensibles comme la domination, le désir, la mort, l’érotisme… et, ici, le tabou de l’inceste dans ce qu’il produit de non-dits et de silences. Un jeune homme met au point un scénario diabolique susceptible de tester l’amour des siens et notamment de sa mère. Gisèle Vienne fait subtilement glisser le texte de Robert Walser dans son univers scénique expérimental et troublant, intensifiant le malaise.

Marie Anezin

> Les 29 & 30/09 au ZEF, Scène nationale de Marseille (14e)

Rens. : www.lezef.org / www.actoral.org

 

Datadream de Steven Michel

Dans Datadream, le performeur Steven Michel mélange les mondes, les places et les points de vue. Le public, placé très proche de l’interprète, l’entoure, s’enivre avec lui. Tel un compagnon de voyage, il est embarqué corporellement dans les différents univers qu’il traverse. Jan Martens, regard extérieur sur cette création faite au sein de sa compagnie le GRIP, présente Datadream comme un spectacle intense, un objet artistique très intime, très personnel, cher à Steven Michel : « C’est la première fois que Steven ne chorégraphie pas des mouvements mais qu’il travaille vraiment avec des états. Il s’en dégage beaucoup de tensions. Au plateau, il y a une collaboration très profonde avec l’éclairagiste Jan Fedinger et le live des musiciens Raphaëlle Latini et Mathieu Bonnafous (qui ont souvent travaillé avec Peeping Tom). Le thème de la pièce est Internet, mais traité comme un biotope du 21e siècle. Ce qui surprend, c’est comment Steven arrive à faire une chose très organique de ce phénomène virtuel, lui donner corps. »

Marie Anezin

> Le 29/09 à la Friche La Belle de Mai (3e)

Rens. : www.lafriche.org / www.actoral.org

   

Music All de Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle et Jérôme Marin

Tous trois passionnés de music hall, les metteurs en scène et chorégraphes Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle et Jérôme Marin conjuguent pour la première fois leurs talents dans ce qu’ils projettent comme « une longue métamorphose continue ». Dans un décor de cabaret urbain, mi-aire d’autoroute, mi-espace de jeux pour enfants, les trois acolytes se livrent corps et âmes à leurs désirs et leurs obsessions en questionnant ce qu’est le divertissement et en étirant les frontières entre hommes, artistes et personnages. Temple musical de plumes et de paillettes, écrin des plus belles performances comme des plus pathétiques, le music hall devient ici le lieu de l’abandon de soi et de l’exposition de fragilités pouvant mener à l’échec, au détour d'un numéro qui chavire. Dans ce spectacle total, se croisent tour à tour une Whitney Houston au bord de l’implosion, une Marguerite Duras prête, dit-elle, à tout détruire, une Marlène Dietrich perdue et un cascadeur, heureusement professionnel, mais tout de même, en feu. Un numéro sans fin, pour un spectacle sans pareil.

Barbara Chossis

> Les 7 & 8/10 au TNM La Criée (7e)

Rens. : www.theatre-lacriee.com / www.actoral.org

   

Autophagies d’Eva Doumbia

[caption id="attachment_35426" align="alignleft" width="300"] © Christophe Raynaud de Lage[/caption] Les bananes, le riz, les tomates, les cacahuètes, le sucre, le chocolat… Autant d’ingrédients que l’on retrouve au quotidien dans nos assiettes sans y réfléchir. Pourtant, la nourriture, elle aussi, est politique. Fruit d’un travail de recherche qui nous fera voyager entre l’Afrique, l’Asie, l’Amérique et l’Europe, on pourrait qualifier Autophagies de « théâtre augmenté » : plus qu’un spectacle, c’est une expérience sensorielle, gustative et éducative. Durant plus d’une heure, Eva Doumbia, en maîtresse de cérémonie, et le chef Alexandre Bella Ola s’affairent à cuisiner un mafé, plat national du Mali, et prétexte savoureux pour remonter aux origines, coloniales, de nos habitudes alimentaires. Au cours de cette « eucharistie documentaire », la metteuse en scène, accompagnée d’acteur·rices, danseur·ses, chanteur·ses, et du chef, révèle ainsi les dessous géopolitiques de nos cuisines.

Barbara Chossis

> Les 8 & 9/10 à la Friche La Belle de Mai (3e)

Rens. : www.lafriche.org / www.actoral.org