L'Étang 

Drame de Robert Walser par la Cie DACM (1h25). Conception, mise en scène, scénographie, dramaturgie : Gisèle Vienne. Avec Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez. Dès 15 ans

Attention, charge émotionnelle ! Gisele Vienne, chorégraphe et plasticienne aime déranger, provoquer, appuyer sur le plexus. Elle adapte ici une pièce de théâtre écrite au début du XXe siècle par l'écrivain suisse allemand Robert Walser. Au cœur de ce texte, écrit pour sa seule sœur Fanny et longtemps méconnu, il est question d’amour. De l’amour maternel et de ses mystères. Ses ressorts complexes. Un enfant tourmenté, persuadé d’être mal-aimé par sa mère, fait croire à son suicide dans un étang. Il redoute le retour à la maison, mais à la place de la punition attendue, un dialogue étrange et malsain s’instaure. Un échange trouble, amoureux, transgressif entre le jeune Fritz, incarné par l’actrice Adèle Haenel (césar de la meilleure actrice pour Les Combattants en 2015) et Ruth Vega Fernandez, dans le rôle de la mère.  

La mise en scène explore ce malaise, les liens paradoxaux, l’inconscient et le conscient qui relient l’enfant à sa mère. On est sur un fil, oscillant entre la normalité et la folie. C’est déjanté et sismique ! 

 

L’Étang a été créé en résidence au Théâtre National de Bretagne en novembre 2020 • D’après l’œuvre originale Der Teich (L’Étang) de Robert Walser, à partir de la traduction allemande de Händl Klaus et Raphael Urweider (éd. Suhrkamp Verlag, 2014) • Pour Kerstin • Conception, mise en scène, scénographie, dramaturgie : Gisèle Vienne • Interprétation : Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez • Lumière : Yves Godin • Création sonore : Adrien Michel • Direction musicale : Stephen F. O'Malley • Musique originale : Stephen F. O’Malley & François J. Bonnet • Assistanat en tournée : Sophie Demeyer • Regard extérieur : Dennis Cooper & Anja Röttgerkamp • Traduction française : Lucie Taïeb • Collaboration à la scénographie : Maroussia Vaes • Conception des poupées : Gisèle Vienne • Création des poupées : Raphaël Rubbens, Dorothéa Vienne-Pollak et Gisèle Vienne en collaboration avec le Théâtre National de Bretagne • Fabrication du décor : Nanterre-Amandiers CDN • Décor et accessoires : Gisèle Vienne, Camille Queval et Guillaume Dumont • Costumes : Gisèle Vienne, Camille Queval et Pauline Jakobiak • Maquillage et perruques : Mélanie Gerbeaux • Régie générale : Richard Pierre • Régie son : Adrien Michel et Mareike Trillhaas • Régie lumière : Iannis Japiot et Samuel Dosière • Régie plateau : Antoine Hordé • Pièce créée en collaboration avec : Kerstin Daley-Baradel • Remerciements à Etienne Bideau-Rey, Nelson Canart, Patric Chiha, Zac Farley, César Van Looy, Jean-Paul Vienne • Production et diffusion - Alma Office : Anne-Lise Gobin, Alix Sarrade, Camille Queval & Andrea Kerr Administration Etienne Hunsinger & Giovanna Rua

Le ZEF, Scène nationale de Marseille - Merlan
Les 29 et 30 sept. : 21h
3/15 €. Pass soirée (avec Soirée d'études) : 15/20 €
www.actoral.org
Avenue Raimu
13014 Marseille
04 91 11 19 20

Article paru le mercredi 29 septembre 2021 dans Ventilo n° 451

Les immanquables de la deuxième quinzaine d’Actoral

L’Étang de Robert Walser par la Cie Gisèle Vienne

[caption id="attachment_35424" align="alignleft" width="300"] © Estelle Hanania[/caption] L’Étang a une distribution des plus séduisantes : la passionnée et passionnante Adèle Haenel, la comédienne suédoise Ruth Vega Fernandez, vue chez Tiago Rodriguez (Bovary) ou avec le TG Stan, et le musicien drone Stephen O’Malley. Le choc vient de la mise en scène de l’artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne, qui est en ce moment sur toutes les scènes. Elle fait de ce qui définit le théâtre, la danse ou la technique de la marionnette un terreau fertile où faire pousser une autre forme d’art au service de sujets sensibles comme la domination, le désir, la mort, l’érotisme… et, ici, le tabou de l’inceste dans ce qu’il produit de non-dits et de silences. Un jeune homme met au point un scénario diabolique susceptible de tester l’amour des siens et notamment de sa mère. Gisèle Vienne fait subtilement glisser le texte de Robert Walser dans son univers scénique expérimental et troublant, intensifiant le malaise.

Marie Anezin

> Les 29 & 30/09 au ZEF, Scène nationale de Marseille (14e)

Rens. : www.lezef.org / www.actoral.org

 

Datadream de Steven Michel

Dans Datadream, le performeur Steven Michel mélange les mondes, les places et les points de vue. Le public, placé très proche de l’interprète, l’entoure, s’enivre avec lui. Tel un compagnon de voyage, il est embarqué corporellement dans les différents univers qu’il traverse. Jan Martens, regard extérieur sur cette création faite au sein de sa compagnie le GRIP, présente Datadream comme un spectacle intense, un objet artistique très intime, très personnel, cher à Steven Michel : « C’est la première fois que Steven ne chorégraphie pas des mouvements mais qu’il travaille vraiment avec des états. Il s’en dégage beaucoup de tensions. Au plateau, il y a une collaboration très profonde avec l’éclairagiste Jan Fedinger et le live des musiciens Raphaëlle Latini et Mathieu Bonnafous (qui ont souvent travaillé avec Peeping Tom). Le thème de la pièce est Internet, mais traité comme un biotope du 21e siècle. Ce qui surprend, c’est comment Steven arrive à faire une chose très organique de ce phénomène virtuel, lui donner corps. »

Marie Anezin

> Le 29/09 à la Friche La Belle de Mai (3e)

Rens. : www.lafriche.org / www.actoral.org

   

Music All de Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle et Jérôme Marin

Tous trois passionnés de music hall, les metteurs en scène et chorégraphes Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle et Jérôme Marin conjuguent pour la première fois leurs talents dans ce qu’ils projettent comme « une longue métamorphose continue ». Dans un décor de cabaret urbain, mi-aire d’autoroute, mi-espace de jeux pour enfants, les trois acolytes se livrent corps et âmes à leurs désirs et leurs obsessions en questionnant ce qu’est le divertissement et en étirant les frontières entre hommes, artistes et personnages. Temple musical de plumes et de paillettes, écrin des plus belles performances comme des plus pathétiques, le music hall devient ici le lieu de l’abandon de soi et de l’exposition de fragilités pouvant mener à l’échec, au détour d'un numéro qui chavire. Dans ce spectacle total, se croisent tour à tour une Whitney Houston au bord de l’implosion, une Marguerite Duras prête, dit-elle, à tout détruire, une Marlène Dietrich perdue et un cascadeur, heureusement professionnel, mais tout de même, en feu. Un numéro sans fin, pour un spectacle sans pareil.

Barbara Chossis

> Les 7 & 8/10 au TNM La Criée (7e)

Rens. : www.theatre-lacriee.com / www.actoral.org

   

Autophagies d’Eva Doumbia

[caption id="attachment_35426" align="alignleft" width="300"] © Christophe Raynaud de Lage[/caption] Les bananes, le riz, les tomates, les cacahuètes, le sucre, le chocolat… Autant d’ingrédients que l’on retrouve au quotidien dans nos assiettes sans y réfléchir. Pourtant, la nourriture, elle aussi, est politique. Fruit d’un travail de recherche qui nous fera voyager entre l’Afrique, l’Asie, l’Amérique et l’Europe, on pourrait qualifier Autophagies de « théâtre augmenté » : plus qu’un spectacle, c’est une expérience sensorielle, gustative et éducative. Durant plus d’une heure, Eva Doumbia, en maîtresse de cérémonie, et le chef Alexandre Bella Ola s’affairent à cuisiner un mafé, plat national du Mali, et prétexte savoureux pour remonter aux origines, coloniales, de nos habitudes alimentaires. Au cours de cette « eucharistie documentaire », la metteuse en scène, accompagnée d’acteur·rices, danseur·ses, chanteur·ses, et du chef, révèle ainsi les dessous géopolitiques de nos cuisines.

Barbara Chossis

> Les 8 & 9/10 à la Friche La Belle de Mai (3e)

Rens. : www.lafriche.org / www.actoral.org